Mon père, aidé de mes oncles, a bâti notre maison en billots équarris. Le tout était calfeutré d'étoupe qui agissait d'agent insulateur. On y mélangeait un peu de goudron dans le but de décourager les insectes et petits animaux d'entrer et de s'y installer en permanence. Ma mère avait tapissé les murs intérieurs avec des boîtes de carton aplaties pour conserver davantage la chaleur du poêle à bois.
Mes frères, Paul et Bruno, aimaient beaucoup me taquiner. "Les filles, ça peur de tout... Elles ont peur du vent, des couleuvres, de la noirceur... de tout, tout." Je me défendais tant bien que mal, assurant que je n'avais peur de rien, y compris mes frères. Cette conversation avait eu lieu pendant le dîner. Quelque temps après, ma mère me demande d'aller en haut pour aller chercher un oreiller qu'elle voulait réparer.
Mais voici, qu'en arrivant en haut, j'aperçois une souris qui est allée se cacher derrière le carton sur le mur. J'ai crié tellement fort !!!! et je suis descendue les escaliers à la course. En arrivant dans la cuisine, j'ai perdu connaissance, étendue par terre. Ma mère se demandait bien ce qui se passait.., mais je ne pouvais pas expliquer...
Finalement, après quelques débarbouillettes d'eau froide sur le front, je suis revenue tranquillement et j'ai pu raconter mon aventure. Mes frères ont bien profité de l'occasion pour me taquiner davantage. Mon vocabulaire s'est enrichi: c'est à ce moment que j'ai appris l'expression "perdre connaissance."
J'ai été des mois sans vouloir monter en haut toute seule. Ma peur des souris est disparue mais je ne les aime pas du tout ... J'en ai dédain.
- Thérèse Germain St-Jules
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