Je serais prête à parier que tu ne sais pas ce qu'est la visite paroissiale. Je ne crois même pas que ça existe encore de nos jours. La tradition voulait qu'à chaque année, le curé visite toutes les familles de sa paroisse.
Le tout premier but de cet exercice était, paraît-il, d'apprendre à connaître ses paroissiens. Mais, il y avait un autre but tout aussi important, surtout pour le curé : c'était l'occasion pour lui de collecter la dîme. La dîme, c'est un mot dérivé du latin qui veut dire 10ième. Tous les paroissiens devaient donner au curé 10ième de leurs revenus. Cela constituait son salaire.
Ceux qui ne pouvaient pas payer en argent comptant, pouvaient le faire en espèces, comme exemple, une poche de patates, quelques livres de beurre, des pots de confiture aux fraises ou framboises ou bleuets, des pots de viandes cannés, du ketchup-maison, une couverture tissée au métier, ou n'importe quel produit de la ferme ou confectionné à la maison.
Je me souviens d'avoir entendu mon père dire que la dîme, c'est la première chose à payer. Si un paroissien trichait sur sa dîme, il devait s'en confesser. À qui? Au curé...
Tu aurais dû voir toutes les cérémonies qu'il fallait faire en préparation de cette visite paroissiale. On devait laver les planchers de bois à quatre pattes, épousseter les murs en logs, laver les fenêtres à la grandeur, un vrai grand ménage !!
Nous devions être endimanchés, c'est-à-dire porter nos vêtements du dimanche. On appelait cela être sur notre 36. Et que dire des recommandations de la part de nos parents d'être sages, de bien répondre aux questions de Monsieur le Curé, etc. Ma mère a été scandalisée une fois parce que Bruno avait dit à Monsieur le Curé que la chatte avait eu des petits chats et Marie-Claire avait accidentellement lâché un pet. Tout à fait inacceptable.
Ma mère préparait une boîte spéciale pour donner à Monsieur le curé, dépendant de la saison : des légumes frais du jardin, des pots de confitures faits avec des fruits cueillis à la sueur de notre front, ou encore des conserves. Le prêtre annonçait toujours sa visite à l'avance ; certains disaient que, de cette façon, il avait meilleure chance d'être invité pour un repas. Il annonçait en chaire, le dimanche, à la grand-messe : "Je ferai, ma visite de paroisse lundi chez Desmarchais, mardi chez Germain, mercredi chez Bourgeois."
Habituellement, le curé était la personne la plus instruite du village. Il arrivait souvent qu'on lui demandât conseil dans toute sorte de différents domaines: la santé, les finances, l'éducation, etc. Il est reconnu que les prêtres avaient une grande influence sur ses ouailles.
La religion menait tout dans nos vies. Il y avait de grands sermons qui obligeaient les parents à avoir de grosses familles. Il était absolument défendu d'empêcher la famille, c'est-à-dire de se servir de moyens de contraception. Il fallait faire beaucoup de petits catholiques. Plusieurs se sont révoltés à ce sujet.
    - Thérèse Germain St-Jules
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