Ce document me fut parvenu par Omer Cantin, de la Fondation Omer Cantin. Je l’ai laissé dans son intégrité, sans rien y changer.
Claude, janvier 2023
Je suis né à Sainte-Catherine dans le comté de Portneuf le 13 août 1919 et j’ai été baptisé le même jour. Je suis le onzième d’une famille de treize enfants, quatre filles et neuf garçons. Je suis né à la maison comme tous les autres. C’était la mode dans le temps ; nous étions loin des hôpitaux et les moyens de transport n’étaient pas facile.
Un de mes frères est décédé à l’âge de 18 mois. Il s’appelait Toussaint. Une de mes soeurs, elle se prénommait Anna, est décédé à l’âge de quatre ans. Ils étaient plus âgés que moi.
Nous demeurions sur une terre. Nous gardions des animaux, nous avions une terre à bois et une sucrerie. L’hiver, les hommes faisaient du charbon de bois et le printemps ils entaillaient les érables (environ 1 800 arbres). Nous produisions notre propre provision de sucre et de sirop pour l’année et nous vendions le surplus à la ville de Québec dont nous étions à une vingtaine de milles.
Je me souviens que mon frère Lucien en avait vendu un baril de 45 gallons à un acheteur et il n’a jamais été payé. À ce moment-là, le sirop se vendait à environ 2,00 $ le gallon. Il avait été voir un avocat, il a déboursé encore quelques piastres et ce dernier lui avait répondu que son homme était sous la protection de la loi Lacombe (loi sur les faillites ?) et qu’il ne pouvait rien faire pour récupérer son argent.
Nous étions une famille très unie. Notre mère était autoritaire : il n’y avait pas d’astinages. Il fallait que ça passe par là. Nous étions habitués et on se trouvait bien. Puisque nous étions plusieurs, il fallait qu’il y ait de la discipline.
Notre père était mort à l’âge de 47 ans alors ça prenait quelqu’un pour s’occuper de nous et pour nous faire obéir. Si chacun avait voulu faire ce que bon lui semblait ça n’aurait sûrement pas marcher.
Notre père, je ne l’ai pratiquement pas connu. J’avais quatre ans et demi quand il est mort. Il est mort d’un hernie étranglé. Tombé malade dans l’après-midi, il est mort à quatre heures du matin. Ça dû être un dur coup pour la famille.
Le grand-père Cantin, Joseph, demeurait chez nous à ce moment-là. Après la mort de notre père, il est allé vivre chez un de mes oncles, le plus vieux de ses garçons.
Je me souviens qu’il venait chez nous de temps en temps. Il était un peu sourd, il avait une grande barbe blanche et n’avait qu’un bras. Il s’était fait arracher le bras droit dans un moulin à battre le grain, le 2 novembre 1889, alors qu’il était âgé de 49 ans.
Quand il venait chez nous, il allait toujours faire un tour à l’étable pour voir les animaux. Nous, les petits gars, nous allions avec lui pour lui montrer ce que nous avions.
Une fois, je me souviens, alors que nous l’accompagnions dans sa visite, il y avait une jument qui avait un poulain âgé d’une couple de mois. Ils étaient dans une stalle libre. Le grand-père ouvre la porte, entre dans la stalle pour voir le poulain de plus proche. Comme la jument ne le connaissait pas, il n’est pas resté longtemps dans la stalle : la jument lui a pris une mordée sur une épaule et l’a envoyé en dehors de la stalle. Le grand-père, même s’il n’a pas été blessé, avait eu chaud.
Il était retourné à la maison et je me souviens que maman lui avait lavé le visage avec de l’eau froide et elle nous disait : "S’il ne peut pas mourir ici toujours!" Il avait près de 90 ans à ce moment-là.
Il est mort à 91 ans et quelques mois.
J’ai commencé à aller à l’école à l’âge de sept ans. Nous n’avions pas loin à marcher car nous restions en face de l’école. Nous étions une trentaine d’élèves dans l’école de la première à la sixième année.
Pendant le temps que j’ai passé à l’école, c’était des filles qui enseignaient. Nous n’avons jamais eu de professeurs masculins. Leurs salaires n’étaient pas bien haut : 25,00 $ par mois. La maîtresse vivait dans un loyer au-dessus de l’école. Les professeurs n’avaient pas de biens longues études à faire pour enseigner. Après la huitième année, ils allaient à l’école normale pendant un an et ils étaient qualifiés pour enseigner pendant le reste de leur vie.
En ce qui me concerne j’ai fait ma sixième année, l’école primaire, et j’ai commencé la septième de septembre à Noël et mes études étaient terminées.
Je me souviens alors que je faisais ma quatrième année, nous avons eu une maîtresse un peu spéciale.
Elle se nommait Élodie Defoie. Elle avait une trentaine d’année et elle portait toujours un révolver sous sa jupe avec sa bandoulière de cartouches attachée autour de sa taille.
C’est arrivé seulement une fois qu’on l’avait vu vider son révolver dans l’école. Elle avait tiré cinq coups de suite. Ce n’était pas sur nous qu’elle tirait mais sur un nid d’étourneaux.
C’était au le mois de juin, les fenêtres étaient ouvertes et vu que nous demeurions en face de l’école, maman avait entendu les coups de feu. Elle a raconté qu’elle pensait nous voir sortir de l’école en criant et dégoulinant de sang. Comme elle n’avait rien vu de tel, elle avait hâte à l’heure du dîner pour nous voir revenir et pour savoir enfin ce qui s’était passé. Nous, les élèves, n’avons pas pensé d’avoir peur mais les parents en avaient plus peur que nous.
Je me souviens d’un dimanche, alors que nous étions allés à la messe et qu’il n’y avait personne à la maison. Trois hommes étaient entrés dans la cour chez nous, s’étaient rendus à la grange et avaient regardé un peu partout.
La maîtresse Defoie, qui ne fréquentait pas l’église et vous vous souviendrez qu’elle habitait dans l’école en face de chez nous, avait eu connaissance de l’intrusion de ces trois hommes chez nous. Elle nous avait dit par après qu’il était temps qu’ils sortent de la cour parce qu’elle aurait été les sortir elle-même.
Elle n'avait peur de rien. Ça arrivait assez souvent, que sur les heures de classe, de nommer un élève, de lui dire : Tu vas aller en haut. Sur la table, il y a un verre et une cruche. Rempli le verre jusqu’à moitié avec ce qu’il y a dans la cruche, fini de remplir le verre avec de l’eau et amène-moi ça.
Il devait s’agir de wiskey que lui apportait, au gallon, un fermier du cinquième rang. Elle prenait ça régulièrement à toutes les demi-journées.
Nous avions assez souvent des orages électriques. Elle disait avoir connaissance quand les orages commençaient mais ne se souvenait pas quand ces dernières finissaient...
Quelques parents avaient retiré leurs enfants de l’école avant la fin de l’année scolaire. Quand elle en voulait à quelqu’un, il était marqué pour longtemps. Quand elle nous disait : « Silence ! », nous étions mieux d’obéir !
Lorsque nous faisions le ménage sur l’heure du midi c’était le silence complet. Un midi, ils étaient quatre à faire le ménage pendant que la maîtresse était dans son loyer en haut. Elle avait crû les entendre parler et elle est descendu. Les élèves l’ont entendu venir. Mon frère Gérard s’est sauvé par la porte d’en avant. Elle l’a rattrappé et lui a donné un coup de martinet sur une jambe. Elle l’a fendu deux pouces de long. Il s’est rendu à la maison. Ma soeur Lucie a aussi reçu un coup sur un coude. Les deux autres ont réussi à se sauver dans les toilettes.
Une fois, la maîtresse était venue visiter notre ferme. Nous marchions dans l’érablière en arrière de chez nous au pied de la montagne. Maman était avec nous.
Tout à coup elle a sorti son révolver et l’a vidé devant nous. Nous avons alors bien vu son révolver et pendant qu’elle le rechargeait, nous avons bien vu sa bandoulière de cartouches qui lui tenait lieu de ceinture.
Son contrat n’a pas été renouvelé à la fin de l’année.
Plus tard, j’ai appris par mon frère Thomas qui demeurait à Donnacona, que la maîtresse Defoie était mariée et était installée dans ce village. Thomas en a entendu parler quand son mari a demandé à la police de l’arrêter parce qu’elle le menaçait. Il a de plus demandé qu’on ne la relâche jamais car sa vie serait sûrement en jeu.
Nous avions toujours de l’ouvrage à faire à la maison quand nous étions jeunes.
L’été, c’était le jardin. Il était assez grand et il y avait un peu toutes sortes de légumes. Nous faisions du cannage pour l’hiver de tomates, de fèves, de pois, de blé d’Inde, de citrouilles. Nous avions un grand champ de navets pour les animaux. Ça faisait du sarclage à faire. On nous a montré à travailler ; jouer, il n’en était pas question.
Nous avions un poulailler de 200 poules.
Nous n’achetions pas de poulets le printemps, nous faisions plutôt couver les poules. Chaque poule couveuse était placée dans une boîte avec une canne d’eau et du grain et quinze oeufs. Quand elles avaient faim ou soif, les poules se levaient, allaient boire ou manger et retournaient aussitôt s’asseoir sur leurs oeufs.
Je me souviens qu’une fois, mon frère Jean-Baptiste avait trouvé un nid de corneilles avec des oeufs. Il avait pris deux oeufs de corneilles et les avait placés sous une poule couveuse, avec les oeufs de poules. Le lendemain matin, il n’y avait rien de plus pressé que d’aller voir les oeufs de corneilles. À sa grande surprise, la poule s’était aperçue que ce n’était pas des oeufs de poules, les avait jetés hors du nid et les avait brisés. Fini pour les corneilles ! Quel désapointement !
Quand les oeufs étaient éclos, chaque poule avait soin de sa couvée. Nous avions des cabanes pour chacune des poules dans la cour. Les poulets de deux jours connaissaient leur mère.
Lorsque c’était le temps de se coucher ou s’il venait un orage, la poule appelait ses petits et tous ses poulets accouraient vers elle. Elle les couvrait alors de ses ailes. Même si des poulets de différentes couvées étaient ensemble, les petits reconnaissaient la voix de leur mère et seulement les poussins de la même couvée se rendaient à leur mère.
L’année 1934 nous a apporté un changement majeur. Nous demeurions sur une terre sablonneuse, terrain pauvre pour la culture. Nous étions abonnés à la revue La Voix nationale qui nous parlait des terres de colonisation du nord de l’Ontario.
Puisque nous étions plusieurs garçons, la famille a décidé de se renseigner un peu plus sur ce sujet. Après avoir écrit à La Voix nationale l’abbé Ouellette, qui était le directeur de cette revue, c’est donné la peine de partir de Montréal pour se rendre chez nous afin de nous donner plus de renseignements sur les terres de colonisation du nord de l’Ontario.
C’est ainsi que nous sommes déménagés en Ontario. Jean-Baptiste est monté au mois de mars pour couper le bois nécessaire à la construction de la maison. François est monté avec le char de ménage au mois de mai. Maman, Catherine, Lucien, Gérard et Ernest sont arrivés ici à la fin de juin tandis que Marie, Lucie et moi sommes arrivés à la fin de novembre. Nous sommes tous arrivés ici, au Lac Sainte-Thérèse, pendant l’année 1934.
Il y a eu jusqu’à 72 familles dans la paroisse. Nous avions un prêtre résidant pendant plusieurs années.
L’abbé Brosseau aimait visiter ses paroissiens. Il se rendait régulièrement chez l’un et chez l’autre, voir ce qui se passait, les encourager, parler avec eux. C’était un curé qui aimait beaucoup à rire. La paroisse du Lac Sainte-Thérèse a commencé à se peupler en 1925 avec l’arrivée de quelques familles. C’est dans les années 1930 à 1935 que la paroisse a vraiment grandie.
C’était des gens qui venaient d’un peu partout de la province de Québec, des familles complètes.
La première école a été bâtie en 1934. L’année précédente, les enfants allaient à l’école dans la chapelle qui était située près du lac. C’était une chapelle construite en bois rond qui était utilisé pour les services religieux bien entendu, mais aussi on y faisait l’école, on y accueillait des familles en attendant que leur maison soit construite.
Nous étions beaucoup de jeunes dans la paroisse.
Il y avait du travail sur les chemins quelques mois par année ; faire des fossés, transporter de la glaisse sur les terrains bas, construire des ponts, préparer les chemins pour recevoir la gravelle. Lorsque nous ne travaillions pas à l’extérieur, nous faisions de la terre neuve chez nous, coupions des branches, arrachions des souches. Nous avions toujours de l’ouvrage à faire.
Vu que c’était une paroisse nouvelle, tout était à faire.
M. Gratton avait quelques connaissances de chants grégoriens. Il a commencé à nous enseigner le chant. Tous ceux qui voulaient se joindre à la chorale étaient les bienvenus. Seulement les hommes cependant, car les femmes n’étaient pas admises. Les chorales mixtes n’étaient pas permises à ce moment-là. C’est là que nous avons appris à lire le latin. Nous avons aussi appris à chanter plusieurs messes : la messe des anges, la messe du dimanche ordinaire, la messe de la Sainte Vierge, la messe du quatre ton, la messe des morts, une messe à deux voix, une autre à trois voix pour les grandes fêtes.
Je me souviens que nous avons été en ville chanter une messe, une fête qu’il y avait à la cathédrale de Hearst. Les gens avaient trouvé ça beau. Dans la chorale de Hearst, ils n’étaient que deux ou trois chantres. C’était différent d’avec nous.
La première année que nous étions ici, il n’y avait pas de musique. Un de mes frères, Thomas qui était dans une communauté religieuse (les frères des écoles chrétiennes ?), est venu passer une semaine chez nous. Il avait étudié le chant et la musique. Près de l’église, il y avait un garage dans lequel était entreposé entre autres choses, deux vieux harmoniums qui ne fonctionnaient pas. Après les avoir examiner, Thomas a dit : «Ça se répare!» Nous avons été voir le curé et lui avons demandé si on pouvait les mettre en marche à condition d’en laisser un pour l’église et d’amener l’autre à la maison pour nous. Le curé a répondu : "Je ne demande pas mieux! Comme c’est là, pas un ne fonctionne, avec un pour l’église se serait numéro un."
Ce qui fut dit fut fait. Les deux harmoniums ont été réparés et l’un des deux est venu chez nous.
Lorsque Thomas est retourné à Québec, il nous a envoyé un livre pour apprendre la musique. C’est là que j’ai commencé à piocher sur l’harmonium qui était chez nous. L’autre harmonium elle, quand elle a été réparée et installée à l’église, a été utilisée par une fille qui connaissait la musique.
Elle a accompagné la chorale pendant les messes pour un bout de temps. Ensuite comme elle voulait être payé, elle demandait deux piastres par dimanche, le curé lui a répondu que la paroisse n’avait pas les moyens de la payer. Alors, elle a abandonné.
Le maître-chantre était au courant que j’avais commencé à pratiquer. Il m’a demandé si je pouvais jouer à l’église, même si c’était uniquement pour leur donner le ton. Il m’a dit quelle messe nous chanterions le dimanche suivant et c’est là que j’ai commencé. Ça faisait dur pendant les premiers mois, mais après un bout de temps, ça devait avoir du bon sens. J’ai continué à jouer jusqu’à ce qu’ils ferment l’église, même si j’ai continué à jouer à Saint-Pie-X par la suite.
Dans les années 1935-36, à Noël pour la messe de minuit, nous chantions le cantique Cloches tintées, voici Noël. C’était un chant à deux voix, un très beau chant. C’était pour remplacer le Minuit chrétien, qui, dans le temps, était un chant à l’index. Ce n’était pas permis de chanter le Minuit chrétien dans les églises ; c’était défendu par les évêques. Je me souviens l’avoir entendu chanter la première année de notre arrivée au Lac Sainte-Thérèse. C’est après ça qu’il a été interdit. Je ne l’ai jamais plus entendu chanté au Lac; l’église était fermée quand l’interdit a été levé.
La deuxième guerre mondiale a été déclarée le 3 septembre 1939.
Les Canadiens qui voulaient s'enrôler étaient les bienvenus. Au mois de novembre 1941 on a commencé à appeller les jeunes de 19 à 24 ans pour un mois d'entraînement au camp de North Bay.
Tant que pour moi, j'ai été appelé au mois de janvier. Le mois terminé, on nous a retourné chez nous. Ceux qui avaient été appelés au mois de février, ils les ont gardés.
Après avoir passer l'été tranquille, on m'a rappelé au mois de novembre 1942. Arrivé à Toronto le 10 novembre. Au commencement du mois de décembre, on nous a envoyé à Orillia pour suivre l'entraînement de base. À la fin du mois de janvier, nous avons été transférés au camp de Valcartier près de Québec, pour un entraînement plus avancé.
Après avoir passer six semaines dans la deuxième infanterie, nous avons été transférés dans le troisième bataillon du régiment de Maisonneuve. Vers le 20 mars, nous avons été envoyés à Terre-Neuve.
Le régiment de Joliette avait besoin de renfort. On a pris 33 hommes du régiment des Fusiliers Mont-Royal, 33 hommes du régiment de Lévis et 33 hommes du régiment Maisonneuve. Nous sommes partis de Valcartier pour Québec. De là, nous avons pris le train jusqu'à Halifax. Nous avons passé une semaine à Halifax. Ensuite nous avons pris le bateau, le Lady Rodney, pour Saint-Jean de Terre-Neuve. De là, nous avons pris le train pour Butwood où nous sommes restés six mois. Nous avons suivis un cours de « battle drill » et nous avons passé six semaines à prendre un cours de commandos.
Après nous changions de place assez souvent. On nous a envoyé sur des postes de garde sur le bord de la mer. Nous avons passé deux mois à Lewisport et nous avons fait plusieurs villages sur la côte est à partir de Saint-Jean vers le nord jusqu'au bout de l'île.
Lorsque nous sommes revenus de Terre-Neuve au commencement de mars 1944, nous avons été au camp de Rimouski. Nous sommes demeurés là deux mois.
De là, nous avons été envoyés à Sidney en Nouvelle-Écosse. Lorsque nous étions à Rimouski, j'avais demandé pour une exemption de cultivateur. On me l'a accordé. J'ai été à peu près un mois à Sidney. De là, je suis revenu chez nous. C'était en juin 1944.
La guerre s'est terminée en mai 1945. À l'automne 1945, on m'a appelé à Toronto pour ma "discharge". J'ai passé une semaine d'examens puis on m'a remis ma « discharge » le premier octobre 1945.
Le 8 novembre 2001
Lorsque que nous sommes arrivés au Lac Sainte-Thérèse en 1934, la chapelle était située près du lac. C’était une bâtisse en bois rond assez grande.
Vu qu’il n’y avait pas d’école dans le temps, le bas servait pour la messe le dimanche et les offices religieux; sur semaine, ça servait pour l’enseignement.
Le haut était divisé en deux. Les nouvelles familles qui arrivaient pouvaient y demeurer le temps de se trouver un lot et de bâtir.
L’école a été bâtie en 1935, a ouvert à l’automne au mois d’octobre.
Il y a eu quelques améliorations à l’église. Ils ont décidé de faire une place pour le chœur de chant dans le haut de la chapelle, le plafond a été coupé au-dessus de l’autel (une vingtaine de pieds carrés). Les chantres rendus en haut donnaient plus de place pour le monde en bas.
Nous étions dans le temps à peu près 72 familles dans la paroisse. En plus du chœur de chants dans le haut de la chapelle, il restait assez de place pour le curé : deux chambres à coucher et assez de place pour toutes sortes de choses.
Dans le temps c’était le curé Brosseau, premier curé ici au Lac Sainte-Thérèse. Un prêtre qui aimait bien ramasser toutes sortes de vieilles affaires. Il y avait deux chambres à coucher dans le haut de la chapelle, je crois qu’il n’a jamais couché là car il n’y avait pas de place, c’était plein de toutes sortes de cochonneries.
Les offices religieux ont continué encore quelques années dans cette chapelle.
Un peu plus tard, dans les années 1937-38, la paroisse avait décidé de bâtir un presbytère. Pour quelques années, le bas pourrait servir pour les offices religieux et le haut de résidence pour le prêtre.
Ce qui a été fait.
L’autel était en avant au centre du transept, Du côté nord était le chœur de chants et le côté sud servait de sacristie.
La construction de l’école ainsi que le presbytère a été bâti par monsieur Denis Charbonneau.
Après que les offices ont commencé dans cette bâtisse, la chapelle près du lac a été démolie ainsi que ses dépendances, ce qui a dû servir quelques années je crois jusque dans les années 1950.
Nous avons changé de prêtres de temps en temps.
En 1948, c’était le curé Labelle qui était curé ici au Lac Sainte –Thérèse.
À peu près à six milles au sud de Hearst, il y avait une église qui ne servait plus, dans le rang des Slovaques, qui s’appelait Bradlo. Les résidents de cette concession avaient quitté leur lot, il n’en restait qu’un voisin de l’église.
L’évêque du diocèse avec notre curé a décidé de transporter cette église ici au Lac Sainte-Thérèse. Il s’agissait de la soulever, de mettre des logs dessous et d’atteler un tracteur dessus, puis on s’en vient.
Ce qui fut dit, fut fait.
Deux hommes avec une team de chevaux ont coupé le bois qu’il ici au Lac, l’ont chargé sur des sleights et ces logs ont été transportées avec un tracteur de ferme Ford jusqu’à l’église de Bradlo.
Nous étions six ou sept hommes. Nous avons commencé à lever l’église pour mettre les logs dessous. Il fallait que ce soit solide, pour pas que ça se démanche le long du chemin.
Le curé Labelle avait un gros char. Nous voyagions avec lui matin et soir.
Après huit ou neuf jours de travail, nous étions prêts à décoller.
Le curé avait un tracteur D-7, ce qui n’était pas suffisant. Le garage Central, qui appartenait à Jos Vaillancourt, avait un D-6. Il était prêt à venir nous donner un coup de main.
Le D-7 était attelé en avant et le D-6 était en arrière qui poussait.
Avant de prendre le chemin avec ça, il fallait avoir l’inspection du département des chemins. Après avoir eut le O.K. du gouvernement, nous avons décidé un bon matin de prendre le chemin.
Vu que nous ne pouvions pas passer dans la ville avec ça, il fallait en faire le tour. Rendu à la première concession l’autre bord de Hearst, nous avons tourné du côté est. Après avoir fait une couple de cent pieds, il y avait un crique à traverser sur lequel il y avait un pont.
Après avoir arrêter, mesurer l’espace entre les logs sous l’église, on s’est rendu compte que les runneurs étaient plus larges que le pont. Après discussions, on s’est dit : "on va passer à côté dans le crique".
Le plus petit tracteur, le D-6 à essayer de traverser à l’eau. Vu que ce n’était pas assez gelé et que c’était dans la terre noire, c’était impossible de traverser à l’eau. Nous ne pouvions plus retourner. On a dit que personne ne reste dans l’église, on passe sur le pont ; si ça verse, on la laisse là. Il n’y avait pas autre chose à faire.
À notre grande surprise, ça passer de première classe et nous avons continué notre route jusque sur la terre de Adolphe Provençal et nous nous sommes rendus jusqu’à la ligne de chemin de fer.
C’était notre première journée sur le chemin. Notre équipement a passé la nuit-là.
Nous avions un permis pour traverser le chemin de fer, seulement il y avait les fils de téléphone et de télégraphe qui ne devaient pas être coupés. Les employés de ces compagnies étaient sur place. Ils ont démanché les fils sur cinq poteaux de long et baisser les fils sous la track après quoi nous sommes passés avec l’église. Eux, ils leur restaient à remettre les fils à leur place.
Après avoir traverser la track, on se trouve sur la route 11 qu’il fallait suivre jusqu’au garage Expert. De là, nous avons pris la route du Lac Sainte-Thérèse.
Pour traverser les criques, à la place des calvètes qu’il y a aujourd’hui, c’était des ponts avec des gardes. Le passage où les gardes étaient trop étroites pour que l’église passe, il fallait que les gardes soient enlevées. Il y avait des hommes en avant qui démanchaient les gardes. Après que l’église était passée, d’autres hommes les remettaient en place.
Nous avons traversé la ligne de chemin de fer le matin et nous sommes arrivés au Lac Sainte-Thérèse le soir, à la noirceur vers les six heures, après onze jours d’ouvrage à six ou sept hommes.
C’était dans le mois de novembre. Il devait y avoir une vingtaine de pouces de neige.
Le curé suivait l’église, ça lui arrivait assez souvent de rester pris et nous étions obligés d’aller le pousser.
Après que l’église fut rendue sur le terrain, à droite d’où elle est actuellement, elle a passé l’hiver là. Nous notre travail était terminé pour l’hiver.
Au printemps quand la terre fut dégelée, la cave a été creusée, le solage a été coulé en ciment jusqu’à l’égalité de la terre. Ce qui dépassait de la terre a été fait en pierre des champs. Quand le solage a été sec, l’église a été montée dessus. Vu qu’elle était un peu longue, pour le coup d’œil elle a été coupée de huit pieds du bout arrière, juste avant le transept.
Un menuisier a été engagé pour conduire les travaux et les paroissiens qui étaient disponibles pouvaient se rendre au chantier où il y avait toujours de l’ouvrage à faire faire.
Je crois que la première année a passée à faire le dehors. La finition du dedans a dû être faite l’année d’après. Tous les étés, il avait toujours un peu d’ouvrage à faire.
Les derniers travaux ont été faits en 1999. La tôle sur la couverture a été changée et le dedans a été peinturé.
Depuis quelques années nous avons la messe seulement l’été du mois de juin au mois de septembre.
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