J'aurrai facilement put mettre le tout en un grand fichier, mais j'ai décidé de garder la transcription pour reflèter le médium sur lequel l'entrevue original fut enregistrer.
L'audio est disponible, au https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2503659. J'ai écouté la cassette, et créé cette transcription.
Il faut aussi se souvenir que cette entrevue fut faite en 1983. Lucien avait 76 ans, et les évènements qu'il raconte avaient eu lieu 50, 60 ans plus tôt. Il faut donc mettre en context. Il faut aussi pensser que la mémoir nous joue aussi certains tours parfois...
La cassette commence avec la mort d'Ernest Cantin (son père). Il discute ensuite des raisons pour le déménagement de la famille en Ontario, pour continuer, avec détails, du premier voyage qu'il a fait en novembre 1933 avec Catherine, Marie, et Jean-Baptiste.
La cassette se termine alors qu'ils sont à Hearst, et les frères Villeneuve vont leur servir de guide pour visiter des terres.
Marie: J'pense que vous vouliez nous parler un peu de la mort de votre père?
Lucien: Oui... c'est vrai. Mon pére, c'était un homme... ben capable. Pis y's fiait... y s'é fier trop à sa capacité... y'avait un hernie... pis y'n'as jamais parlé, y'a jamas dit à personne... y'a dit su son lit d'mort qu'ça faisait 20 ans qu'yétait crevé... et puis... on'l voyait fére... 20, 25 fois par jours, y mêtait sa main... un p'tit peu plus bas que la ceinture, là, pis y pésait un p'tit peu, là... pour rentrer l'intestain qui sortait, là, pis y continuait à travailler. Y'était à près travailler après la construction d'un fourneau de charbon de bois... un moment donné, les intestins ont sortis... y'a essayé de rentrer, pis ça rentrait pus... Ca c'est vers 4 heures dans après-midi... et puis... y'avait pas de docteur... pas de communication pour aller vers les hôpitaux... pas d'automobiles dans c'temps là...ca fait que... on a téléphoné au docteur Boucher de Lauretteville, c'tait l'seul docteur qu'y avait dans c'temps là... mais y'on pas été capable d'l'erjoindre toute suite, pis quand qu'y'on été capable d'l'erjoindre y pouva pas [non-descriptible]... Y'é v'nu... durant la nuit, quand qu'y'a été capabe de v'nir, mais en toé cas... Y'était trop tard... y'é mort à 4 heures le lendemain matin. Ca fait que... y s'é trop fié à sa capacité... Si ça va été asteur, ça arrait pas été une grosse affaire de s'fére opéré pour un hernie, c'était à fleurement d'peau ça... ca se... C'est pas une grosse opération... mais là... en toé cas... y'é mort.
Marie: Quel âge qu'il avait quand il est mort?
Lucien: Y'avait 44 ans... 44 ans...
Marie: Il laissait... une femme, pis... une femme enceinte, pis 10 enfants...
Lucien: ouin, c'est ça. 10 enfants. Ouin... Le onzième est arrivé y'é mort en mois de mai pis le onzième as arrivé...ah... au milieu d'l'été... juillet... sais pas trop là... ouin...
Marie: pis, un p'tit peu plus tard... finalement... quand vous avez vendu la terre... tout ça là... C'ta quel moment que la famille, vos frères, vos soeurs pis vot' mère tous ça, ont décider de partir pour l'Ontario?
Lucien: ...
Marie: Comment ça c'est passé ça la décision... comment est-ce qu'y on prit ça cette décision là... pis y'on vu des annonces...?
Lucien: On était abonné, à la Voix nationale... y'avait des prêtres, des... des pères colonisateurs... à Montréal... qui... qui faisaient d'la propagande, y voulaient placer les gens les jeunes, c't'ait dans l'commencement d'la guerre ça... si j'me rapelle ben... oui... me semble que c'tait dans'l commencement d'la guerre... et pis les jeune, qui étaient sur les terres y'étaient egzanté d'la guerre... et puis... maman, pour pas qu'les enfants y'alle en guerre, bien... y'en avait qu'y'étaient d'âge pour aller en guerre... pis ça fait que... pis... décider d'écrire aux pères colonisateurs à Montréal... pour savoir quoi fére, là, ca fait que... y'en a un qu'y'é v'nu... yé v'nu chez nous... et puis... vu qu'on était plusieurs garçons... pis... coup d'ont... on avait toujours été su é terres, ça fait que... moman a penssait pas qu'on étaient capabe de faire d'aut'e chose que de travailler su à terre, ça fas que... S'ont décidé en toé cas de... de... d'y'g'y'aller... moé, ben... j'restait su a terre... et pis... ben... cou d'on, j'avais 27 ans dans c'temps là... et pis j'restait su à terre... et pis les aut' s'en allait toute en Ontario.
Et puis... coud d'on... ça... ça... bien été... Y'avait des... y faisait des offres... un peu... un peu... des offres spéciales, là... y vendaient les terres, 40 piastres de l'acre, 4 ans pour payer. Ca fait que 10 piasse par année, c'était pas cher ça pour une terre, seulement y'avait des obligations... fallait qui fasse... trois acres de terres dans un ans, j'pense... fallait qui bâtisse un shack, y'ap'lait ça un shack dans c'temps-là... et puis... creuser un puit... pour l'eau.
Ca faque c'était pas des grosses grosses conditions à fére, en toé cas... Ca fait que y'avait moyen de... d'arriver à ça... Ca faque y'ont été pis cou d'on... y'ont ben réussi, ben c'était toute des... des travaillants...
Marie: Vous vouliez me raconter comment ça c'est passer le premier voyage que vous avez fait en Ontario...
Lucien: Le prmier voyage, ç'as ça a été en automne, après la Toussaint. Y'avait pas d'neige mais seulement qu'on était à la veuille d'la neige.... Les ch'mins étaient pas entretenue pour les voitures d'été... surtout... surtout pas pour les autos. On a parti le lendemain d'la Toussaint... Partir pour aller dans l'nord d'l'Ontario. Ma soeur, ças ça l'inquiéta ça... je devait partir avec ma soeur... avec mes deux soeurs, mais la plus vieille ças ça'l'inquiétait... elle a été voir à l'école, on restait en face d'l'école, elle a été voir l'école su la, la carte... grand carte du monde là qu'y'vait là, pour savoir si c'était, si c'était loin, Hearst. Ca fas que à 'école à' trouvé ça... ben... 'à as trouvée qu'c'était pas mal loin... à dit qu'les bras m'ont tombés quan-que j'ai vu qu'c'était si loin qu'ças.
En toué cas, on était embrayés pour partir, ça fait que, on n'a parti. Et puis... j'ai parti avec mes deux soeurs... pis mon frère.
Ah oui, avant'partir... de chez nous, j'ai été à Saint Raymond. Fallais que j'alle chercher mon permis de conduire... et puis la license pour le char... Le char avait pas marché pendant l'été par mesure d'économie... et puis... fallait prende la license on avait pas prit d'license faque qui fallait prende la license pis l'permit... j'avais jamais eu de permit pour conduire. Je conduisait le char par che-nous, mais j'avais pas j'avais pas d'permit d'conduire dans c'temps-là c'tait pas grave...
On était t'ceux dans'l chemain
Marie: Ouin, c'est ça qu'jallait vous demandez. Ca devait être rare le monde qu'y avait des auto dans c'temps là?
Lucien: Ah... y'en avait pas beaucoup, y'navait pas beaucoup qu'yavait des chars. Les ch'mins y'étaient pas ben beau mais en tout cas... les chars, les chars, y'n n'avaient pas beaucoup.
Marie: Comment ça vous n'aviez un, vous?
Lucien: Ah... on n'avait un auto... ouin... C'est mon frère quant'y'a apris... le métier de mécanicien... à l'école technique à Québec... y'a été... deux hiver che ben qu'y allait y'inque l'hivers l'été y y'allait pas, y y'a été deux hivers... pour ça qui c'est acheté un char... pis quanqu'y'é mort... y c'é faite tué par l'électricité... on l'a pas dit?
Marie: oui, vous en avez parlé tantôt...
Lucien: ouin, ouin... ben, y s'é faite tué par l'électricité dans un poteau, ben en tout cas... y'avait un char dans c'temps là. Fait que... on avait resté avec le char, mais on l'a pas utilisé beaucoup... parce que... on n'avait pas besoin... ca fait que... on s'en servait pas souvent... fait que le le le... permit de conduire là, c'tait pas grave, n'avait pas besoin... Bon.
Marie: Ca fait que là vous êtes parti; vous êtes aller chercher vos licenses...
Lucien: Ouin... Saint Raymond... licenses... On n'a parti, on avait 100 piastes... pour fére not' voyage... on partait pour une dizaine de jours... et pis... y fallait pas... fallait pas gaspiller.
A Saint Raymond, ça nous as coûté... 23 piasses... ça commençait déjà à entammer not' 100 piasses... pis on étaient pas rendu loin. On avait... une dizaines de milles de fait... pis on avait 23 piasses de dépenssés!
Ca faque... y fallait ménage tout le temps de not' voyage. Ca faque... on é parti en toé cas. Et puis... [il ne savait plus quoi dire...]
Marie: C'est qui qu'yavait avec vous? Y'avait deux, vous aviez deux soeurs avec vous, deux d'vos soeurs?
Lucien: Non... j'avais un frère avec moé, pis, deux d'mes soeurs... deux s'mes soeurs. Pis y fallait arrêter à Montréal... pour aller voir les pères colonisateurs parce que y restaient à Montéal pis y fallait aller les voir absolument... parcqui fallait avoir des papier, rendu la bas, on avait besoin des papiers... fallait s'identifier... les neveux de de du père qui était v'nu chez nous étaient là dans l'nord de l'Ontario, pis c'té là qu'on allait... Ca fas que ça pressait, fallait pas trop, fallait pas trop flanner... pis... on a parti, c'tait la journée d'la commémoration des morts...
Ma mère nous avais dit... "arrêtez à toute les églises pour aujourd'hui, vu que c'tait la journée des commémoration des morts"... pi nous aut'e on avait parti l'matin... on y'avait pas été à à commémoration des morts, pis on avait coutume d'aller, ben mon doux c't'à sacré fallait y'aller, si on aurrait été au village on y'aurrait été... ca faqu'à nous avait dit "arrêtez à toute les églises pour aujourd'hui"... j'ai dit "ouin..." (avec un rire) ... on a oublié ça... bon... en tout é cas... on a parti.
Le premier... premier... soir, on a couché... à Plantagenet. Et puis... moé... j'était inquiète un peu du char... j'avais dit ça à mon mécanicien... "mais qu'on fasse not' voyage, y dit... la porte... le char barrait pas. Ca fait que... j'avait peur de m'faire jouer des tours... ou ben... me'l faire voler... "ah ben" mon mécanicien y dit "c'est ben simple" y dit "tu rouve le le couvert du distributeur" y dit "j'vot' montrer comment fére"... pis y dit "t'aute le p'tit roteur là tu'l'met dans tes poches"... y dit... "y'en n'a pas un qu'y'é capabe partir... ça part pas emanché d'même".
"ah ben", j'ai dit, "c'est ça que'j'va fére.... Pis... c'est ça qu'j'ai faite aussi...
(avec un rire "jaune"...) Quant'on é v'nu pour partir le lendemain, j'ai pas penssé à mon p'tit roteur que j'avais dans mes poches. Viens pour partir... pas capabe de partir... pas voulu partir... fa-que foulut faire v'nir un mécanicien... émcanicien est v'nu... et pi y'a essayer de'l faire partir lui tout... y'a pas été capable, y'était pas plus fin qu'moé... Ca faque... y'a démanché un tuyau pour voir si y'avait du gaz... y'avait du gaz... pis moé j'l'ergarda fére... d'un coup j'me suis adonné à mette la main sur, su... ma... poche de blouse... j'ai penssé à mon p'tit roteur que j'avais démanché... ca faque... je... j'ai... j'ai lâché un cri j'ai dit je'l sé pourquoi qui part pas... pis ça ben c'ta... mécanicien qui parla rien qu'anglais... ma soeur a dit... vu qu'il l'arrange en angla l'char... ch'é pas si on va ête capabe d'sen servir! (des rires)
En tout cas, j'ai mis le p'tit roteur à sa place, et pis y'a ben partie ça a ben été... C'est la seul fois que j'lai oublié!
En tout cas... on a parti là... pis la première journée ça a marché.
Ca faisait une secousse qu'on marchait les ch'mins étaient pas ben beau pis toujour qu'on rencontra une voiture pis on va y'd d'mander si les ch'mins étaient beau pour... Renfrew. Y dit "yes... good road... but is bad road". Ben là on a comprit que c'était l'bon ch'min mais seulement qu'les ch'mins étaient pas beau... Ca faque on n'a continué, c'est vrai qu'on c'est rendu... on était dans l'bon ch'min...
Après ça fallait traverser... North Bay on avait une réserve à traverser... Ca c't'un aute un aute affére là... On avait 100 milles à faire... y'avait aucune habitation aucun garage... y'avait absolument rien, c'était un ch'min de chasseurs pas un ch'min de voyageurs... mais... c'tait l'seul chemin qu'y avait... ca faque ... on était dans l'bon ch'min encore en tou-é-cas... parce que... on s'est rendu.
Ca faque... les ch'mins étaient pas beau, là. Vous dit que 100 milles à fére pis y mouillait on'l'la passé dans'l temps qui mouillait, ah oui le pére colonisateur nous avait dit... de ben s'aprivoiser s'aprovisonner de... gaz... d'huile, pour êt'e certain de pas... pas manquer d'gaz dans dans dans c'bou't chemin là.
C'est ça qu'on a faite, en touqua les ch'mins étaient pas beau... les branches à des place y'a des branches frappaient le char chaque côté à la fois. Sa rencontrait pas nul part... loin... ca rencontrait pas partout... loin de là. Ca faque ça rencontrait... mais on a rencontrer jusse un char... un vieux bateau quand on rachevait d'traverser le la la la travarse là la... voyons je'l l'é dit tantôt là... la réserve... on rachvais d'la traversé... pis a foullu... foullu raculler... raculler un peu pour s'tasser dans é branches pour fére... fére... d'la place pour s'rencontrer.
On arrivait su'l dessus d'un côte, ça y'était pas question de'ce met' en grande si t'était en deuxième pis en p'tite pis en deuxième... à un moment donné on a arrivé sur la tête d'une côte... la... la côte était assez pointue qu'on foullu s'met'e en p'tite pour arriver tranquillement su'à tête pour êt'e certain de pas frapper un aut'e char su'l pointu d'la côte (dans l'arrière-plan, on entend Marie dire, tout bas... "ha... seigneur..." ). Ah... c'était pas beau c'était pas beau.
Si on avait connu les ch'mins d'même on s'rait pas parti en machine. Surtout à l'heure... au temps qu'on a parti... après à Toussaints...s'était pas... s'était pas "rougeôt"(?)... Bon... on a arrivé pour coucher... à une place... faque... y'a l'propriétaire y dit "ma femme est en haut là" ça parlait français... ca faque "ma femme est en haut pis... peut-êt'e qu'à va vous garder... à garde souvent des voyageurs... et pis... ch'pense ben qu'à va vous garder". On a été voir et pis... à nous a loués une chambe... pis elle était don ben content de parler en frança... ça c'tait effrayant...
Marie: Il vous est arrivé quelque chose avec une femme qui parlait français comme ça?
Lucien: Oui... une femme qui parla frança... pis... son mari était angla... les enfant be coudon y parla rienqu'angla... et pis y'avait un enfant qu'y'était malade falla qu'à raconte ça à... c'est ma soeur qu'y'avait été louer pour la chambe... parce qu'à parlait angla un plus que moé un peu... et puis... y'avait deux enfants d'malade y'en avait un je'l sait pas c'qu'y'avait la grippe ch'pause... pis y'en a un aut'e qu'y'avait des clous... ça fille restait avec elle... et puis, elle avait son mari c'ta fille là qui était en chômage... pis à racontait tout ça à... ma soeur... pis on attendait nous ôte dans'l chemin pour avoir la nouvelle si on était pour avoir un... si on était pour avoir une chambe... bon ben celle là qui avait des clous... fallait qu'à y'alle lui montrer... et puis... en tout cas pis Marie a dit "vot' chambe.."... "ah oui, ma chambe..."... pis c'est là qu'elle a été montré au garçon... montrer son garçon... à ma soeur voir les... y montrer l'garçon qu'y'était malade qu'y'avait les clous... bon ben ma soeur a dit "bon ben... c'est pas ça" à dit "on attend pour avoir la chambe" "ah la chambe" à dit "c'est ben'd valeur" à dit "... j'ai pas'd'place on a seulement d'deux chambes... sont quate qui couchent dans même chambe pis on n'a pas"... "Ben si vous n' n'avez pas ben, on va s'en aller..."
Quand al a arrivé... au char là... on dit "pis... l'à tu une chambe?"... "ben" elle a dit "non". J'ai dit "ça prit ben du temps à... à avoir la réponse!"... "ben oui... fallait que j'attende qu'elle me'l dise qu'an'n'avait pas! A'me contait sa vie..."
Marie: Pis... n'avez vous eut d'autre aventures comme ça?
Lucien: ha... d'aute aventures... ouin... on y'a été un aute... c'ta pareil.. la la madame... on cherchait à trouver du monde qui parla frança d'abord autent qu'possibe on s'informa dans é épiceries voir si y'en a qui parla frança... pis en touqua un aut'e fois... on a arrivé... pis en arrivant... la femme parla frança pis est était contente elle ausse d'parler frança. A dit "vous êtes d'la visite vous aut'es".
En tout cas, on a couché là ça pas éta ça pas été... ben... ça pas été dur... En tout é cas, à nous as donné un coin d'la table là... pour qu'on... mange... on faisait toujours suire not'e manger... Ca c'tait aprés avoir monté toute not'e baggage, là, dans chambe.
En tout é cas, on n'a souper là, pis "si vous avez besoin d'eau... et... prenez la tasse, y'a l'pot qui é su à tabe là, pis prenez d'leau dans chaudiére... et pis... la chaudiére qu'y a su à tablettes là, et pis... faite comme chez vous... on va jaser".
Ca fas que... aussitôt qu'on on eut soupés, à dit... "vous êtes d'la visite vous aut'e, là"... à dit... "j'ai ben dessein d'vous faire une p'tite veillée de danse". A dit "j'vas... inviter quelques voisins, là, pis... on va vous fére une veille d' danse."
Ca faque on était pas ben ben on se r'garda pis on savait pas trop dire, ca faque... ma soeur, c'est elle qui parla l'plus, là... ca faque à dit "je r'grette madame, mais y faudrait s'coucher d'bonne heure faut faudra partir de bonne heure demain matin... parce qu'on a des grosses journées à fére pis on n'é fatigués"...
C'était pas ça qui était l'pire, c'est parce que on savait pas danser... on savait pas danser... Ca faque en tout cas on nous a donnés not'e chambe là, pis... ah oui... et puis... à nous as passé on restait ça c'était au d'sus d'un épicerie... et puis... elle nous a passé un pot-de-chambe... le lendemain matin, quant t'on est v'nu pour partir on a vue ça y'avait pus rien dans l'pot... (en entend Marie rire dans l'arrière plan)... Au d'sus d'un épicerie, ché pas c'que ça a fète en bas...
Marie: le pot était percé?
Lucien: Le pot était percé... le pot était percé (avec des rires...)... en tout é cas, on a dit... "faut c'dépêcher à s'en aller (rires)"... ca fais que... on a prit not'e bagagge et pis evouèille dans l'char... C'est d'valeur parce que on partait en en chaleur pour s'en aller au froid, parce que dans l'char s'était au froid pis y'avait pas d'chauffrette dans l'char... faque... on... on a foullu... marcher un peu pour avoir un peut d'chaleur... c'est pas froid comme d'éyord d'un char mé seulement que quand y'a une chauffrette c'est ben plus confortable que ... quand... l'hiver en toé cas...
C'tà pas chaud quant-on partais l'matin... et... en avant d'nous aut'e, c'tait plus chaud qu'en arriére, en arriére ben y'était habrillés avec des comfortable là... en avant y'avait un peu plut'd'chaleur un peu...
Marie: à cause du moteur?
Lucien: à cause du moteur, ouin, le moteur, le moteur donne d'la chaleur... bon. Ah oui, ça c'est c'est c'est... des... c'est des... des souvenirs... ouin...
Marie: Pis... ça a duré combien de temps se voyage là?
Lucien: Ce voyage là... vois-tu ça nous as pris trois jours trois grosses journées trois jour et demi ch'pense à monter... on n'a été deux jours et demi là... trois, quate cinq six, ça fas si jours, six sept huit neuf... fas ne jours... ouin... messembe c'est dix jour qu'on as prit not pour aller fére ce voyage là, ouin... messembe c'est di jours...
Marie: Pis...
Lucien: Y nous a arrivés d'aut'e choses aussi su'l voyage... Ca c'est qu'anqu'on a r'descendu là... on montant là je'l sais pas là... y'a pas arrivé d'aut'e chose ch'cre-bain là, ça a bien été... pas vite... mais... on marchait tout l'temps, en toué cas... quand on é r'venu, y'a fallu coucher à... Cochrane... dans un hotel... c'est la seul hotel ch'cre ben qu'y avait...
Ca c'est un transfer... de ch'min d'fer... le... les trains arrêtent pis y'en a qui couchent là... pis y'r'prennent d'aut'es lignes y'avait d'aut'es lignes pis c'était c'était un hotel... pour... les gars d'chantiers... en toué cas, on étaient comfortabent... ça chauffait au bois avec une grosse fournaise, là, pis on était... on était pas trop mal...
On a pas trop ben dormi... toute les lites étaient... individuels... on avait un lite pour une personne, pis là, ça nous faisaient quat'lits nous aut'e là... et pis, en toué cas... on nous avaient donnés chacun un bon thé chaud, en arrivant, là, pis y'étaient content d'nous voir y parla frança eux aut'e aussi là... et puis... en touqua... quant-on é parti le lendemain matin, on, on, on l'a amené... un... un bon souvenir... parce qu'on était plein d'poux quand on é parti le lendemain!
(M: ah.... mon dieu...!)
Ah, ça c'tait moins drôle, ça c'tait un bon souvenir ça... Ben c'est des gars d'chantier qui v'naient coucher là, ben, pis, ben... ben é chantiers dans c'temps là, c'tait pas sévère comme asteur... asteur y'nas put'poux nul part dans é chantiers là... ah non... Dans c'temps là, ben... on s'é pas m'éffié d'ça pentoute pentoute...
Bon... à part de d'ça, là... j'voué pas j'voué pas de c'qui nous as arrivés...
Chebin que... là... ah oui là on monte là faudra qu'javait qu'j'raconté mon voyage là... on montant bon ben... là ça c'ta Cochrane ça... mais ça, on n'a couché là, en descendant là à Cochrane là... on l'eux as pas monté d'coup la bas! (des rires...)
Bon en montant, ouin ben là ça ça ça a été pas trop mal... on arrivait à Hearst... à Montréal on a été chercher des lettes de références... et puis là, ben... Cochrane c'é pas ben ben loins de Hearst, c't'à deux cents... deux... a ben plus que ça, trois cent queque chose... au'd'sus de tois cents milles...
On a arrivés à Hearst, là, pis on a été voir... Monseigneur Hallé. Monseigneur Hallé c'est lui qui était évêque, évêque ech cre-ben, ché pas trop, évêche en toué cas... et pis on a été voir Monseigneur Hallé... pis là ben, y savait... qu'on était pour allé là ben y savait... y savait pas que, que, y savait pas nos noms, mais seulement que, on étaient envoyés pas les péres colonisateurs... de Montréal, mais y, là Monseigneur a..., l'pére colonisateur de Montréal y'avait... le pére... Villeneuve... y'avait le pére Alary... le pére Paguette... qui s'occupaient de colonisation... pis c'était les péres colonisateurs de Montréal... c'ta surtout pour envoyer l'monde alentour de Hearst, à cause que, y avait du bois... des gens pouvaient travailler dans l'bois, pis c'est ça restait des bonnes terres. C'ta d'la terre forte, ça c'était queque chose de de de.... queque chose de pas mal de spécial... des beaux, du beau terrain... ca faque là ben on été voir Monseigneur Hallé là, pis bon Monseigneur Hallé... y'avait un pére colonisateur à Montréal, Monseigneur... Monseigneur... Villeneuve, pis y'avait ses deux neveux qu'y'étaient établi à Hearst, qui ont été établient par... l'abbé Villeneuve. Monseigneur Villeneuve.
Ca faque ses deux n'veux restaient ensembles c'est deux frères... Sébastien... pis... ah... l'aut'e ej m'en rappelle pas... Lionel, pas Lionel, en toué cas ça va v'nir tantôt... ca faque là Y nous as le Monseigneur Hallé nous as envoyé là là chez les Villeneuve... là les Villeneuves étaient chargés de montrer... pis d'aller avec les... les... les gens qui voulaient s'établir là, d'aller nous monter des terres... pis là c'est ça qu'on a fètes, là... on a visité... (coupé - fin de la cassette).
fin du côté B de la première cassette
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