La bénédiction paternelle

Il existait dans mon jeune âge une tradition très importante, très solennelle, dans les familles canadiennes-françaises de l'époque: la bénédiction paternelle. Le matin du jour de l'An, quand tout le monde était levé et habillé, nous nous réunissions tous dans la grande cuisine (nous n'avions pas de salon) et demandions la bénédiction à mon père. Il faisait une petite prière et traçait une croix avec sa main. Il demandait au Seigneur de protéger chacun de nous pendant la nouvelle année. C'était un moment tout à fait sérieux. Puis venait le temps de présenter à chacun des membres de la famille nos souhaits de bonne année.

La religion avait une emprise assez forte sur nos vies, sur la famille, sur notre façon de penser. Il n'était pas question de douter, de contester certaines croyances ou d'émettre des opinions qui pouvaient paraître aller à l'encontre des enseignements de l'Église, de l'école ou de nos parents (et encore moins de notre grand-mère). La théorie de Darwin n'aurait pas fait vieux os chez nous. Ce n'était pas matière à discussion. C'était la croyance aveugle, l'abandon total, la soumission entière.

Il va sans dire qu'il y a eu bien des changements dans notre manière de penser depuis mon enfance. Si grand-maman revenait faire un petit tour sur la terre nous aurions sans doute droit à un bon sermon formel. Mes parents avaient une assez bonne capacité d'adaptation quand il s'agissait de religion. On peut difficilement dire qu'ils approuvaient de ces changements, mais acceptaient sans trop de difficultés apparentes la nouvelle vague. Ils méritent ma reconnaissance pour ce signe de respect.

    - Thérèse Germain St-Jules


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