Dans mon introduction, j'ai mentionné que mes ancêtres sont venus à Hearst lors de la deuxième vagues d'immigration. Pourquoi la "deuxième vague" avait-je dit? En voici l'explication. Le premier groupe qui habitait Hearst était, pour la très grande majorité, directement relié au chemin de fer. C'était soit des employés des compagnies ferroviaires, ou des commerçants faisant affaire directement ou indirectement avec les compagnies ferroviaires. Pour la plupart, c'était des anglophones. Certes, il y avait certains francophones, mais ils étaient dans la minorité. J'ai regardé dans les livres Clayton's Kids, Témoins de notre histoire et les deux livres Gens de chez nous pour voir qui sont arrivés à Hearst avant la première guerre mondiale, donc en 1914 ou avant. Ce n'est pas une recherche très poussée, mais ça nous donne une bonne idée. Voici la liste complète que j'ai rédigé...
De ces personnes, une seule est francophones (à première vue, Achilles semble être francophone; en fait ils venaient d'Allemagne). Dans Gens de chez nous, Mme Turgeon nous dit que la population de Hearst était d'environ 100 personnes lorsqu'ils sont arrivés en 1912. Dans le groupe Facebook/Hearstory, Ernie Bies a affiché une pétition, signé par les résidents de Hearst, incitant le gouvernement à prendre des démarches pour nettoyer le cite de la ville de branches sêches, de souches, ect., pour prévenir un feu dévastateur. Cette pétition était daté du 8 mars 1912, et contenait 78 signatures. C'était les premières personnes à demeurer à Hearst. |
Ensuite est venu ce que je considère comme la première vague d'immigration dans la région. Cette première vague a attirée, en majorité, deux groupes de personnes:
Je ne peux pas le prouver, mais c'est ce qui se passe habituellement lorsque plusieurs terrains sont mis en vente: plusieurs des terres sont achetés par des spéculateurs, qui les revendent ensuite à profit. En fait, Ernie Bies, dans un article affiché dans Facebook/Hearstory le 25 avril 2022, décrit en détail comment les lots de la villes furent arpentés, leurs prix (variant de $75 à $150), et... l'achat de plusieurs lots par des spéculateur non-résident (l'un de North Bay, l'autre, de Haileybury). L'un de ces spéculateurs (celui de North Bay), avait acheté 54 lots! Son but? Les déffricher, pour ensuite vendre à profit...
Ceci n'est pas le point de ce site. L'important est que des terrains (site de la future ville, en 1911) et des terres (celles des cantons, arpentés en 1912), furent mis à la disposition de colons, suivant des conditions prédéfinient par le gouvernement (surtout pour celle dans les cantons). Les détails de ces conditions ne sont pas important. L'importance est que les immigrants qui venaient s'installer sur une terre devaient en déffricher un certain montant par année (disons 5 acres); ils pouvaient aussi vendre une centaines de cordes de bois par année (habituellement 100 cordes), coupé sur les terres de la couronne, à des compagnies forrestières; un maison (dison plus un "shack") d'un minimum 16 sur 20 pieds devait y être construit la première année. Si le colon pouvait rencontrer ses conditions pour une période pré-déterminée (3 ans?), il devenait propriétaire de ce terrain. S'il ne pouvait pas rencontrer ces conditions, il perdait la terre. Ou, comme il en est arrivé souvent, le colon se décourageait, et vendait sa terre avant de partir. Cette terre était souvent achetée par un de ces spéculateurs... une personne qui la vendait ensuite à profit, aux immigrants qui furent parti de la "deuxième vagues" de colonisateurs... dont mes grand-parents. Ces colons, en majorité les immigrants d'Europe, et les travailleurs féroviaires font partie de cette première vague de colonisation. Plusieurs n'ont pas réussi à rencontrer les exigences du gouvernement, ou se découragèrent après quelques années. D'autres sont déménagés après avoir trouver de meilleures opportunitées éconimiques ailleur au pays. Cette vague débuta vers 1910, avec la venu de chemin de fer, et se termina circa 1930. Ces premiers colons sont arrivés sur une terre vierge. Aucun bâtiment, aucune clairière. Seulement des arbres à couper, et avec des outils très rudimentaires... La majorité de ses immigrants venaient d'Europe, ou du sud de l'Ontario. Le livre " Claytons's Kids -- Pioneer Familes of Hearst Public School" nous décrit plusieurs de ses immigrants Européens. Il nous viennent d'Allemagne (Achilles), de Slovakie (Antonick, Bies, Sevc, Siska, Slobodnick), d'Angleterre (Bryant, Grieve, Leddy, Nichols, Turner, Wilson), de la Biélorussie (Bubnick), de la Bulgarie (Chalykoff, Drajanoff, Shoppoff), de la Croatie (Bosnick), de la Suède (Clarin, Cahlin, Larson, Palmquist, Selin), de la Finlande (Erola, Halme, Hietala, Jansson, Koivisto, Koski, L&aeuml;hde, Lahtinen, M&aeuml;ki, Multam&aeuml;ki, Paasila), de la Roumanie (Stolz), de l'Ukraine (Davitsky, Giecko, Guty, Terefenko)... et j'en passe. Entre parenthèse, j'y ai mit des noms de familles venant de ces pays. Ce ne sont pas tout les immigrants de cette première vague; seulement certains de ces immigrants. En lisant ces noms, je me suis souvenu de plusieurs lors que mon enfance à Hearst, dans les années 1960 et 1970. Koivisto prenait notre autobus. Mon père nous parlait des Finlandais et de leur sauna. Un endroit pas loin de chez nous était "la terre à Lahtinen" -- refférant aux Lahtinen qui y habitait jadis. Il y avait les autobus Bubnick. Le magasin à Mäki, Achilles Men's Wear, Ted Wilson's. C'était dans les années 1960 et 1970, et je ne savait pas que ces personnes étaient des immigrants de pays d'Europe, qui avaient colonisé Hearst, plusieurs d'entre eux pendant cette première vague d'immigration.
Il est même arrivé que le gouvernement établisse une zone où, pour un certain nombres d'années, un groupe ethnique spécifique avait la monopoly sur colonisation. Dans son livre "Pioneer Parners at St. Paul's", Margaret Arkinstall dédie un chapitre entier sur l'établissement de la communauté ethnique Mennonite à Reesor, en 1925. Ces mennonites, de langue Allemande, fuyaient la Russie, peut après la tombée du régime tsariste suivant la première guerre mondiale. Ils sont arrivés à Reesor alors qu'il n'y avait aucun chemin pour s'y rendre. Seul le train y passait. En passant... le nom de Reesor nous vient de Thomas Reesor, un ministre et leader d'une communauté Mennonite du sud de l'Ontario (Margaret Arkinstall mentionne Pickering, alors que le site web sous-mentionné mentionne Scarborough, et la page Wikipedia parle de Markham...). En plus de Mennonites, un certains nombres de Finlandais et de canadiens français y étaient aussi établis. Ces pionniers firent donc parti de la première vague de colonisation. Malheureusement, 50 ans plus tard, en 1975, il ne restait (à Reesor) qu'un seul descendant de cette communauté mennonite... La page web https://www.ghosttownpix.com/ontario/towns/reesor.html donne aussi certains autres détails sur Reesor. Je mentionnerai de nouveau cette communauté lorsque nous parlerons des écoles de la région.
Plusieurs des ces immigrants ont changé de noms en arrivant au Canada. Pourquoi? En voici quelques raisons:
Parfois, seulement la prononciation du nom était changé. En voici quelques exemples, tiré du livre Clayton's Kids
Il n'y a pas que les immigrants d'Europe de l'Est et de Scandinavie qui ont changé de nom en arrivant au Canada. Mon ancêtre paternel était Nicolas Quentin. Le nom fut changé de Quentin à Cantin. Similairement du côté des ancêtres de ma mère, la première personne arrivée en Nouvelle France était Henry Brault dit Pommainville. Au fils des générations, pour la famille de ma mère, le nom est devenu Pominville, mais plusieurs utilisent encore Pomminville, Pommainville, ou encore Pomainville. Pour revenir à mon sujet, plusieurs de ces immigrants étaient venus au Canada aspirant à une vie meilleure. Ils fuyaient la pauvreté, la guerre, l'incertitude, l'instabilité politique (par exemple, la Finlande, après la première guerre mondiale, était au prise avec une guerre civil). Dans certains pays d'Europe, plusieurs venaient de familles qui travaillaient sur des terres louées, avec aucune chance d'achat (c'était le cas dans plusieurs pays de l'Europe de l'Est). En fait, ils se cherchaient une vie meilleure pour eux, et pour leurs enfants. Plusieurs sont venu seul, laissant leur femme, et souvent un ou plusieurs enfants, dans leur pays d'origine. Ceux-ci, pour la plupart, sont venu rejoindre leur mari (ou père) quelques années plus pard, lorsqu'il avait assez épargné pour payer leur passage.
La majorité de ces immigrants ne parlaient pas anglais ni français. Pour la plupart, arrivant en Ontario, dans une localité où la langue majoritaire était déjà l'anglais, la langue chosit fut donc l'anglais. Les enfants furent donc envoyé à l'école anglaise. Dans certains cas, l'institutrice aidait les parents de ses élèves en traduisant les formulaire gouvernementaux pour eux, de l'anglais à leur langue maternelle. C'est le cas de Stella Drajanoff. Ernie Bies, dans son article Bradlo, Ontario : A Slovak Colony Carved from the Boreal Forest (https://www.ontariohistory.org/bies-slovak-bradlo.htm), nous raconte que Stella Drajanoff, première institutrice de l'école deservant Bradlo (école désigné S.S. Kendall No. 4), a souvent aidé les nouveaux colons avec la traductions de lettres, de documents gouvernementaux... et de commandes du catalogue Eaton's! L'année était 1933, et plusieurs colons d'origine Slovaque venaient d'emménager Bradlo, avec, pour la plupart, une connaissance presque inexistante de l'anglais. J'en mentionnerai plus dans la section des école, et laisserai Stella nous donner plus de détails dans cette section. La même chose avec Sirkka Erola pour une des écoles dans Casgrain. L'anglais, pour les immigrants venant des pays Européens, était donc la langue domminante à Hearst. Ca ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de français, ou qu'il n'y avait pas de colons de langue française. Gens de Chez Nous et Témoins de notre histoire nous démontre que plusieurs pionniers étaient francophone. Par contre, lors de cette première vague, il y avait beaucoup de différents groupes ethniques, venant de divers pays. C'est ce que j'ai voulu démontrer.
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La "deuxième vague" a débuté vers la fin des années 1920 et continué jusqu'à la fin des années 1930 ou début 1940. Cette vagues est majoritairement attribuée aux prêtres colonisateurs et à leurs propagandes pour attirer les immigrants francophones au nord de l'Ontario.
Pour plusieurs de ces immigrants, ils achetèrent la terre d'un spéculateur. Le "shack" de 16 pieds sur 20 était déjà construit, et quelques acres y était déjà déffriché: c'était la terre d'un immigrant de la première vague qui n'avait pas rencontré les exigences gouvernementales pour devenir propriétaire de sa terre, ou qui s'était découragé et avait vendu sa terre pour s'en aller ailleur... Mes grand-parents maternel et paternel ont fait partie de cette deuxième vague d'immigrants, dans les années 1930: ils sont arrivés dans la région, et ont "magasinés" pour une terre. Je considère donc la première vague étant celle où les immigrants (ou les colons) ont reçu leur terre directement du gouvernement, après avoir recontré les exigences requises pour en devenir propriétaire. La deuxième vagues est celle où les immigrants (ou les colons) ont acheté leur terre d'un particulier, parfois un spéculateur, qui lui, l'avait acheté d'une personne de la première vague... Cette définition des vagues d'immigrations veut donc dire qu'il n'y a pas de démarcation spécifique quand la première vague s'est terminée, et quand la deuxième vague a commencée -- il y a donc un chevauchement entre ces deux vagues d'immigration.
La Voix NationaleDepuis le début des années 1920, les prêtres colonisateurs de la province de Québec encourageaient les fermiers à aller s'installer non seulement au nord-ouest québécois, mais aussi au nord-est de l'Ontario. Leur but était de prendre "contrôle" du nord de l'Ontario avant que les anglais ne le fasse.
Au début des années 1930, spécifiquement en 1932, un "Congrès national de Colonisation" était tenu à Montréal. Un extrait des rapport présentés à ce congrès est disponible au https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2561295?docref=4saJvDhpEPz3UVG5tKO8eg. La page titre nous apparait sur cette page. Nous avons aussi une version local de ce rapport. Le but de ce congrès était de démontrer que la colonisation "canadienne" (i.e. catholique française) était nécessaire pour la survie de "sa race" (expression ouverte à interprétation, selon le contexte des années 30)... En même temps, la revue mensuelle "La Voix Nationale" encourageait les Québécois à aller s'installer au nord de l'Ontario, où des terres arables étaient mises à la disposition des colons. L'Eglise Catholique française encourageait fortement ses fidels à y aller, afin de s'assurer la colonisation du nord de l'Ontario par les canadiens-français, avant que d'autres groupes s'approprient cette région. Cette poussée du clergé québécois, couplé avec la crise économique des années 1930, a su encourager plusieurs fermiers québécois à venir dans la région de Hearst et de se procurer des terres. Nous verrons plus tard que mes grand-parents paternels ET maternels sont venu dans la région grâce à ce marketing du clergé québecois, via La Voix Nationale. Nous verrons même qu'Alphonsine Cantin, ma grand-mère avait écrit un article, une lettre, dans cette revue...
De plus, le clergé local avait organisé un support local pour les nouveaux arrivant catholique de langue française. Monseigneur Joseph-Jean-Baptiste Hallé et Monseigneur Zoël Lambert étaient tous deux défensseurs et promoteurs de la religion catholique française dans la région de Hearst. Ils ont servit comme catalyste dans la colonisation de la région par les francophones dans la région. Le clergé catholique français, comme nous le verrons à maintes reprises dans ce site, ont participé grandement à la francisation de la région:
Pour les autres points, ceux des écoles, du Séminaire de Hearst, et de l'hôpital, ils seront traités plus tard dans cette section du bref historique de Hearst.
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Nous verrons ici que la population de Hearst a été relativement stagnante pour les premières quelques décénies de son existance. Elle a doublé après la deuxième guerre mondiale, pour ensuite accroitre significativement de nouveau au début des années 1960 pour atteindre 5000 au début des années 1980. Elle a atteint son sommet au début des années 1990, pour redescendre tout juste sous le seuil des 5000 en 2021. Je n'essaierai pas d'analyser les hauts et les bas de la population urbaine de Hearst, mais la venue des gros moulins permanent dans la ville, et le déclin des fermes dans la région ont surement contribué à l'essor de la population entre 1960 et 1990. Hearst est directement relié à l'industrie forestière, donc en suit les haut et les bas de cette industrie...
La page wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Hearst_(Ontario) nous donne un aperçu de l'évolution de la population de Hearst, de 1921 à 2011. Dans le tableau et le graphique ci-dessous, j'y ai ajouté celle des recenssement de 1931, 1956, 1966, 1971, 1976, 2016 et 2021, en cherchant sur le site de statistique canada et sur le site d'archive.org (https://archive.org/details/1971927021973engfra/page/n61/mode/2up?q=hearst). Le recensement de 1971 mentionne que Hearst avait annexé une partie des territoires non-organisés, mais ne mentionne pas lesquels.
Pour certains recensements, j'étais curieux d'y voir le poucentage de personne de Hearst s'identifiant comme étant francophone (i.e. langue maternelle étant le français). Le tableau montre ce que j'ai trouvé pour 1981, 1991, et 2011. Du site de Statistique Canada du recensement de 2011, des 4945 personnes ayant répondu à la question de leur langue maternelle (un choix possible), 500 ont répondu que c'était l'anglais alors que 4365 personnes ont répondu le français. 60 personnes ont répondu que leur langue maternelle étaient l'anglais ET le français (donc les deux appris en même temp). Je dois avouer que dans mon cas, mes deux fils ont appris l'anglais et le français en même temps, donc ils entreraient dans cette dernière catégorie. J'ai créer un document PDF avec ces données en détail. Au recensement de 1981, population de 5533 (langue maternel français 4625; anglais 730). Un Document PDF est inclu. La population en 1976 était de 5195 (prit du recensement de 1981). Je voulais comparer avec l'année où il y avait la plus grande population, donc 1991. Cette année-là, il y avait 6080 personnes, 570 anglais comme langue maternelle, contre 5185 étant le français( document PDF pour 1991 est inclu). Pour accéder aux recensements, je suis allé au site https://www12.statcan.gc.ca/datasets/Index-fra.cfm. Jusqu'à l'amalgamation de St-Pie X en 1973, ça n'incluait probablement pas cette population non plus. Ce que j'ai réalisé, en regardant les recenssements, c'est que la population inscrite pour Hearst, est la population urbaine de Hearst. Ca ne comprends pas les personnes demeurant à l'extérieur de la zone urbaine, c'est à dire, Hanlan, Casgrain, Way, Kendall ou les autres cantons. C'est donc difficile d'interprêter ces chiffre, vis-à-vis les différentes vagues d'immigration vers Hearst dans les premières décénies...
Par contre, le recensement de 1921 comprend les cantons environnant -- Ritchie, Casgrain, Kendall, Sheltland, Okney, Caithness, Rykert, Magladerry, Staunton, Devitt, Shannon, Mulvey et Hearst. Ernie Bies, dans Facebook/Hearstory, a publié certains détails du recensement de 1921 de la région de Hearst. Son tableau indique le nombre de personnes de différentes nationalitées dans la ville de Hearst, et dans certains des cantons de la région. Son exposé nous révèle que la porportion francophone de la région de Hearst était, en 1921, d'environ 50%. Dans le conton de Casgrain, où les Cantin se sont établit en 1934, 39% des 127 personnes recenssées étaient d'origine francophone. Pour Kendall, où les Pominvilles (du côté de ma mère) sont arrivés en 1937, 60% des 110 habitants étaient d'origine francophone. En 1922, année de l'incorporation de Hearst, la population était de 573 personnes (http://www.hearst.ca/wp-content/uploads/2016/04/Hearst-bref-historique-3-.pdf) version locale.
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