Quand j'ai commencé l'école, notre maison était située très loin de l'école, à plus de trois kilomètres. Au printemps et à l'automne, je marchais à l'école dans des chemins de boue, on appelait cela de la terre glaise qui collait à nos bottes… Il y avait de la gravelle seulement le dernier petit bout de chemin. Ma mère me donnait une petite branche pour nettoyer mes bottes en cours de route parce qu'elles devenaient tellement pesantes que j'avais de la misère à avancer...
J'avais toujours hâte à l'hiver parce que j'avais un moyen de transport bien mieux : le matin mon père attelait notre chien, Miraud, à un traîneau. Miraud me tirait jusqu'à l'école où il s'attêtait juste assez longtemps pour me laisser descendre. Puis il continuait jusqu'à la maison de Grand maman qui lui enlevait son attelage. Après l'école, on faisait l'inverse.
Il y avait d'autre élèves qui venaient à l'école en chien. C'étaient des élèves plus vieux. Ils attachaient leur chien dans le hangar, en prenant bien soin de les éloigner l'un de l'autre. Il arrivait parfois que l'un deux se détachait et la guerre prenait. On entendait des aboiements et des grognements. Le professeur disait alors: "Les gars allez séparer les batailleurs."
Un jour il m'est arrivé un accident assez cocasse : sur le chemin, il y avait une côte en pente raide… Le dessus du traîneau était fait de petites planches espacées de quelques centimètres. En descendant la côte, le traîneau est allé plus vite que le chien et sa patte est restée prise dans l'espace entre deux planchettes. Miraud hurlait, ça lui faisait mal. Il ne me laissait pas l'approcher. Je pleurais. Je ne pouvais pas le laisser là… je ne pouvais pas l'aider… Je faisais quelques pas pour m'en aller vers l'école, mais je l'entendais se lamenter, alors, je revenais… Tout un dilemme pour une enfant de 7 ans… Normalement, je n'avais pas du tout peur de Miraud, c'était un chien doux et très bon avec les enfants. Mais la douleur à sa patte le faisait grogner... Finalement, à force de remuer, la patte de Miraud a été libérée… et nous avons pu nous rendre à l'école sans autre incident...
Naturellement, j'ai raconté ma mésaventure à mon père. Il a réglé le problème en ajoutant une planche de travers pour boucher les espaces...
J'ai une photo que j'ajoute ici [NDLR: je n'ai pas la photo...]. Je devais avoir 3-4 ans, avec ma mère et ma tante Rachel. Il arrivait qu'on attelait plus d'un chien pour leur faciliter la tâche de tirer le traîneau ; à ce moment on disait qu'on avait une "team" de chiens.
    - Thérèse Germain St-Jules
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