Aimé Chevrier et la gare de Hearst

Introduction

Ce qui suit est le texte d'Aimé Chevrier, rédigé en novembre 2021, et en mars 2022, dans le groupe Facebook/Hearstory. Ces deux textes incluaient, en premier temps l'histoire de son grand-père paternel Henri Chevrier, et en deuxième temps, son grand-père maternel Joseph de Champlain, chef de gare à Hearst. Ils étaient bilingues, et incluaient une serie de photos (8 pour Henri Chevrier, et 24 pour Joseph de Champlain).

J'ai gardé le français et l'anglais, tel qu'écrit par Aimé dans ses textes.

Je n'inclu pas ici ses photos, mais j'en ai utilisé quelques unes dans ma page traitant sur la gare de Hearst.

Ses textes, avec photos, sont disponibles sur Facebook/Hearstory:

Notez que vous devez être membre de ce groupe pour y accéder. Il fut créé en 2021 par Ernie Bies, pour commémomer le centième anniversaire de Hearst en 2022. Il est encore actif en 2023, mais nul ne sais quand le groupe cessera d'exister sur Facebook...

Je vous laisses Aimé raconter...

Henri Chevrier

Mes grands-parents paternels Henri et Martine Chevrier arrivent à Hearst c. 1920-21, la quarantaine avancée, les deux nés en 1871.

Henri, né à Lachine, grandit dans la région de Chenneville, Qc. À force de travail, animé d'un esprit familial et d'un soutien inébranlable de Martine, née à Ripon, il devint tôt entrepreneur dans l'industrie forestière et ensuite propriétaire de magasin général. La famille à ce moment comprend dix enfants vivants.

En 1916, ils ont atteint un niveau de vie, for respectable, quand le magasin général passe au feu, une perte totale.

Après deux déménagements, en premier comme entrepreneur dans l'industrie forestière à La Tuque et ensuite à Montréal, où il loue une maison de chambres et dans le transport comme maître charretier, la famille trouve difficile l'adaptation à la grande ville.

Désireux d'améliorer leur sort, et à l'instar de plusieurs familles du Québec à l'époque, Henri, Martine et six enfants quittent pour se rendre en Ontario. En arrivant au nord de l'Ontario, il redevient entrepreneur dans l'industrie forestière pour environ trois années à quelques endroits, dont Folyett, Westree (ils y font connaissance avec les familles Veilleux), Bethnell et Makwa, ces endroits situés dans la région Gogama-Sudbury.

À l'aube de leur cinquantaine, désirant une vie de famille moins mouvementée, et surtout de permettre la scolarisation de leurs deux derniers fils, après avoir pris connaissance des possibilités de redémarrer à Hearst et d'y vivre en français, ils choisissent de s'y installer en permanence.

S'en suivent l'achat de terrains sur la rue Georges, l'inscription de mon père Aimé et de son frère Florian au couvent des Soeurs du Perpétuel Secours, l'institution servant d'orphelinat et d'école pour francophones, le déménagement de la famille et la construction de l'hôtel Capitol.

    Aimé Chevrier
    9 novembre, 2021
    (le texte original inclu 9 photos)


Joseph de Champlain

An English version follows.

LA GARE DE HEARST ET MA FAMILLE CHEVRIER

Ma mère Laurette, née au Lac aux Saumons dans la vallée de Matapédia au Québec en 1915, est la deuxième de sept enfants de la famille de Joseph et Francesa de Champlain. Ils arrivent au Nord de l’Ontario dans les années vingt.

Son père, télégraphiste et opérateur de gare, travaille alors à Fauquier, à quelques milles de Hearst. Sa mère Francesa, couturière de métier, est femme au foyer. Après quelques années passées là, il devient le chef de gare à Hearst.

Mon père Aimé fait connaissance de cette famille, par le biais du plus vieux des enfants, René de Champlain, à l’école du couvent des Sœurs du Perpétuel Secours à Hearst, de 1921-25. Mon père, qui poursuit des études supérieures à l’extérieur, notamment Sudbury, Ottawa et Brockville, revient en permanence au plus fort de la crise économique, en 1931. Avec l’aide financière de son père, qui acquit la propriété du Dr Kwakenbush, au 910 rue Georges, il ouvre, co-propriétaire avec son frère Émeraude, un magasin général.

C’est en courtisant ma mère Laurette qu’il renoue avec la famille de Champlain. Après être devenu propriétaire unique du commerce, ils se marient le 1 octobre 1935.

Au début des années quarante, il y ajoute un restaurant, Chez Aimé, et devient contractuel pour le Cochrane Bottling Works, pour la distribution du Coca Cola aux commerçants du village. C’est là, que mes sœurs Jeannine, Henriette et moi sommes nés, leurs premiers petits-enfants de Champlain, trois en quatre ans.

Les de Champlain vivent au 2ème étage de la gare de Hearst, ce qui nous permet un accès privilégié à ce splendide édifice, de style unique des chemins de fer de l’époque. En autres, les repas de famille chaque dimanche dans leur appartement reflétant ce style, gravant l’escalier et les murs en bois foncé, la senteur de cire, la décoration; les visites accompagnées des différents locaux, de trains et wagons, bureaux; le petit restaurant, géré à l’époque par Mme Lucien Tanguay, pour déguster une crème glacée ou boire un Orange Crush froid, dans une bouteille brune; tout cela reste gravé dans nos mémoires.

Grand-mère, habile couturière, faisait tous nos vêtements, couture et tricot, était une fière jardinière, s’occupant personnellement de beaux jardins de fleurs autour de la gare, entretenait leur appartement, tout reluisait. Elle avait son permis et conduisait leur voiture, assez inusité pour une femme durant ces années.

Grand-père nous faisait visiter la gare, le bureau de télégraphe, nous a montré à mettre monnaie sur les rails. Il fumait la pipe, possédait une collection de pipes, mais souvent utilisait une pipe en plâtre; souffrant de diabète, il nous laissait goûter ses petites saccarines.

Les de Champlain et leurs enfants avaient des passes pour voyager train, donc les tantes qui s’occupaient beaucoup de nous, nous ont permis voyager, sans frais, pour aller visiter notre tante Carmen à Moobeam, visiter Kapuskasing, grande ville pour nous à l’époque. Même après leur départ de Hearst, notre famille a pu les visiter en train, durant l’été de 1945.

La présence des de Champlain est omniprésente pendant notre enfance, et notre relation avec les grands-parents, les oncles et tantes ne laisse que d’heureux souvenirs d’enfance.

Grand-père, grand-mère, tantes Jeanne d’Arc et Marie-Paule et oncle Guy, quittent en juin 1943 pour s’installer La Malbaie.

Notre oncle René avait quitté plus tôt pour faire carrière dans l’industrie ferroviaire; notre tante Carmen, religieuse avec les Sœurs grises de la Croix, continue d’enseigner à Moonbeam et devient missionnaire en 1945 au Malawi (autrefois Nyassaland), Afrique du sud, pour vingt-cinq ans.

Et notre tante Rita, jeune institutrice, continue d’enseigner à Hearst et quitte fin des années quarante.


THE HEARST STATION AND MY FAMILY CHEVRIER

My mother was born in Québec in the Matapedia Valley in 1915, the second of seven children of Joseph and Francesa de Champlain.

Her family arrived in Northern Ontario, her dad working for the railways in the early 20’s, initially as the Fauquier station operator, and later as station master in Hearst.

My dad had gotten to know the de Champlain family, where attending at the Hearst convent, he had befriended the oldest of de Champlain children, René in 1921-25. After his primary level schooling, he was away at boarding school for six years, at the Collège de Sudbury, then at Ottawa U, and finally at the Brockville Business College.

My dad returned during the economic depression in 1931, and with the financial assistance of his father Henri, and with and his brother Émeraude as co-owner, opened a general store, in the acquired 910 Georges Street property, where Dr Kwakenbush had lived and practised before departing. That is when my dad’s relationship with the de Champlain family solidified, and after becoming the sole owner of the business, he married my mom, Laurette, on October 1, 1935. Early in the 40’s, he added to the business a small restaurant, Chez Aimé, and contracted, with the Cochrane Bottling Works, for the distribution of Coca Cola to businesses in town.

That’s where my sisters Jeannine, Henriette and I were born; we were the first grandchildren of the de Champlain family.

They lived in the second-floor apartment of the Station and therefore we had a privileged access to this exceptionally unique building.

The Sunday dinners, walking up the second-story stairs, the dark beautiful woodwork, the impeccable cleanliness, the smell of the wax, our guided visits by Grandfather Joseph in the locomotives and of the various station operations, letting us play with his collection of pipes and tasting his saccharine pills (he was a diabetic), eating ice cream or drinking Orange crush in a brown glass bottle in the small station restaurant run by Mrs. Lucien Tanguay.

Grand-mother Francesa, being a trained seamstress, made much of our children’s clothing, she grew beautiful flower gardens on the station grounds, even held a driver’s licence and drove the family car, no small feat for a woman in the 30’s and 40’s.

The family had passes for travelling by train, so we were able to travel freely, on one occasion to Moonbeam visiting our aunt Carmen, and another to visit Kapuskasing, a big town for us then. We were even able to travel and visit them in La Malbaie Québec in 1945, after they had left Hearst.

We were very close to our aunts and uncles and saw them frequently. Their presence was important to our small family. Such fond childhood memories with our de Champlain family members!

The family left Hearst in the summer of 1943, Grandfather Joseph transferring as a stationmaster closer to his birthplace, together with Grandmother Francesa, Aunts Jeanne d’Arc and Marie-Paule and Uncle Guy.

Aunt Carmen who was a nun teaching school in Moonbeam, left in 1945 to be a missionary in South Africa for 25 years, in Malawi, formerly known as Nyasaland.

Another Aunt Rita teaching in Hearst then, also left near the end of the 40’s.

    Aimé Chevrier
    28 mars, 2022
    (le texte original inclu 25 photos)


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