Des remèdes-maison

Tu vas peut-être sourire à la lecture de la description des remèdes maison dont mes parents se servaient pour quérir nos bobos. Nous demeurions à plus de 15 km de la ville, pas d'auto, pas de téléphone. Quand un membre de la famille était malade, il n'était pas question d'aller voir le médecin. Il fallait savoir se débrouiller. Nous avons tous survécu.

Quand un enfant avait la grippe ou un rhume persistant, ma mère faisait un mélange de graisse et de moutarde, elle étendait cela sur deux morceaux de laine d'environ 12" par 12" qu'elle plaçait sur la poitrine et dans le dos du patient. Elle nous avertissait bien de ne pas prendre froid, car ça aurait pu "tourner mal". Il fallait des mesures de moutarde et de graisse assez précises, je me souviens que Marie-Claire avait été brûlée, elle avait des cloches d'eau sur le corps. Ce truc s'appelait une "mouche de moutarde."
Quand on pilait sur un clou, ce qui arrivait assez régulièrement sur la ferme, ma mère mettait une couenne de lard sous le pied blessé, ce qui était censé tirer le "méchant" vers l'extérieur. La situation pouvait devenir assez sérieuse si le clou était rouillé.
Quand ma mère jugeait que l'un de nous avait besoin d'une bonne purgation, elle sortait son pot d'huile de castor. Ce remède avait tellement mauvais goût qu'elle nous donnait une cuillerée de confitures aux fraises avant et après. Paul dit que dit que, pendant très longtemps il ne pouvait pas manger de confiture aux fraises à cause du mauvais souvenir du goût de l'huile de castor. Je me souviens qu'à quelques reprises, tous les enfants avaient dû en prendre. C'est à se demander s'il y avait des maux qui couraient...
Quand, malheureusement, l'un de nous attrapait des poux, toute la famille passait au peigne fin trempé dans l'huile à lampe. Peux-tu t'imaginer la senteur terrible ? Mes cheveux étaient très frisés et le peigne fin avait beaucoup de difficulté à passer... Je ne souhaite pas cette expérience.
Mes parents gardaient dans un pot en vitre des rognons de castor qui trempaient dans un certain liquide. Clément pense que ce liquide était de l'alcool. Il était défendu pour nous, les enfants d'y toucher. Je crois que je n'ai jamais su à quoi servait ce remède. Il y avait une sorte de mystère ou de secret autour de ce pot...
Le matin de Pâques, avant le lever du soleil, il fallait aller chercher de l'eau du ruisseau. Cette eau était conservée précieusement. Elle était censée avoir le don de nous protéger dans les tempêtes, les maladies, etc. Je me souviens d'être allée avec mon père cueillir l'eau de Pâques. J'étais pas mal petite et je ne marchais pas assez vite, mon père avait peur qu'on n'arrive pas au ruisseau avant le lever du soleil, alors il m'a prise dans les bras.
Au printemps, ma mère faisait bouillir de l'aubel pendant 4 à 5 heures. C'est une membrane qui se trouve entre l'écorce de bouleau et l'arbre. Elle coulait le tout dans une passoire et gardait le précieux liquide. On me dit que cela pouvait servir d'antibiotique.
Qu'est-ce que tu penses de nos remèdes maison? Lequel veux-tu essayer?
- Thérèse Germain St-Jules

Merci à Thérèse pour nous faire parvenir les articles de sa rubrique.
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