Chantiers et Coopératives

Les chantiers

Dans les pages précédentes, nous avons beaucoup parlé de la ferme Cantin et de ses installations. Nous avons parlé de l'évolution de la ferme, et des divers amélioration au fils des ans. Le focus était sur la saison estival. Nous avons mentionnés que l'hiver, les hommes coupaient du bois, et le vendait aux compagnies forestières.

Au début, chaque fermier s'organisait lui-même. Dans les années 1940, des coopératives on débutées, où plusieurs fermiers de la même région (Ryland, Jogues, Lac Ste-Thérèse, Hallébourg, ect.) s'organisaient ensemble pour la coupe du bois. Ces organisations ont évoluées, et, dans les années 1950, la plupart (toutes?) de ces coopérative ont joint une plus grande coopérative: la UCC - Union Coopérative Catholique des franco-ontariens de Val Rita-Harty, situé à l'est de Hearst.

J'avoue que je n'ai pas beaucoup d'information à ce sujet: l'important est qu'une plus grande coopérative s'est formée, et que les fermiers allaient y bûcher l'hiver, pour vendre le bois aux compagnies forestières, spécifiquement la Spruce Falls Power and Paper de Kapuskasing pour la fabrication de papier.

Maintenant que la coupe du bois se faisait plus loin (moitié chemin entre Hearst et Kapuskasing), les hommes étaient parti plusieurs semaines à la fois, voir quelques mois. Les femmes devaient donc prendre soins des animaux, de la traîte des vaches, des activités de la ferme. Dans les années 1960, le transport étant plus abordable, certains revenaient à la maison les fins de semaines. Ce changement s'est fait graduellement, et variait de famille en famille.

La plupart des frères (et beaux-frères) Cantin faisaient parti de cette co-opérative. "Le Chantier Coopératif" est le nom informel qu'on lui donnait. C'est toujours le nom que mon père utilisait...

Cette coopérative fut vendu dans les années 1970.

Même avant la vente de la coopérative, la plupart des frères Cantin avaient arrêtés d'y bûcher: les petites fermes n'étaient plus rentable, et quelques uns, tels Pierre et Gérard, ont soit abandonés la ferme complètement, ou ont gardés seulement quelques animaux, et ont travaillé comme journaliers dans un des moulins à scie de Hearst avant de prendre leur retraîte.

Dans le cas d'Ernest, il travaillait dans "le chantier" l'hiver, et comme maçon-briqueteur l'été. Mais, pour cause de santé, il a dû choisir entre les deux -- le métier de maçon-briqueteur a gagné.

De retour au chantier.

Au début, la coupe se faisait à la main; au "buck-saw". Les chevaux étaient utilisés à transporter le bois. Ensuite la scie mécanique fut utilisée. Les tracteurs ont éventuellement remplacé les chevaux...

Les photos de la coupe de bois l'hiver nous viennent des archives de François Gratton, via La Fondation Omer Cantin. Le père de François Gratton (Jean-Marie) était voisin d'Alphonsine, au Lac Ste-Thérèse. Les Gratton ont donc grandi avec les Cantin (deux des soeurs Gratton ont marié deux des frères Cantin...). Il est donc très probable que ces photos furent prisent au chantier du Lac Ste-Thérèse (dans le Richie?).

Nous n'avons pas de date pour ces photos, mais fin des années 1940 ou début des années 1950 serait approprié...

Reesor Siding

Nous ne pouvons mentionner le chantier coopératif sans mentionner l'incident communément appelé "les évènements de Reesor Siding".

C'est un sujet épineux pour bien des personnes de la région.

Pour résumer les faits, les bûcherons de la compagnie Spruce Falls Power and Paper Company de Kapuskasing étaient en grève. Mais le chantier coopératif des fermiers (la Coopérative forestière de Val Rita-Harty, la UCC) continuait de bûcher, et amenait le bois près de la voie ferrée de Reesor Siding.

La nuit du 10 au 11 février 1963, les gréviste se sont dirigés, en grand nombre, où était le bois empilé du chantier coopératif. Une vingtaine de bûcherons qui surveillaient leur bois ont vue tout ce monde arriver, et ont paniqués. Plusieurs coups de feux plus tard, il y eut 3 morts et 8 blessés.

Certains membres de la famille Cantin et Pominville étaient soit au camp, ou gardaient le bois. Du côté des fermiers/bûcherons indépendant, une vingtaine de personnes furent accusés de meurtre, et du côté des gréviste, 240 personnes furent accusés d'avoir participé à une émeute...

Cette affaire a fait couler beaucoup d'encre en 1963... et bien au-delà. Elle a fait la une des nouvelles au pays. Encore aujourd'hui, cet "incident" est important dans l'histoire syndicale du pays.

Stompin' Tom Connors en a même écrit une chanson.

Plusieurs années plus tard, un livre fut écrit, basé sur ce sujet. Radio-Canada en a fait un reportage. C'est une histoire encré dans la mémoire de bien des gens de Hearst. Cet article n'ira pas plus en détail. Le but est de démontré que la famille Cantin (et Pominville) ont été directement impliqués dans cet évènement historique.

Les photos du monument commémorant les évènements de Reesor Siding ont été prises en 2022.

Les coopératives

Les frères et soeurs Cantin se sont aussi beaucoup impliqués dans les coopérative, que ce soit la coopérative laitière, agricole, ou la caisse populaire.

Ils étaient membres de la Caisse populaire de leur communauté, tout comme leurs enfants. La plupart étaient membres fondateurs. Même quand les Caisses des villages ont "fermées" et joint celle de Hearst, comme celle du Lac Ste-Thérèse au milieu des années 1960, ils ont continués d'y être membres actifs.

Robert Verreault, directeur général de la Caisse Populaire de Hearst de 1989 à 2015 (donc pendant 26 ans), est le petit-fils d'Alphonsine Cantin. Il avait débuté à la caisse en 1979; il a donc travaillé à la Caisse pour 36 ans.

Entre en scène Lionel Verreault, avec lequel Lucie s'est mariée en 1940. Ils sont les parents de Robert, mentionné ci-haut :-) Lionel fait maintenant partie de la famille. Lucie et Lionel possèdent une ferme agricole (la ferme des parents de Lionel), sur une concession le long du chemin (route 583) allant vers Jogues. Comme la plupart des fermiers de la région, il déplore le manque d'ouverture pour les produits locaux, et l'accès aux produits agricoles à un prix abordable.

Tout comme ses beau-frères Cantin pour la communauté du Lac Ste-Thérèse, il fut membre-fondateur de la Caisse Populaire, mais celle de Hearst, en 1944 (merci pour la clarification, Robert). Ca aidait, mais il en voulait plus pour les fermiers (et pour sa ferme, naturellement). Dans son texte du livre "Gens de chez nous" Tome 1, des Editions Cantinales, il raconte qu'il s'est fait passé pour un secrétaire d'un syndicat agricole et contacta une coopérative de Toronto pour voir comment ça couterait reçevoir un char complet de moulé et de grain, livré à Hearst (un "char" est un "box car", ou un wagon de marchandise de train). La réponse le motiva, lui et son groupe de fermiers.

Trois ans plus tard, malgré les efforts de certains gens d'affaire de Hearst pour empêcher la formation d'une coopérative, le 30 juillet 1947, la coopérative agricole de Hearst est fondée.

Nous citons ici deux passages du texte de Lionel Verreault, tiré du livre "Gens de chez nous". Le premier:

Ceci permettrait également aux gens de Coppell, de Jogues, de Ryland, et du Lac Sainte-Thérèse de se rencontrer. Les premiers directeurs de cette entreprise furent Ernest Therrien, Odilon Camiré, François Cantin, Jean-Louis Chartrand, Ubald Germain, Lionel Verreault, Albert et Frederick Achilles.

Remarquez que dans les premiers directeurs de la coopérative, il y a avait 3 membres sur 8 qui venaient de la grande famille Cantin: François, Lionel Verreault, marié à Lucie Cantin, et Ubald Germain, marié à Marie Cantin.

Le deuxième passage:

A l'époque, nous utilisions le poulailler de la ferme expérimentale qui venait tout juste d'être abandonné. Il était situé à l'endroit même de la quincallerie actuelle. M. Francois Cantin en assuma la gérance pendant quelque temps. Nous étions ouverts une demi-journée par semaine, et graduellement de nouveaux membres se joignirent au groupe. Ainsi, à l'automne 48, nous étions en mesure de construire notre premier entrepôt.

Cette coopérative agricole dont Lionel Verreault parle, c'est cette même coopérative qui gère encore aujourd'hui la quincallerie au 1105 rue George. Elle est née du rêve d'un groupe de fermiers qui voulaient avoir des outils pour s'auto-gérer.

Nous avons une photo de cette quincaillerie (gracieuseté de Google Street View!).

Vous pouvez remercier Alphonsine Cantin et ses enfants pour leur part dans cette initiative.

La coopérative agricole a su servir la population de Hearst. Elle tenta d'implanter certains services (ex: vente/réparation de machinerie agricole) qui ne se dévelopèrent pas. Par contre, elle réussissa à fonder la coopérative laitière, circa 1952, (détails additionels dans "Gens de chez nous", Tome 1, pages 121 à 126, le chapitre sur le movement coopératif à Hearst), qui a desservi la grande région de Hearst (et plus) pour une vingtaine d'année. Au milieu des années 1960, le gouvernement de l'Ontario organisa le marché du lait, via le "Milk Act" de 1965, et le gouvernement du Canada, via le "Canadian Dairy Commission Act" de 1966. Ceci créa éventuellement le système de quota de production de lait, guarantissant un prix uniforme partout en province.

Lorsque ce système fut implémenté, le système de laiterie coopératif n'était plus nécessaire, et la laiterie de la coopérative fut vendu à Raoul Cyr (et Julien St-Arnaud), marié à Laurette Lapointe, élevé par Marie Cantin (oui, encore la famille Cantin!). Quelques années plus tard, en 1969 ou 1970, elle était vendue à une entreprise de Timmins (Korman's/Eplett's Dairy). Encore quelques années plus tard, le traitement du lait est déménagé à Timmins. Ceci fut le début de la fin pour les producteurs laitiers de Hearst...

30 ans plus tard, il n'existe plus de grandes ferme laitière commerciale à Hearst, alors qu'il y en avait une trentaine à la fin des années 1960.

Note: il y avait deux laiteries à Hearst, la laiterie coopérative, et la laiterie Bergeron. Cet article ne traite que de la laiterie coopérative.

En parallèle avec la laiterie, la coopérative agricole a aussi mis sur pied une épicerie. Celle-ci a desservi la population pour de 25 à 30 ans, jusqu'à ce qu'elle soit vendu à Mike's Food Stores de Timmins. Mike's Food Stores la déménagea à l'ouest de Hearst, où la pharmacie Novico vient d'aménagée (c'est aussi le site du Canadian Tire original de Hearst). Suite à une grève prolongée, Mike's Food store ferma ses portes.

La coopérative agricole de Hearst a donc su s'adapter aux changements, et continue encore aujourd'hui de desservir la population de Hearst.

Alphonsine et ses enfants furent des bâtisseurs pour la région de Hearst. Nous avons suivit leur déménagement de Sainte-Catherine de Portneuf, les premières années au Lac Ste-Thérèse. Les enfants ont fondé plusieurs autres fermes, et ont participés aux systèmes coopératifs de la région.


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