Entrevue de Lucien Cantin, partie 3 de 4

Cette entrevue fut réalisé en 1983, par Marie Cantin, fille de Lucien. L'entrevue est répartie en quatres partie, chacune étant un côté d'une cassette audio, donc 30 minutes.

J'aurrai facilement put mettre le tout en un grand fichier, mais j'ai décidé de garder la transcription pour reflèter le médium sur lequel l'entrevue original fut enregistrer.

L'audio est disponible, au https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2503659. J'ai écouté la cassette, et créé cette transcription.

Notes sur cette transcription

Il faut aussi se souvenir que cette entrevue fut faite en 1983. Lucien avait 76 ans, et les évènements qu'il raconte avaient eu lieu 50, 60 ans plus tôt. Il faut donc mettre en context. Il faut aussi pensser que la mémoir nous joue aussi certains tours parfois...

Résumé

La cassette commence avec les visites des terres à Hearst, et le choix d'une au Lac Ste-Thérèse, et une description de l'endroit. Lucien continue avec les différentes étapes du déménagement le printemps suivant (à noter qu'il ne raconte pas les évènements chronologiquement).

Lucien fini cette partie en mentionnant son mariage, les animaux qu'il avait, et son entreprise d'épitaphes qui commençait...

Entrevue

Lucien: On a visté plusieurs terres, ouin... on n'a été là deux jours et demi en tou cas... et puis la veille avant avant d'partir là y'avait tombé sept huit pouces de neige. Ca nous faisait peur. On aimait pas ça, on avait hâte de partir... à fait qu'on a tomber sur... une terre... au Lac Ste-Thérèse, c'est là qu'y a... j'était avec mon frére un mordu d'la pêche... pis vue qu'c'était au Lac Ste-Thérèse, c'est un lac qu'y a quarante cing milles de long! Y'en as du poisson la d'dans... ça fa que lui ça tombait dans ses bonnes... pas loin du lac... c'est c'était à peu pras... un mille et demis ch'pose... du lac... pas tout à faite un mille et d'mi ch'pense du lac...

C'tun lac qu'y a 45 milles, seulement qui qu'y é pas large... c'est c'est c'est... plutôt des... des... grosses riviéres larges, en tou cas, on peu naviguer 45 milles... de long.

Ca faque... y'avait y'avait beau aller à pêche... ah y y'a été aussi à pêche. Y'a... sus lac là, les eaux se séparent on est rendu dans'l plus haud d'la terre... pour moé, c'é là qu'on est'l plus proche du ciel (en riant), parce là l'eau à... à coule, vers le nord. A coule dans 'à baie James. Ouin... pis... à Hearst, à coule vers le sud.

Marie: Faque c'est dans 'l'nord pour vrai...

Lucien: ouin... ah, c'est su'l pointu d'la terre (rires)... ca faque.... ah quesé que'j voulais dire là... ah oui, on r'garde tout'l tour de nous autes là, pis on vois pas aucune montagne, y'a pas d'montagne pentoute pentoute tout'l'tour de nous autes... c'est... faut fére attention pour pas s'écarter... dans l'bois dans s'coin-là parcque y'a d'la misére à se 'rtrouver parce y'a pas d'montagne pis c'est du bois c'est du bois... y peuvent se r'connaite par exemple si y'arrive su'a track des chars la track des chars, voyagent... dans ces ch'mins là...pas mal là...

Bon, faque on a arrivé pis on a trouvé c'te terre là au Lac Ste-Thérèse ah là tou-suite quant'y'a entendu parlé du lac là, là on était enras'l'lac là lui ah ça faisait ben son affére.

Ca faque... c't'à pas pire... y'avait sept, huit, arpents... de terre faite là qu'on pouvait mette les animaux tou-suite là en arrivant là... Et puis y'avait du bois de bûché pas mal grand, y'avait de vieilles souches... on pouvait, pouvais fére d'la terre en arrivant là... ca faque... c'était avantageux, pix c'tait à huit milles d'la ville, huit milles d'la ville, ben... c'est pas... terriblement loin...

Ca faque, pis là y s'en v'nait une chapelle là qu'y'était supposé arriver... y'avait... que les péres avaient organisés... c'ta une chappelle qui v'nait d'ailleur... qui s'en v'nait là... Dans l'moment y'avait, y'avait c't'est dans l'école y'avait c't'est une... maison, pis y'avait l'école, pis la messe... dans la même maison... ca faque... pis là y s'en v'nait une chapelle là pour s'installer là ben entou cas ça se ça allait pas mal ça avancait pas mal...

Ca faque quand t'on a vu ça, ça tomba pas mal dans not'e dans not'e goût là bon on a été... voir le propriétaire, et pis et nous avaient faite six cent piasses... le propriétaire, c'était un spéculateur de terres... y'ach'ta des terres du gouvernements, pis... après ça y's trouva à êt'e comme agent d'affaire pour le gouvernement mettons en même temps, en toué cas... faque on n'a été l'trouvé on a arrivé là y commença à c'tait dans l'aprés-midi y commençait à faire noir...

Ca faque faisait pas noir encore, mais ça s'en v'nait. En toué cas, y faisait noir un peu y commençait... ça faque y'a foulu qu'y y'aille été sué voisins pour... trouver une lumiére... pour s'éclairer parce qu'y avait pas l'électricité. C'tait en ville pourtant messembe mais y'avait pas l'électricité...

Ca faque là ça c'était à un évêcher ça. En tou-cas y'a été chez un voisin pis yé v'nu à bout d'trouver une lampe là... faque y'on am'né la la vieille lampe là pour qu'ont, pour qu'ont signe un peu... ça éclairait, pas trop pire... ca faque ont a signé des papiers ont a été y'on fait v'nir un... juge de paix.

Y'avait pas d'notaire, pas d'avocat... en tou cas, faque... y'on fait v'nir un juge de paix là, pis là ont a signé des papiers, avec le juge de paix... Et puis dans 'l'courant d'l'hivers là ben y nous as envoyé les papiers pis des titres là... Et puis, nous aut'es ont n'a envoyés l'argent... pis... en tou-cas la terre était à nous aut'e faque là ont s'est organisé... pour... au printemp pour partir... monté là... avec des des chars de ménages pis... a ça a été une moyenne organisation là.

Marie: Mais vous vous restiez ici, vous gardiez la terre ici à Sainte Catherine?

Lucien: oui.

Marie: Pis c'était toute vos frères pis vous soeurs qui sont partis. Pis vot'e mère.

Lucien: Oui. C'est ça, ouin... Au printemps, moé j'ai resté... avec Catheri... avec... non Lucie, et pis Pierre... les aut'es ont toute parti... de bonne heure. Ah oui, le le le le printemps moé j'avait été é r'conduire avant tout ça là... Avant de de 'm'marier là, j'avait été er'conduire maman... y'avait... Catherine... Marie... Gérard Ernest. Avec le char. J'ai été érconduire avec le char là. C'est là qu'on n'a creuvé dix sept fois en montant... (M: ah.. ça c'est quequ'chose hein...)... c'est d'la bad luck... ont l'a pas on n'a pas suit l'même chemin le printemps, qu'ont avait suit l'automne de d'vant...

Quand on n'a monté dans l'automne, on traversa les ch'mains on voyait qu'y avait le chemin en trans... en... construction... trans-Canada. Mais seulement qu'ont pouvait pas passez d'sus c'est c'ta fermé. On voyait la gravelle, les ch'mins étaient ronds, des ch'mins à parte de vue... mais... ont pouvaient pas passer d'sus. Pis dans 'l'printemps, ont passaient dans toute ces ch'mins là... pis c'est dans ces ch'mins là qu'ont a creuvé autant d'fois qu'ça... c'était rien que d'la gravelle... ça allait mal ça allait mal... ont a passé dans les vieux ch'mins... dans à l'automne...(quelques mots indescriptibles)... mais on n'a pas creuvé... mais dans l'printemps dans ces ch'mins d'gravelle là... y'avait du concassé en tou cas... ça c'est c'tait dur pour les robbeur faut croire creuvé dix sept fois en montant.

Marie: Seulement en montant, ca?

Lucien: hein?

Marie: Seulement en montant?

Lucien: Oui oui oui, seulement en montant. Et puis... ça... j'arrangait les robbeurs ben d'suite là... j'démanchaient tout ça là pis... on avait touc'qui fallait pour arranger ça pis une pompe pour pomper le pomper ça pomper les les robbeurs.

Marie: Comment vous arrangiez-ça les crevaisons, comment vous vous y preniez?

Lucien: Ah! Fallait jacké l'char... fallait démancher 'à roue, on démancha la roue, après ça on démanchait 'lrobbeur d'apra d'apra la la le frame... pis après ça fallait avoir le tube là on appela ça la trippe là en d'dans là le tube, pis après ça y fallait gratter... trouver'l'trou ben... c'tait pas difficile à trouver... ca faque... on gratta ça pour le mett'e poli avec du papier sablé, on avait d'la colle spéciale on mettait d'la colle pis après ça on mettait une pièce... avec d'la colle pis j'el sais pas trop là... non on mettait d'la colle pis c'était des pièces c'était c'était des pièces qu'on mettaient avec deux tubes de caoutchouc... De vieux typs(?) de caoutchouc par exemb'e là... pis là ben mettait d'la colle pis après ça on mettaient des pièces... plus grandes... pas mal plus grandes que'l'trou pour êt'e certain de 'l'boucher...

Et pis... c'est comme ça... ben j'mettait ça dans 'l'rim... on mettait ça dans l'robbeur pis après ça ben l'robbeur ben on l'embarquait par dessus l'rim, pis on mettait su'l char, pis on pompait!... Ah c'était don ben l'fun de pompé! (des rires...)... Pompait ça à bras

Marie: Aie... 17 flats...

Lucien: Oui... on les as arrangés plusieurs fois... Pis j'ai acheté un robbeur neu pis une trippe neuve que j'ai mi du côté, du côté, c'est que... presque toujours la même roue... ca faque pis j'ai acheté un robbeur neu pis une trippe neuve que j'ai mis à cte roue là qu'était que qui on crevait souvent, ça pas changé rien ça creuvait pareil, faque moé ça m'fait dire que... le commandemant devait êt'e rienque su cette roue là... c'est pour ça que se sa se sa s'a mal allait je'l sais pas ch'connait pas ça mais... moé j'ai c't'impression là qu'el commandement devait êt'e rienque su cette roue là... parce que l'aut'e roue on a pas creuvé pas une fois j'ai creuvé une fois en avant...

Bon. Ca faque... en touécas, quand on creuva, ben on l'arrangeait, pis on 'r'partait, pis... la derniére journée, là, y mouillait... ça c'tait ben dommage, y fallait l'l'arranger pareil... l'arranger un dans l'char, parce qui fallait pas qu'soit ceille... mouillé ça parce ça collait pas ça... fallait qu'soit seille ben sec faque... c'tait pas ben ben plaisant d'démancher ça dans l'char, pour pas qu'sas'fasse mouillé, pis l'arranger pis le'r'poser... y'était toute embarqués en avant (des rires)...

En toué cas... faque... on n'é v'nu à bout on s'é rendu toujours...

Marie: Ca a prit combien de temps? Ca a dû retarder beaucoup?

Lucien: Ah oui oui oui... quat'e jours (M: quat'e jours...) Quat'e jours pour monter. Pis on était dans 'é ch'main neu (rires...)...

Marie: Une chance...

Lucien: Mais à l'automne ça nous a pas prit quat'e jour toute à faite à monter... pis... on était dans é vieux ch'mins, é vieux ch'mins... mais y... y avait pas de... c'tà, c'tà plus doux pour les robbeurs, pour ça qu'on a pas creuvé, là ça parrait dans à gravelle c'est mon idée c'tait d'la pierre cassée, pourtant c'tait les mêmes robbers le même char... peu près le même chauffeur...

Marie: Mais pas les mêmes chances?...

Lucien: Hein?

Marie: Mais pas les mêmes chances.

Lucien: Non. Mais seulement quant t'on n'est s'en'v'nu... de de d'l'Ontario en automne ben y'avait d'la neige, sa fait que c'tait doux. Le double-robbeur se sa se ça crève moins un peu...

Bon... à faque... j'les ai montés pis là j'ai travaillé trois s'maines, quant t'on été rendu à Hearst là... j'ai travaillé trois s'maines. Pour la construction de... de chalet... de, d'une maison.

Le vieux chalet, ben on alla garder ça ben on la y'on rester ben j'y était moé si là ben on a resté dans la le... la le vieux chalet y'app'lait ça un shack eux aut'es ch'é pas pourquoi... en tous cas on n'a restés l'à'd'dans pis ça sa a servit d'étab'e ça pour quant' la maison a été construite... parcqu'en arrivant... Jean-Baptiste pis Ubaldo y était rendu depuis d'bonne heure depuis l'mois'd mars... y'étaient rendu depuis l'mois d'mars eux aut'es... y bouchaient pis y'on écarrient... M. Gratton y était itou... connais-tu?... non? l'pére à Camille Gratton y y'était v'nu icitte là (M: non, j'me rappelle pas...)... bon, en tout cas... y'a y'a travaillé avec eux aut'es M. Gratton... parce c'était un vieux qui était accoutumé d'bâtir des shacks ça faque qu'il l'on engagé rendu là... et pis y'a travaillé avec eux aut'es, faqu'y'ons écarrie l'bois faque quand j'ai arrivé là moé... y'avait commencé y'avaient posé trois logs... les logs ben c'est c'est c'est des morceaux d'bois y'app'laient ça des logs... c'est 'l mot angla ça, log (M: je sais pas, c'est)... des billots (M: des billots...ah, ça peut-être...)... des billots... logs, ben c't'un mot angla ch'cre ben là, en toué cas, on va app'lé ça des logs... faque y'avait t'ois logs de posés d'un côté quanqu'j'ai arrivé là... A faque... mais c'est pas pour, c'tait pas moé qu'y'allait conduire, c't'ait M. Gratton qui, qui était... ben, pas mal plus accoutumé qu'moé...

Ca faque j'l'eux ai aidés là...pis on restaient dans l'vieux, vieux shack là. El temps qu'j'ai été là... y'é arrivé une bel affére, d'abord y'avai des mouchesj'ai arrivé là moé, à peu pra pour les mouches, y sont v'nus me erçe'oir en arrivant là pis y'étaient content de m'voir (des rires...)...

Ca faque y'a ben fallu que'j les acceptent (des rires)... ah, c't'épouvantab'e, on avaient on avaient des mouchoirs là qu'on'se mettaient là, là tout l'tour d'la tête là, pis not'e not'e coiffure par dessus, pis ça c'était pas imbibé mais y'avait des taches... d'huile... d'huile... ça r'semblait à du coltar d'l'huile noir, d'l'huile noir américain... Ca sent fort ça... pi là avec ça... ça... ça sentait fort pour nous aut'es aussi, mais seulement que qu'on était clair des mouches. Les mouches aimaient pas sa senteur là pantoute.

Ca faque on pouvait travailler en paix, avec ça. Mais pas de, de de... goudron ch'pense c'est du goudron américain qu'y'appelait ça, en toucas ch'sé qu'y'avait un nom américain qui que... s'nom là. Ah ça se travaillait pas mal, ça travaillait pas mal. Seulement qu'la nuite on rentrait pas ça on rentrait pas ces affaires là dans... on laissait ça dans 'à porte de d'la, à porte du shack là, ces ces... ces mouchoirs là.

La nuite, y'avait du fly tox qu'y'appelait avec une pompe spéciale, là, une pompe pour... à vapeur là qui fait d'la vapeur... et pis, on en mettait l'soir, et pis après ça on était excentés des mouches pour une bonne secousse là... quant t'y passait minuit ben des fois qu'les mouches er' r'venaient ben on a passait encore de t'ça, pis on était bon pour le restant d'la nuite.

En touca, y'avait le les les mes deux fréres pis moé après ça Ubaldo était là en touca... un soir y'avait six péres de... pantalons... maman les avaient toutes mis su'l dos d'une chaise c'tait des pantalons prop'es qu'on s'servaient pas pour pour travailler ca faque c'tait su'l l'dos d'une chaise pis... Ce soir là ben on avait faite d'la boucane, ça va, ça arrivait qu'on faisait d'la boucane dans dans une chaudiére là on mettait de quoi là... ché pas trop là... de de d'la vardure des des chose... de trèfles de quoi'd'vert en toué cas, pour faire d'la boucane, avec un p'tit peu d'braise dans'l fond... pour faire la boucane pour chasser 'é mouches.

Ca faque y'en a un en toué cas qui... ça c'est... la chaudiére était au pied on couchaient par terre on couchaient n'importe comment là y'avait pad d'lits pour tout'l'mond' ca faque on couchaient par terre c'tait l'été y faisait chaud.

Ca faque y'en a un qu'y'a poussé 'à chaudiére... en touca... arras la chaise ou ce que c'est que moman avait mis toutes les les pantalons... et pis... les pantalons dans c'temps là ben c'tait c'tait des bretelles... ça sa pendait au d'sus des chaudiéres pis les en toucas, ch'sais pas si'l'feu a augmenté, dans nuite... en toué cas, le feu a prit dans dans llll par les bretelles, dans à chaudiére qu'y a été poussée durant 'à nuite sans... sans s'en aperçevoir... sans s'en rend'e compte.

Et pis... le feu a prit la'd'dans, et pis c'é la boucane qui nous a réveillée... bin on étaient habitué à boucanne aussi parce que... ça, ca faisait souvent qu'on faisaient d'la boucane dans l'jour... ca faque... pour commençer on n'en faisit pas trop d'cas, mais c'est v'nu qu'ça augmentait... six pairs de pentalons... brûlés d'la moitié... ca faque c'tait pus arangeab'e...

Marie: C'était toute vos pentalons propre ça?

Lucien: C'est ça, c'est ça... c'tait toute les pentalons propres... et... mon... moman était toute découragée quant t'à vu ça... on n'é loin des magasins, là... à huit milles... hui' milles des magasins, en toué cas.

On s'est, on... restaient habillés en vieux (rires)... Ouin c'est drôle asteur, mais c'matin là là... c'ta pas, c'ta pas bin bin l'fun (M: non, ça doit pas)

Bon, comme ça j'l'eux ai aidé... t'ois s'maines, ben au bout' t'ois s'maines j'l'eux ai laissé l'char... et pis... j'suis r'venu par les chars.

Ca c'était le mois de.... juin. J'avais faite les s'mences avant' partir, pis après ça ben aprés les s'mences j'avais parti.

Ah oui, Pierre avait resté, Pierre avait resté icitte aussi. Ouin, parce lui qui... qui travaillait su'à terre, el temps que, el temp que... j'ai été la bas.

Ca faque...

Marie: Là vous étiez pas encore marié en ce moment là?

Lucien: Non. Non. Là j'me suis marié à l'automne, mois d'novemb'e. Ouin.

Marie: Ben, vous vous êtes mariés, pis toute votre famille était la bas?

Lucien: Ben oui... ben toute, et vous dit... y'avait Marie, Pierre, et pis... pis... Lucie. (M: ah, OK...)... Marie, Lucie, pis Pierre.

Marie: Eux autres, y'étaient là à vot'e mariage?

Lucien: C'est ça.

Marie: Pis y sont partis après?

Lucien: Hein?

Marie: Y sont partis après?

Lucien: Oui oui. Y sont partis... une coup'e de s'maine d'en suite... y'ont pris é chars, pis... y'ont montés là par le train, par les chars...

... Ouin...

Marie: On prends l'temps, la, la façon que ça c'est faite là pour le déménagement... vous aviez, aviez... loué un wagon?

Lucien: C'est ça...

Marie: sur un train?

Lucien: Ouin... ouin... c't'a dit... on a loué... un wagon pour mett'e le baggage... y'avait deux vaches... y'avait une dizaine de poules... quat'e cochons... et puis... François... lui... montait, dans l'char. Y'avait son lit pour coucher, pis y couchait dans l'char... parce qu'y fallait avoir quelqu'un pour... nettoyer les animaux... pis y'avait deux vaches qui tirait dans 'c'temps-là... là les vachies laitières, là... et pis le lait, ben, y soignait é cochons avec... y'avait son chien François à monter y'avait quinze ans François, y'était pas vieux quand qu'y'a monté quant'y'a quant 'y'a parti avec le char... ca faque... y'a parti avec le chien... pis... c'est lui qu'y'avait soigné é animaux

Ca y'a prit une semaine à monté. De Québec à Hearst. Y'était tanné, y'était tanné...! ... pis y'a des fois qu'y'a été une jounée complête-là su'l siding... pas bouger pentoute... y resta là, pis là ben... y savait pas quoi faire lui, en toucas, y'a été prend'e des marches, pis ça sa y'é arrivé... pas y'enque une fois... Et plusieurs escousses, dans l'jour, y'était là, pis... ah y'était tanné quant'y'é t'arrivé.

... les, les vaches aussi... (rires)... fallait, fallait qu'y ramonsse les oeufs, c'tait des poules qui pondaient... fallait qui ramonsse les oeufs, pis les oeufs... y.... y.... n'a rammonssé... y mettait ça dans é chaudiéres, y n'avait... y'n'avait d'une poche!... ah... des oeufs d'une poche là rendu la bas là... y'avait pas de... les poules pond' les poules pondaient, pis... y dépenssait pas, y dépenssait pas é oeufs... pas d'bezeau(?) ben ben, mais en toué cas...

Marie: Mais lui y's nourrissaient comment sur le train?

Lucien: Hein?

Marie: Y's nourissait comment, lui, François, sur le train? Comment y's nourissait, comment y mangeait?

Lucien: Ah... je'l sais pas trop, là... y'a pas 'd'doute qui devait avoir queque chose à c'moment là quant t'y ai parti... cafaque... doué y'avoir... moman doué'y'avoir donné d'quoi pour... pour faire chauffé... je'l sais pas qu'est-ce que c'é qui pouvait a'oir, c'est c'est pas ça d'vait pas chauffer 'l'électricité... en toucas, je'l sé pas. Y buvait du lait y'avait du lait à bouére en toué cas... (rire)...

Marie: Y d'vait manger des oeufs aussi d'temps en temps...?

Lucien: ouin... y pouvait manger des oeufs pis boire du lait... (rires...)... ouin... en toucas, c'est toutes des affaires... là... qu'on'r r'voiras pas, j'souhaite pas de'r r'voir... (M: non...)... non...

Marie: La bas, une fois rendu la bas y'avait la terre lui pour... pour reçevoir tout ça, pis les animaux...

Lucien: Oui, ils 'savaient, ils l'attendait la bas... pis, ça faisait longtemps qu'ils l'attendaient quant'y, quant'y a arrivé... y'avait du foin pour soigner les animaux... y'avait tout c'qui fallait... pis fallait d'quoi pour les... pelles pour nettoyer ça, pis quand pour les nettoyer, ben... y profitait que, quel, que... le le le char marchait... y'envoyait ça en bas du train... (rires)...

Les, les vaches... y'ont trouvés ça ben dur... pour s'en allé, les premiers jours... y's couchaient, y's se l'vaient, y's couchaient y's se l'vaient... pis ça brasse tout'l'temps, ça, sa saute, pis deboute, y fatiguaient... ça ça vient qu'cé dure pour les pattes, ça... faque y's couchaient... pis coucher, ben... c't'é pas pas mieux... y se l'vaient, pis... couche, pis lève... sais ben qui y'a dit ça qui voyait ben qu'les vaches fatiguaient pas mal...

Les poules, y'n'a pas parlé!... (rires)...

Ouin, en toué cas... c'é't'quoi qui's'passe qu'on imagine qu'on image qu'on'r'verra pas ça... (M: oui...)... Après ça ben y'a arrivé en haut quant'y'a arrivé en haut bin là... y'é... Jean-Baptise y y'était, pis Ubaldo, pis pour le'r'ce'oir... Ca faque'y'on déchargé'l'char... l'char de baggage, et puis, à l'automne, y'a un aut'e, un aut'e char de de de de ménage qu'y a monté... y'avait... du foin... y'avait... y'avait... entre aut'e y'avait un engin à gazoline qui pésait trois milles livres... ça... on arrait jamais dû'l'envoyer la bas...

Marie: C'est quoi c't'engin là?

Lucien: L'engin à gazoline...

Marie: C't'ait quoi?

Lucien: C'est lui qui batait au moulin à scie du bois... pis on avait un engin à gazéline on avait un engin à gazéline, popo avait ach'té... de Pont Rouge, là... t'ois milles liv'es, c'tait un gros engin... qui avait dix neuf forces...

Marie: Vous voulez dire... c'tait un moteur, là?

Lucien: oui oui oui...

Marie: Pis ça servait... vous vous en serviez, pourquoi?

Lucien: Batt'e au moulin..., scier du bois... c'ta peu près, c'ta peu près rien que ça...

Marie: Pis vous'l'aviez envoyé la bas, pour...

Lucien: ... l'envoyer la bas, ben... Jean-Baptiste, icitte y dit vous...y voulait l'avoir l'engin, Jean-Baptiste... oui...ouin ben en toucas... y'avait toujours été à maison, mé... y voulait l'a'oir, ça faque j'ai envoyé là...

Icitte y commençait à avoir des tracteurs... on voyaient des tracteurs à différentes places... ca faque... la bas, on savait pas comment c'était des coups qu'y'a pas d'tracteurs... scier du bois, pis on est toujours en d'en scier, bon, pis... ben en toucas... faque y'a monté ça ben y'a monté plusieurs... machines oratoires... y'avait sait qu'avait des herses, des herses à dents... parce'que la bas y'avait pas grand chose, c'était nouveau... c'était des terres nouvelles, pis y'avait pas d'machines oratoires... et... des tracteurs, y'n'avaient pas... ben peut-êt'e des gros tracteurs pour travailler dans l'bois ch'é pas, là...

Ca faque... en tou cas l'a... l'a envoyé l'engin. On a envoyé un char, en toué cas... ouin... bon... ça faque...

Là ben l'char était rendu, là ben j'ai pas... eu ben ben d'nouvelles, ben pas ben d'nouvelles on y a été à peu près... à toutes les... trois ans... quatr'ans... on y'allait... y'avait toujours quelqu'un qui v'nait, pis... on s'est vu... assez souvent...

Marie: Vous avez du... trouver ça dur au début... de... vous étiez habitué de vivre avec la grosse famille...

Lucien: La maison était grande...

Marie: ouais...

Lucien: Ouin, la maison était grande. Après que Lucie a été parti, pis... Marie... pis Pierre... ah oui, la maison était grande...

J'ai pas resté tout seul pentoute... j'me suis marié, pis après ça ben... une semaine après, ben... mes soeur on parti... pis Pierre...

Ah, ça ça ça a faite changement, ça a faite changement, pis la terre, ben... je l'ai acheté... j'l'ai pas... payé cher... on n'avait faite un spécial... j'ai payé deux milles piasses ($2000)... et puis... j'donnais deux cents piasses par année... J'ai pas mal toute payé... les deux cents piasses par année, seulement y'a été un année, que... que j'ai pas été capab'e, j'ai d'mandé si... y pouvaient attend'e ben j'ai faite plusieurs payements pis après ça ben... y'a été un année que... j'avais pas faite de bois, pis... j'ai d'mander voir si y pouvaient pas attend'e un an... ha oui, y'ont dit, c'é correque... ça faque... l'année d'ensuite j'ai faite mes deux payments, ca faque j'ai toujours rentré dans mes payements deux cents piasses par année...

Asteur, deux cents piasses c'est pas beaucoup. Mé dans c'temps là, y'avait rien... y'a rien... quant t'on a faite not'e not'e not'e voyage là, on payait l'lait à dix cennes la pinte... c'est pas cher... Pour fére deux cents piasses ça en prend du lait faut en vend'e pas mal...

Faque moé j'ai resté avec six vaches, deux ch'faux... et puis des poules ben là, je sais pas... peut-êt'e une centaine peut-êt'e là... j'sais pas au juste...

Marie: Ca c'était en quelle année, ça?

Lucien: En quelle année, en quelle année, en quelle année...

Marie: C'est l'année de vot'e mariage...

Lucien: '34, 1934... (M: 1934...)... Pis les poules, là ben... j'né gardé la premiére année, pis après ça ben j'me suis débarassé de t'ça. Je n'ai pas 'r'gardé... J'nai par 'r'gardé parce la s'maine d'ensuite, l'hiver d'ensuite, j'ai resté à maison, j'ai pas été dans l'bois, pis j'ai faite des épitaphes (M: ah oui...)... j'ai faite trente épitaphes... dans l'poulailler... y'avait pas d'aut'e place que d'faire ça dans l'poulailler, pis là... ça faisait ben, c'est surtout pour ça que j'me suis débarassé des... des poules, parce que j'avais besoin de de de... de la bâtisse... j'avais besoin d'la bâtisse pour é épitaphes...

fin du côté A de la deuxième cassette


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