Marie, notre mère

--- éloge par Thérèse Germain St-Jules

Si on nous demandait de résumer sa vie en quatre mots, il nous faudrait dire : courage, générosité, détermination et débrouillardise.

Courage. Dès l'age de 24 ans, elle a commencée à souffrir de l'asthme qui l'a affligée jusqu'à la fin de sa vie. Mais la maladie ne I'a pas empêchée de se dévouer, d'élever une famille de huit enfants et d'en adopter deux autres. On la voyait, à bout de souffle, travailler dans le jardin pour pouvoir vendre ses pommes de salade a 10 cents chacune. On l'à même vue, l'année avant sa mort, grimper une grosse colline pour aller cueillir les plus gros bleuets. Face à la maladie qui devait l'emporter, elle trouvait encore le courage de faire des farces. A sa fille qui lui reprochait de ne pas assez réclamer les services des infirmières, elle a répondu : «Tu sais, je ne sais pas trop comment faire, c'est la première fois que je meurs.» Tout juste quelques jours avant de mourir, elle nous a dit : «S'il y en a qui ont des commissions à me donner pour l'autre bord, c'est l'temps.»

Générosité. Maman se privait toujours du superflu et souvent du nécessaire pour payer les frais de scolarité de l'un, la pension au couvent ou au collège d'un autre, ou les livres et fournitures scolaires d'un troisième. Elle ne manquait jamais une occasion de rendre service. Elle n'avait pas peur d’héberger temporairement des enfants orphelins (les Proulx) pendant que leur mère était hospitalisée. Après la construction de la maison neuve, elle a installé dans l'ancienne un vieillard démuni (monsieur Pagé, que nous les enfants avions surnommé Monsieur Bâton). Pendant quelques années, elle a veillée sur lui, jusqu'a ce qu'il puisse enfin être placé en foyer d'accueil.

Détermination. C'est à grands coups de volonté que Marie allait faire le train, soir et matin, pendant que son mari passait les hivers aux chantiers. Elle trouvait le temps de défaire de vieux manteaux et d'en faire des neufs. A la naissance de son troisième enfant, elle a di voyager en traineau tiré par un chien à partir de la dernière maison du rang jusqu’a I'hôpital (environ 14 kilomètres). Quel tour de force!

Débrouillardise. Quelques temps avant Noël, nos jouets disparaisssaient mystérieusement pour réapparaître miraculeusement au pied de l'arbre le matin de Noël. Les poupées portaient des vétements neufs confectionnés à la main, à la lueur de la lampe a l'huile. Les camions avaient changé de couleur sous une nouvelle couche de peinture, avec des boutons en guise de phares et des fuseaux de fil vides pour roues.

Elle était profondément croyante mais loin d'être naïve. Elle croyait surtout a la valeur du travail et aux bienfaits de l'instruction, voie dans laquelle elle a poussée ses enfants. On peut ajouter que notre mère était une fameuse raconteuse d'histoires, une personne trés accueillante, en plus d'être une femme forte. Il lui en a fallu de la force pour vivre sans se plaindre pendant des années avec un mari atteint de la maladie d'Alzheimer.

Marie - un modèl à suivre.


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