J'aurrai facilement put mettre le tout en un grand fichier, mais j'ai décidé de garder la transcription pour reflèter le médium sur lequel l'entrevue original fut enregistrer.
L'audio est disponible, au https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2503659. J'ai écouté la cassette, et créé cette transcription.
Il faut aussi se souvenir que cette entrevue fut faite en 1983. Lucien avait 76 ans, et les évènements qu'il raconte avaient eu lieu 50, 60 ans plus tôt. Il faut donc mettre en context. Il faut aussi pensser que la mémoir nous joue aussi certains tours parfois...
Au début de la cassette, Lucien nous dit comment son entreprise "d'épitaphes" a commencée, 50 ans auparavant!
Il parles aussi de ce qu'il a fait après le départ de sa famille en Ontario; qu'il a continué avec le charbon de bois, son érablière, prendre soin de la ferme... du moins pour quelques années.
Eventuellement, il a vendu la terre pour se concentrer sur son métier de maçon; il s'est bâti une nouvelle maison. Il parle des certains bâtiments qu'il a briquelés.
Il termine avec comment il vit sa retraite
Marie: C'est là que vous avez commencé à... c'est la première année que vous avez fait des épitaphe?
Lucien: Oui, oui, oui... la premiére année, j'ai faite trente épitaphes la première année, parce que la ben c'est parcque not'e vieux cimetiére y restait pus place dedans, et puis... on l'a changé d'place on l'a réloingné du village un peu... pis là y voulait le'r'greiller en neu'... c'est l'curé... y voulait avoir, toute des épitaphes pareils y'avait été voir un... un cimetiére à queque part là, autour de Québec,... pis... y'avait vu ça... toute des épitaphes pareils, toutes pareils tous le monde su'l même pied... ça faque y'a trouvé ça pas mal de son goût...
Ca faque... vu que j'était...maçon, que... y'a d'mandé si ch'pouvait en faire ben j'ai dit, ben certain que ch'capab'e d'en faire... ca faque y m'avait donné à commande, j'en ai faite trente... toutes des pareils. C'était pas mal beau de 'oir ça toutes toutes pareils pareils pareils tous l'monde su'l même pied. Pis... tous le monde 'tait content, pis là s'est ce c'est ce c'est ça qu'on fait encore, là... y'en a encore à faire là... y'en a... encore une vingtaire à faire, là... Ca faque aussitôt qu'ça va, qu'ça va adoucir un peu là... on va continuer ça.
Marie: Ca veut dire que ça fait... 50 ans, que vous faites des épitaphes?
Lucien: ... non... pas 50 ans... là... ah ben, en '34... ben oui, ben oui, ben oui. Ca va faire 50 ans prochainement (rire...)... (M: Faut fêter ça)... ouin ouin, c'est vrai, oui oui, oui oui,... les premiéres j'ai faites y sont encore, y sont encore deboute.... Pi y'a quatre ans à peu près, y'en a qui ont dérangés par la geler... y'en en qui sont éffripés un peu... en toué cas on n'a toute erpassé tous ceux là qui avaient besoin, ben d'êt'e raffraichit... on é z'a toute à peu près raffraichi... on n'a lavés plusieurs, parce que les oiseaux allaient... s'percher la 'd'sus... pis y laissaient leur carte de visite... ça faque que (quelques petits rires)... nous aut'es on aimaient moins ça, mais en toucas on a ôté leur carte de visite pis ça a fait du bien partout... (rires)...
Ah oui... ça faite 50 ans, c'est vrai... Mais là là c'est pas mal toute, parce on arrive au boute là là... y'a put'place dans l'cimitiére... c'est toute les épitaphes qu'y a à faire on va rach'fer de garnir... le cimitiére,... seulement que c'est pas tout vendu, mais... ch'é pas faque là ça va êt'e... ca va êt'e pas mal fini pour, pour un bon boute 'temps... Pas moé qui va en faire d'aut'e, là, pense pas... Ouin...
Marie: Ca faque c'est dans ce temp là que vous aviez... vous aviez commencé... toute la même année, vous êtes marié, vous avez comm... vous avez prit le contrat, là, vous avez commencé l'contrat pour les épitaphes (L: ouin...)... vot'e famille est partie en Ontario y s'en ai passé des choses cette année-là?
Lucien: ouin, ouin, après ça ben quanqu'j'avais à faire à aller bûcher... ou dans l'bois n'importe, mais y foullait que'ch'prenne du monde... après ça ben j'ai faite du charbon. Du charbon d'bois, là, ça sa... pas mal toutes les hivers ça a pas arrêté beaucoup... La la première hiver, là, après qu'j'ai faite les épitaphes là... j'ai donné ça à... Maurice Cantin, Maurice Cantin qui a prit 'à besogne qu'y'a faite du charbon... pis y charia... y faisait toute moé j'm'en occupa pas j'avait pas l'temps... j'ai seulement pas été voir ça... Chez Maurice eux'aut'e y's trouvait à êt'e quat'e. Y'a Maurice, Jos... Henri... pis... Paul, c'lui-là quié prêt'e là. Ca faque... à leux quat'e, y restaient au campe... y'avait deux ch'vaux, pis... eux aut'es y'avaient des hommes en masse y'avait pas d'terre à bois... ca faque ça a faite l'eux afférent pis ça a faite la mienne...
A part de ça du... j'y é été... toutes les ans... toujours été.... dans l'bois... passer les s'maines... ben j'passait pas les s'maines dans l'bois les premiers temps... l'temps que... Jean-Baptiste y'était là ben là j'passait les s'maines à partie les s'maines dans l'bois... mais après qu'y'ont été partie là... j'ai pas resté beaucoup... je, j'ai voyagé pas mal toute les jours... Ben en voyageant en faisant du charbon ben soué qu'on n'amène du charbon, ou ou ou... du bois d'chauffage... y'avait toujours quequ'chose à ram'ner l'soir avec les ch'faux...
Ca faque j'ai travaillé pas mal dans l'bois, j'ai faite toute sorte de choses là... faite du suc'e aussi là... du suc'e toute toutes les ans... faisait du suc'e.
J'aillissait pas ça, on étaient content d'laisser le les le, l'fourneau d'charbon pour, faire du suc'e... Content d'laisser l'suc'e pour prend'e les semances (des rires...)...
Ah oui... ah..., j'ai faite pas mal toute sorte de choses là, su à terre... pis après ça, ben... ch'travaillait en déyors à part de d'ça... J'ai travaillé pas mal en déyors... ah oui... après ça ben... j'avait un homme les premières années j'avais un homme, dans l'temps des récoltes.
J'engageait, j'restait à maison, pis j'prenait pas d'ouvrage en déyors dans c'temps-là. J'engageai un homme pour... m... m'aider à faire les récoltes. Faisaient é récoltes à course... pis après ça, ben aweille ailleurs.
Ent'les récoltes, j'était pas cultivateur, j't'ravaillait ailleurs. Ca faque j'avait toujours de quoi à faire, toujours de quoi à faire d'avance
Marie: Y fallais, parce que vous av..., vous aviez pas, pour l'hivers, vous aviez pas l'assurance chômage... (L: non, non)... fallait vous travaillié
Lucien: J'ai jamais r'tiré d'assurance chômage.
Marie: Pis la la famille a commençée à... arriver... pis à grandir... Vous avez eu... vous avez eu neuf enfants?
Lucien: ouin, ouin, c'est ça. Ouin.... ça fait que... ça fait, ça faisait d'quoi à a'oir on a travaillé on a travaillé pas mal... mais... on a jamais manqué d'ouvrage...
Marie: A un moment donné, vous avez décidé de... de vend'e la terre?
Lucien: oui... j'ai resté su à terre, mais j'ai jamais aimé ben ben ça. Y'a pas soin, j'en avait soin comme y faut, mais seulement que... j'aimait mieux, travailler en déyors, parce que, on avait l'argent, tout de suite. Tout de suite... ben... pas tu suite la même journée, mais seulement on voyait plus d'argent... plus vite.
Ca faque, j'ai décidé d'la vend'e, d'la vend'e, ben... pour vend'e la terre... faudrait faudrait une aut'e maison ça faque là ben... la maison a été construit là j'ai commencé tranquillement... on on faite la maison en bloque de ciment... et pis là pour la finir j'ai fini ça j'ai travaillé pendant, deux hivers...
J'partait avec un ch'fal et pis... j'allait d'ét'ler chez mon... voisin.. en face ou est-ce que cé qu'la maison a été construit là,... et pis là ben... j'ai travaillé... deux hivers là.
Fére la finition, pis... en toucas toute le bois... toute c'qui fallait pour la finir c'ta pas mal, toute, rendu... dans la maison... pis dans 'à cave, en toué cas... ca faque... j'ai faite les finitions... jusse un côté... des chamb'es c'tait toute divisées au côté les murs la finition ça y'avait rien d'faite.
C'tà fini en déyors mais seulement que s'ta pas s'ta pas en d'dans y'avait rien de de de de finition jusse les divisions que j'ai faites un côté.
En bas, pis... en haut... et pis... après ça, ben j'ai... fini 'à cave... y'en avait d'quoi dans cave là on a démanagé quant y... j'ai commencé à démanager tranquillement là chaque fois que j'allait, pour travailler à maison je n'enmenait d'quoi ç'faqu'on mettait ça dans des boîtes... pis les boîtes, ben en haut y'avait d' d'bois ça faque... j'mettait des boîtes dans cave... y n'avait des boîtes dans cave en toué cas... on n'a faite la moitié d'la cave pour commencer pis après ça ben on n'a toute tassé 'é boîtes su'l plancher pour arranger (mots incompréhensibles) l'aute moitié de, de cave.
Marie: Pis là, vous avez vendu la terre?
Lucien: Ouin, j'ai vendu à terre. Et pis là je me dit chu v'nu m'installer icitte pour êt'e proche de mon ouvrage, en partie, j'travaillait au Lac Saint Joseph... L'été, c'tait des grosses été savait pas quel bord donné à tête parce qu'on avait trop d'ouvrage... et puis, l'hiver, ben c'tait slaque pis j'avait pas grand chose à fére.
Mais, ordinairement je je travaillait jusqu'à Noël... y'a des fois... passé tout drouète... j'ai travaillé... quant y'a moyen... quant y'avait des maison qu... qu'y'était pas habitées par exemb'e qui restaient pas personnes des maisons pas fini l'hiver ça l'a arrivé assez souvent, y'avait des foyers à fére, ben là ben j'gardais ça pour l'hiver. Quant les gens faisaient la finition là... pour Donat Boivint (???) ça ça ça là arrivé plusieur fois là lui y bâtissait des maison lui pis... y faisait inque les l'vés pis la couverture pis mette la laine minérale pis après ça lui y finissait ça l'hivers avec ses hommes. Au lieu des slaquer là, y finissait ces maison là ça faque moi ben ça là arrive plusieurs fois que j'en profitait moé tou, pour aller... faire ces foyers dans c'temps là quant y'avait moyen d'garder ça pour l'hiver... tout ce qu'y'avait moyen d'garder pour l'hiver, je, je... l'gardait pour l'hiver...
Ca faque ça là arrivé assez souvent, ça.
Marie: Vous étiez toute seul en ce moment-là?
Lucien: ... oui. L'hiver, j'ai jamais gardé d'homme... l'hiver.
Marie: Mais... vous travailliez... vous étiez... entrepreneur, c'est ça?
Lucien: Oui, oui, c'est ça.
Marie: A votre propre compte?
Lucien: Ouin, ouin...
Marie: L'été, vous engagiez des hommes?
Lucien: Ouin... j'engageai des hommes pour... m'aider... y'a été... y'a été un été j'avais... pas mal de quoi à fére, parce que j'avais des journaliers pal mal... j'avait quatorze hommes une secousse... un gros... mur de pierre à fére... su'l bord du lac... y'avait pas mal de quoi à fére...
Ah j'en ai posé d'la pierre j'voudrais pas avoir su'l dos tousse que j'ai posé... (des rires)... j's'rait pas, j's'rait pas gros!... ah, je, j'ai, je j'pense ben que... j'f'rait l'tour du lac Saint Joseph avec l'ouvrage que j'ai faite là (M: ouin...)... ca f'rait tout l'tour du lac.
Marie: Vous n'avez faite des murs pis des foyers dans vot'e vie...
Lucien: Ah... n'est faite, n'est faite pas mal, n'est faite pas mal...
Après ça j'ai été... j'ai été... à l'hôpital Saint-Michel-Archange aussi. J'ai été deux ans... Y'en a un qui m'a d'mandé, "comment est-ce que c'est qu'ta été't temps... à l'hopitail Saint-Michel-Archange", ben j'ai dit "j'ai été deux ans". "Ouin, t'est tà pas mal malade!" (des rires...)... C'est pas parce j'était malade, c'est parce j'ai été travailler là su à construction. (d'autres rires)...
Oh, j'ai été deux ans... oh, j'ai aimé ça... on était ben m'né... seulement y'a été un été, là, j'ai passé... j'ai été deux ans complète. J'ai travaillé pour, Maurice Drolet, le frére à Thérèse... ça faque j'ai été ben usé on était pas mal mené, pis... j'ai ben aimé ça, j'ai ben... j'ai ben aimé ça, sa a ben été, pis là ben... c'était ben mieux que de 'r'tirer d'l'assurance chômage... l'assurance chômage j'n'ai jamais 'r'tiré, n'importe... j'aimais mieux ça, j'ai gagné pas mal c'est deux ans là.
Marie: Mais vous aviez pas droit à l'assurance chômage parce vous étiez entrepreneur?
Lucien: C'est ça, c'est ça... ca faque... l'hôpital Saint-Michel-Archange, j'ai pas eu l'occasion pis j'ai pas 'rtirer parce j'aurrait pu 'rtirer pareil si j'avait pas eu d'aut'e chose à fére là j'aivais d'aut'e chose à fére parce j'n'ai pas 'rtiré. J'n'ai par 'rtiré.
Ah, j'aimais mieux travailler plutôt que de 'rtirer d'l'assurance chômage.
Marie: Pis... quand vous êtes déménagé ici, là, la maison était pas toute à faite fini j'pense...
Lucien: Pas tout à faite. Le haut le bas était fini... y'avait ben pas mal de quoi 'd'fini mais seulement que... y'avait encore du bois dedans l'chemin, le haut là y'avait pas grand'chose de de de faite à part que... les divisions simples pis les séparations simples....
Ah... ah oui, j'ai travaillé pareil, pis fallu faire ça travaillé (mots indescriptibles) du soir finissions faisait ça l'soir...
Marie: Ca a prit combien de temps la finir?
Lucien: ah, mon doux, ça a pris ça a pris... trois quatre ans ch'cre bin (M: en tout?)... trois ans, quatres ans... ouin... ah ben ... ah pour faire après qu'on été rendu là?
Marie: ouin
Lucien: ah ouin, après qu'on été rendu, travaillait l'soir. C'est dans c'te secousse là que... j'ai travaillé que travaillé à l'hôpital Sainte-Michel-Archange..., quante... on a déménagé icitte ça faque c'pour ça qu'sa là'r'tarder la finition icitte tant qu'à avoir d'louvrage en déyorhs, moé j'né profité moé travaillé en déyord d'abord là...
Tout l'monde 'tait à l'abri, tout l'monde 'tait à chaleur, faque... j'n'ai profité pour travailler travailler en déyorhs.
Marie: Vous aviez combien d'enfants à ce moment là?
Lucien: Ah, à c'moment là, ben... Jean avait 2 ans, ça fait que....
Marie: Vous n'aviez... 6?
Lucien: 6? 6... ouin... ah oui...
Marie: Ca vous faisait un activité, vous?... Ca vous faisait beaucoup d'activité?
Lucien: Ah oui, ah oui... ah oui... ah, en toué cas... on a faite c'que c'est qu'on... qu'on a pu à faire...
Marie: L'hiver aussi... vous êtes allés travailler à l'extérieur aussi, est-ce que ça vous est arrivé des fois?
Lucien: oui, oui c'est vrait... on été travaillé à... été travaillé à Sorelle... alla pas... alla pas souvent... ça c'était au commenc'ment d'la guerre ca... la guerre... '39 '45 là... C't'ait des bâtisses de munitions d'guerre c't'ait des bâtisses pour fére des canons. La, ouin... j'ai travaillé là une partie d'l'hivers...
J'ai travaillé à La Tuque... des... des gros chantiers, au barrage La Tuque... tout l'temps dans maçonnerie tout l'temp dans brique... la brique, la pierre, y'a pas'd'différence...
Après ça, j'ai travaillé à Drummondville... c't'encore pareil, j'passait 'é s'maines... mais y' y'avait... ordinairement y'avait y'avait un homme, mais pas toujours y 'n'a pas toujours eu un homme... y'a des fois qu'la ville(????) était... quasiment t'seul...
Marie: Votre femme était ici... toute seule?
Lucien: Ouin... toute la famille... la gamme(??)... ouin...
Marie: Vous pouviez partir longtemps comme ça à la fois?
Lucien: Hein?
Marie: Est-ce que vous partiez longtemps à la fois?
Lucien: C'est rare j'ai été plus que deux s'maines, ouin... c'est rare j'ai été plus que deux s'maines. Comme à.... voyons... j'ai travaillé à 'a Tuque aussi mais...
Marie: Sorelle?
Lucien: Hein?
Marie: à Sorelle?
Lucien: Sorelle, ouin, quand j'ai travaillé à Sorelle ça addonait pas. Ca addonait pas... fallais ch'passe par Québec pour m'en v'nir icitte, pis... ça addonait pas... ca faque j'venait pas souvent. Mais là y'avait... y'avait quelqu'un... sais pas... j'avais eu... un... un homme pi'd(??) Dom Bosco (?) à Québec... l'est eu un hiver... c'ta ce'né un jeune homme...qu'y'avait... une vingtaine d'année ch'cre ben... et puis on lui donnait... j'pense c'est cin' piasses par semaine... messemb'e c'est ça cin' piasses par semaines, pis... y travaillait... C'était... un l'Dom Bosco y'en plaçait y ramassant les jeunes là pis y'en placait d'un bord et d'l'aut'e, su.. 'é cultivateurs... y'n'avaient de placés... dans "Bélair" ... y travaillaient au moulin à scie, là...
Y'n'avait deux trois... après ça Bromont(?) y'avait deux l'diregeant d'Bromont(?) y'n'avait un... ca faque comme ça qu'j'ai eu ça moé... parcqu'y'n'avaient eux aut'es ça faque j'ai d'mandé j'ai faite application pour n'avoir un pis 'né eu un.
Bin... s'all'a qu'j'ai eu... Y vallais pas cher y ramassant les jeunes là pis y'en placait d'un bord et d'l'aut'e, su.. 'é cultivateurs... y'n'avaient de placés... dans "Bélair" ... y travaillaient au moulin à scie, là...
Y'n'avait deux trois... après ça Bromont(?) y'avait deux l'diregeant d'Bromont(?) y'n'avait un... ca faque comme ça qu'j'ai eu ça moé... parcqu'y'n'avaient eux aut'es ça faque j'ai d'mandé j'ai faite application pour n'avoir un pis 'né eu un.
Bin... s'all'a qu'j'ai eu... Y vallais pas cher y ramassant les jeunes là pis y'en placait d'un bord et d'l'aut'e, su.. 'é cultivateurs... y'n'avaient de placés... dans "Bélair" ... y travaillaient au moulin à scie, là...
Y'n'avait deux trois... après ça Bromont(?) y'avait deux l'diregeant d'Bromont(?) y'n'avait un... ca faque comme ça qu'j'ai eu ça moé... parcqu'y'n'avaient eux aut'es ça faque j'ai d'mandé j'ai faite application pour n'avoir un pis 'né eu un.
Bin... s'all'a qu'j'ai eu... Y vallais pas cher. Y vallait pas cher... Y'avait peur des ch'faux à premiére chose, t'épais pas capab'e d'ateler un ch'fal. Ca faque... ça valais pas cher. J'lé gardé parce que (incompréhensible) d'icitte, là... Ca faque entoué cas j'lai j'lai gardé presque, presqu'un hiver. Après ça, ben... j'lé envoyé... A parce de d'ça, là...
Marie: Cà l'as fini comme ça, jusqu'à votre retraite, finalement?
Lucien: ha oui...(Lucien a chuchoté quelques chose à propos de sa retraite) ouin, ah oui, là ma retraite, ça vas bin, ça vas bin.
Marie: Comment vous avez prit ça votre... à 65 ans, là comment ça c'est fait? vous avez... avez-vous arrêté de travailler tout d'un coup? Ou ça c'est fait tranquillement?
L:... non... parce que j'ai pas arrêté encore! (rires...)... Seulement qu'j'ai modèré pas mal. Ah oui, j'ai modéré pas mal. Bin... j'travaille encore toué jour, à peu près toué jour, quant'y a pas de loisirs, mais j'erfuse pas de loisirs... j'ai pas... ça fait une secousse qu'on a pas faite de de grands voyages... aller dans é pays chauds... on a pas les moyens d'y aller, mais à part de ça... j'ai pas l'temps!
J'ai tout l'temps d'quoi à fére, tout l'temps, y'a rien qui presse... j'en prends pas, de quoi d'pressé, là, j'en prends pas... comprends tu?... et tout l'temps un p'tit peu pour me désenuyer, là.
Comme c'est là, ça vas... ca vas d'premiére classe là, faire des (incompréhensile) là, mais là, sept heure et demi, huit heure... huite heure, habituellement, chu d'boute. Quand même qu'on va veiller quand même que j'ira veiller toué soirs, coucher à minuit, à huit heure, j'vas êt'e deboute pareil... j'me couche pas dans l'jour, moé j'dors pas. M'endors pas.
Parce que c'est arrivé souvent va veiller deux fois, deux soirs de suite, comment, veiller, c'est pas fatiguant ça... m'en va... on va veillé là pis j'me couche... quand même qu'a va pas veiller, à 11 heures et demi, à peu près jamais couché. On s'couche entre 11 heure et demi, pis minuit... Pis prends un p'tit coup d'vin, on fait du vin nous aut'e (M: ouin...)... Fait qu'un p'tit verre de vin pas un grand verre, un p'tit verre avant d'me coucher, pis j'dors toute la nuite dors toute la nuite, pas comme connaissance d'la nuite.
Quand j'me réveil, là c'est au p'tit jour le matin, là des fois un p'tit somme là, mais... ma nuite est faite. On dépense pas d'énergie, ça faque... pas d'besoin d'dormir
Marie: Mais, vous en dépensé pas mal d'l'énergie, vous être toujours occupé.
Lucien: Bin, occupé, oui, ça s'correque, mais pas... d'énergie... physique... pas... c'est pas fatiguant à fére ça, l'énergie que j'dépense. C'est pas dur à... acceptéer. Et pis, ç'pour ça qu'on... dort pas, coucher à minuit, pis m'réveiller à huit heure, ma nuite est faite quand même que j'rest'rai couché... c'est tannant là resté couché là pas d'affére...
Marie: C'est quoi vous faites dans vos journées?
Lucien: Hein?
Marie: Qu'est-ce que vous faites dans vos journées, pour vous occupés?
Lucien: Pour m'occupé. Dans les loisirs, y'a le lundi après-midi... j'va allé à l'orphelina (?) jouer aux quilles, jouer au cartes, après ça y'a toute sortes de jeux là à l'orphelinat on peut jouer au pool... à la balle, au shuffle-boat... pis aux dames, on peu jouer aux dames, ah y'a toute sortes de jeux.
Et pis le lundi soir, on n'a nos quilles. Le mercredi, le mardi c'est nos notre réunion d'cartes nous aut'es là à toute les mardi soirs là, depuis plusieurs années, exepté que l'été, bin, ça arrête, ça.... Après ça, bin y'a l'mercredi, ben on est libre, on peu fére d'aut'e chose si on veut. On peu faire nos commissions... ça faque... Y'a des fois, que... on n'a des rendez-vous à faire. Et pis... c'est c'mode avoir une journée d'temps en temps (des rires...)...
Le jeudi après-midi, j'peux aller jouer, j'y vas d'temps en temps, jouer aux quilles, à Pont Rouge... les, le jeudi soir, c'est c'est c'est not'e réunion d'quilles nous aut'es là... c'est sévère là... Le lundi soir, pis le jeudi soir là, ouin ouin ouin, voudrais pas manquer ça 'es quilles ah on n'en manque pas beaucoup non plus.
Marie: Vous êtes bon à part ça, j'penses, hein?
Lucien: Bin... le meilleur est parti, ça faque c'est moé qui reste le meilleur.
Marie: Pis le vendredi, qu'est-ce que vous faites?
Lucien: Le vendredi, on va à une veillée d'danse, à l'Ancienne Lorette. C'fait pas longtemps qu'on y va ça fait inque cinq ans, là, on est à près fére la sizième année. Et puis... ça va ben.
Marie: Vous aimez ça danser.
Lucien: Hein?
Marie: Vous aimez ça beaucoup danser.
Lucien: Ah... j'aime ça quand ça grouille, pis là ben s't'un affére pour grouiller, c'est pas des veillée de danse ordinaire où c'est yinque des jeunes qui vont sauter dans place. Là, c'est des airs de danse, des airs pour les les les gens, d'âge d'or. C'est d'la danse qu'on est capab'e de danser... les les afféres pour, les airs de danse pour les jeunes là, sont pas capab'e d'y aller avec nous aut'es. Là ben, y connaissent ça eux aut'es là, pis c'tu orchest'e qui fait ça depu... ché pas comment d'année, mais plusieurs années, pis ça va ben... on... on on pas d'misère, on a pas d'misère. Pour ça qu'on y va si on avait d'la misére on y'irait pas...
Bon après ça l'samedi be y'a des fois qu'a va à d'aut'es veillées, mais ça... c'est pas souvent... c'est pas souvent. Surtout, not'e veillée principale, là, c'est celle-là, la veillée du vendredi soir.
Marie: Pis l'été, les fin d'semaines, qu'est-ce que vous faites?
Lucien: L'été, ça... voyons... la veillée de,... d'âge d'or ça c'est l'vendredi soir sa ça fini, dans l'mois d'juin. Quant sa fini ça, el jeu d'croquet est commencé, le jeu d'croquet ça, toute les beaux jours, ordinairement toutes les beaux jours... on y va. On va jouer au croquet, au village. On est... on est... quat'e, cinq, six, moins que deux ça joue pas, mais deux ça joue. Ca faque... on y va c'est c'est t'ois ou quat'e, ordinairement,... quant on peu êt'e quat'e, c'est ça qui va le mieux de toute. Quat'e, ça c'est l'fun. A quat'e, là, moé, j'aime bin ça. Sa fait plusieurs années qu'ont jouent aussi, ça fait... on a commencé, on a commencé... en même temps qu'les quilles ch'cre bin à peu près là.... ca fait... as mon doux... ça fait... une dizaines, huit, neuf, ans, huit neuf ans qu'ont jouent là au... croquet. Ca fait qu'on n'est toute bon.
Sagit que... la chance puisqu'on aut'e peu gagner. Mais... c't'un bon jeu aussi. Ca on a joué à mon () ché pas comment d'fois. On a joué dans l'mois de décemb'e l'automne passé.
Marie: au mois de décembre?
Lucien: Dans le mois de décembre, on a joué plusieurs fois dans l'mois de novemb'e. Pis y'en a un qui marquait ça su, su, y marquait ça à bois avec un clou. On n'est v'nu jouer quelle date y disait qu's'tait à derniére fois aujourd'hui là, j'va l'marquer, pis y faisait ça y'a fait ça... plusieurs jours... c'est à dernière foir aujourd'hui bin j'va l'marquer bon pis y l'a marquer. Pis y l'a marqué une fois dans l'mois d'décemb'e.
Ca faque... on n'a pas joué toute l'après-midi, y faisait pas chaud. On n'a été joué pour dire qu'on jouait dans l'mois d'décemb'e... j'cré qu'on a joué inque une partie.
En toucas, ça, on joue pas mal, on joue pas mal. Pis quand y fait beau là, c'est pas, ça d'mande pas... un gros énergie, pis... c'est ben l'fun.
Marie: Faites vous encore des voyages?
Lucien: Des voyages? Ah, on y'a été... on a été... au Mexique, au Mexique oui au dernière voyage qu'on n'a faite on n'a été au Mexique, on a été en Floride... on a été à 'a Baie James.
La Bais James, j'voulais y'r'tourner encore, ça c'est c'est beau d'voir ça.
Marie: Là, présentement M. Cantin, est-ce que vous avez des projets de voyage?
Lucien: Des projets de voyages, je... n'en pas vraiment... seulement que... on a une fille à Madagascar et pis on n'aimerait ben aller voir ça, ça fait chagement avec... icitte... pas pour aller rester là bin pour aller faire un tour aller les voir. On y pense. On y pense sérieusement ça va aller à... à l'automne peut-êt'e là. A part de d'ça là... On a pas d'aut'e chose.
Marie: Bon, j'vais vous souhaiter un bon voyage si vous en faite un, pis une belle retraite.
Lucien: Merci. Pour le moment c'est beau en toucas.
Marie: Tant mieux. J'vous souhaites que ça continue. Merci beaucoup de m'avoir accordé ces précieuses heures.
Lucien: Bienvenue...
fin du côté B de la deuxième cassette
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