Entrevue d'Henri Pominville et Béatrice Gratton; 1974

Cette entrevue fut réalisé en 1974. Journaliste inconnue.

Sylvio Pominville, fils de Joseph, m'a fait parvenir cette entrevue en 2021. J'en ai ensuite fait la transcription.

Malheureusement, elle coupe après environ 20 minutes.

En entendant l'entrevue, même si ça faisait plus de 45 ans que je n'avait pas entendu leurs voix, je les ai reconnues! Surtout celle de ma grand-mère...

Je les vois aussi, assi au bout de la table, dans leur maison d'Hallébourg...

J'ai une copie de l'audio, mais le fichier est de 40MB... un peu trop grand pour télécharger de mon site web à chaque fois que la page est téléchargée. Par contre, si vous en voulez une copie, cliquez sur ce lien et le fichier .mp3 sera téléchargé.

      (Claude Cantin)


Notes sur cette transcription

Pour vous mettre en contexte, Henri et Béatrice sont arrivés à Hallébourg en 1937, avec 9 enfants (quelques uns sont nés ici). Ils sont restés sur leur ferme jusqu'au début des années 1960, lorsqu'ils sont déménagé dans une maison coquette du village.

Henri nous a quitté en 1975, et Béatrice en 1976.

Il faut aussi se souvenir que cette entrevue fut faite en 1974. Henri avec 75 ans, et Béatrice en avait 76; les évènements qu'ils racontent avaient eu lieu près de 40 ans plus tôt. Il faut donc mettre en context. Il faut aussi pensser que la mémoir nous joue aussi certains tours parfois...

Résumé

L'entrevue est concentrée sur les premières années de vie d'Henri et de Béatrice à Hallébourg. Ils nous racontent comment ils sont arrivés dans la région, et certaines difficultés qu'ils on à leur arrivée.

Vous verrez que tous n'était pas rose...

Entrevue

J: Ok, bin on va commencer; vous avez pas toujours restés ici, vous. D'où veniez-vous avant de venir en Ontario?

Henri: J'suis né à Oka

Béatrice: On viens de Oka

J: Oka...

Béatrice: comté des Deux-Montagnes

J: C'est-tu loin d'ici, ça?

Henri: Ah oui... trois cents... que'qu milles

Béatrice: aie, trois cents... mets'l double

Henri: ouin...

Béatrice: six sept cents

J: oui... c'est-tu en Ontario ou au Québec, ça?

Béatrice, Henri:: c'est au Québec...

J: au Québec.

Henri: Avez-vous entendu parlé des péres trappiste?

J: oui.

Béatrice, Henri: bin, on éta pas loin de'd là

Henri: amena mon lait là là toé matin

J: ah bon

Henri: Ca a commencé par le pére, pis ensuite moi j'ai continué...

J: Ca c'est en quelle année que vous êtes partis d'Oka pour...?

Béatrice: en 1937.

J: C'est qui qui vous avait parlé de... de... du nord?

Béatrice: le père...

Henri: père colonisateur...

Béatrice: monsieur... Papore(?), le père Papore(?), pis le Chanoine Alari

J: Ca faque vous étiez mariés quand vous êtes arrivés ici...

Béatrice, Henri: ah oui.

J: Est-ce que vous aviez des enfants quand vous êtes partis de Oka?

Béatrice: on'navait... neuf.

J: vous aviez neuf enfants?!... Avant d'partir?

Béatrice: oui oui.

Henri: bin oui. Ca monte pareil avec les enfants.

<rires>

J: Toute la famille

Béatrice: on'na eu deux par ici...

J: ah bon... Pis qu'est-ce que vous en venez faire

Henri: Cécile est né par ici

J: ah oui...

Béatrice, Henri: Cécile pis Joseph

Henri: Joseph... y'é t'à Opasatika, lui. Joseph Pominville.

Béatrice: Pis Pierre lui, vous connaissez Pierre?

J: Pardon?

Béatrice: Vous connaissez Pierre?

J: oui, moé je'l connais.

Béatrice: Y'était bébé...

J: y'é marié avec....

Béatrice: Huguette... Morin...

J: ...bin la p'tite Pominville... Lyn Pominville, ça...

Béatrice: Oui, c'est ça fille... [J: ah....] c'est not'e petite-fille...

J: ah bin on l'avait, on avait une pré-maternelle au collège là, pis elle était là...

Béatrice: oui, pis elle aimait ça y aller, là. Quand ça a discontinué ... elle disait à ces p'tit frères "pour que c'est vous aut' vous allez à classe pis moé j'y va pas?!"

J: ah, ouin...

J: Quand vous êtes arrivés icitte, qu'est-ce que vous avez pensés quand vous avez vu ça? Qu'est que ça avait d'lair quand que...

Béatrice: moi, j'avais pensée, que, si j'avais été capable de m'en r'tourner, je m'en'r'tournerais tout d'suite!

J: ouin... oui, pis vot' mari lui, y'avait tu envi d's'en'r'tourner lui ou y'avait tu envi d'rester...

Henri: Non, j'avais pas idée, j'ai dit on va persévérer, pis ça va réussir... j'avais idée d'réussir.

Béatrice: Bin, on éta mal logé, hein. C'est ça qu'y a...

Henri: On n'a parti, d'une maison à deux étages. Pis s'en v'nir dans un p'tit shack...

J: ah. ah oui...

Henri:

J: OK. C'est-tu vous autr' qu'ils l'a construit l'shack?

Henri: non non, non non. Y'éta construit.

J: C'est qui et c'étais-tu construit par le gouvernement, ou...

Béatrice: C'éta construit dans...

Henri: par les colons...

Béatrice: c'est monsieur... Bégin, c'est Bégin

J: ah oui...

Béatrice: on n'a pris...

Henri: Y'é v'nu comme colon, et pis sa femme est tombé malade, pis est morte, ça faque... y'a abandonné.

J: oh... Etes-vous arrivés ici à Hallébourg?

Béatrice: on est'arrivés à Hallébourg, pis on n'a passés une semaine au presbytère. C'ta au mois'd mars, ça là... C'est M. Payette qu'y éta curé. On a resté là une semaine de temps...

J: C'est l'curé Payette qui était curé ici?

Béatrice: Ouin...

J: Vers quelle année, ça?

Béatrice: Bin... c'est en '37, au début ça...

J: Est-ce qu'y avait beaucoup d'monde, ici, à Hallébourg quand vous êtes arrivés?

Henri: Pas beaucoup.

J: non?

Béatrice: Ah mon Dieu, non.

Henri: Y'n'avait quatre cinq maison, pas plus...

Béatrice: Dans l'village...

Henri: Y'avait la maison du coin, hein

Béatrice:

Henri: Ensuite Monsieur Poliquin, la grosse maison, là... et puis, l'hotel [Béatrice: ], y'apelait ça l'hotel... mais...

Béatrice: c'est là où est ... [Henri: Leclerc, le...] le magasin

Henri: la propriété, Leclerc, ouin

Béatrice: ensuite, y'avait... Mme Vallée, pis y'a Fred Frotier ici, ouin... Henri Poliquain

Henri: Henri Poliquain restant au [Béatrice: j'pense que c'éta le village, ça...]

Béatrice: bin... Paradis, y'éta t'au coin

Henri: ouin, y'éta t'au coin...

J: Vous ête arrivez quand vous êtes arrivés ici, vous? par train?

Béatrice: par train...

J: C'étais-tu bin un billet de train dans ce temps-là?

Henri: Non, pas tellement...

Béatrice: Bin on n'avait les billets d'colons... ça coûtait au-dessus de... deux cent cinquante piastres ch'pense?... messemble... presque trois cent piastres...

J: Pis... est-ce que vous avez apportés votre ménage, vous autres?

Béatrice, Henri: ah oui, on a apportés not' ménage...

J: Vous êtes pas envenus avec d'autre monde, là, vous êtes envenue...

Béatrice: tiens, ça sa en ai du ménage qu'on n'a apporté.

J: ah...

Henri: hein... ça c'est vieux. Ma femme a eu ça quand à c'est mariée. les chaises, c'est pareil

J: bin oui, y sont solides... y'ont l'air solide. C'est beau. Quand vous achetiez votre billet de, de train, est-ce que vous aviez le droit d'un certain nombre de chose à aporter ou y fallait payer pour...?

Béatrice: Ah.. fallait payer. On n'a loué un char

Henri: pis on chargeait l'char, tant qu'ça pouvait t'nir...

J: Avez-vous amenés des animaux aussi?

Béatrice: ah oui, oui...

J: oui... ah... vous avez amenés des animaux d'la bas?

Henri: Des animaux, des machines agricoles...

Béatrice: Un peu d'fourrage...

J: Même avant d'partir, vous êtes arrivés ici en '37, vous devez avoir connus la crise aussi...

Henri: ah oui...

Béatrice: C'est ça qui nous a fait décider [J: ah bon...] de s'en v'nir par ici... parce que... dans c'est années là, rien se vendait...

J: pis... vous étiez sur une terre, sur une terre la bas hein? C'ta tu d'la bonne terre, ou?...

Henri: ah oui... pis même encore; on la cultivait...

Béatrice: ah oui, le terrain était bon... Pis la température était plus favorable... que par ici. Mais par ici, ça c'est amélioré par exemple depuis qu'on est ici.

J: oui?

Béatrice: ah oui.

J: Quand vous êtes arrivés ici, est-ce que la maison était bâtie?

Henri: icitte, non. C'est mon garçon qu'y a bâtit ça...

J: Comment... comment vous avec trouvez ça arriver d'une place avec neuf enfantset vous aviez pas de .

Béatrice, Henri: [les deux en même temps; difficile à comprendre] Henri: dans ce temps-là au presbytère, pis l'curé nous a endurés... (rires)... Béatrice: ... prenait mon visage, pis l'mettais dans l'chassis là, pis là c'est-tu vrai... faut que j'rest' ici...

Béatrice: bin, on était p'titement... inque trois appartements...

J: Ca vous a prit du temps à vous habituer?

Béatrice: ah oui.

J: oui...

Henri: elle est pas habituée encore... (rires... mais pas Béatrice...)

J: Ca fait qu'là les les curés la-bas, y vous avaient fait de belles promesses, d'abord avant d'partir...

Béatrice: bin, c'est justement... [Henri: les prêtres...] j'lé blâme pas, j'lé blâme pas les colonisateurs,... y'ont fait ça pour bien faire pour développer l'nord, hein?

J: oui...

Béatrice: Mais seulement qu'ils mettaient ça trop beau.

J: ouin... Quesé qui vous disaient?

Béatrice: Ah bin, y nous disaient que dans peu d'temps on pouva s'bâtir, et pis qu'on pourra cultiver, pis qu'on arra beaucoup de r'venus

Henri: qu'la terre était bonne...

Béatrice: Mais ça quand t'y faut comment qu'la terre était bonne... la terre est bonne, mais réellement... mais la température était pas favorable... aujourd'hui ça c'est amélioré parce que le bois a disparue en pas mal.

J: Ca c'te bois-là qu'y a disparue, c'est, c'est, est-ce que c'est vous autre qui l'a déffriché... non?

Béatrice, Henri: non. non non

Henri: Ca été déffriché avant nous autres

J: c'était déffriché avant vous autres?

Béatrice, Henri: ouin...

Béatrice: Ensuite,

Henri: Nous autre, on s't'en aller on n'a ach'té le lot là... Elias Roy...

J: ah oui...

Béatrice: on n'a déffriché ça

Henri: C'est moi qu'y a bâtit ça s'maison là, qu'y a ach'té ça s'maison là

Béatrice: on n'a déffriché ça parcqu'y avait rien qu'un p'tit morceau d'terrain [les deux parlent en même temps]

Henri: quand qu'on a rentré la dedans, là, ma femme était contente...

Béatrice: c'est dure la vie d'colons.

J: C'est dure la vie... d'colons...?

Béatrice: La vie d'colons, c'est dure.

J: Surtout avec une grosse famille, c'est...

Béatrice: C'est justement... d'abord, la première des choses, faudrait être bien logés, hein

J: u hm..

Béatrice: parce qu'on était mal logé, pis pas d'comfort... du tout... ca faque on peu pas avoir beaucoup d'agrément d'encouragement hein.

J: Mais. C'tait les prêtres colonisateurs qui vous avaient amenés ici est-ce qu'une fois arrivé ici, est-ce que eux vous ont ont aidés y'avait tu des mouvements [Henri: ah non!] pour vous aidés?

Henri: ah non, y nous ont pas aidés [Béatrice: y nous ont pas aidés]

J: non...

Henri: non.

J: Y'avait pas rien d'organisé ici pour reçevoir les gens...?

Béatrice, Henri: non...

Béatrice: bin non parce que voyez-vous ont est arrivés pis on n'est allés au presbytère... pendant... une semaine.

Henri: Ils nous ont reçu d'même (?) au presbytère...

J: Pis après ça, vous êtes... vous êtes démanagés dans... dans e.. l'p'tit shack?

Béatrice: Dans not' 'ti campe la-bas là...

J: Est-ce qu'y a beaucoup de gens qui sont envenue à peu près à la même époque que vous?

Béatrice: Ah non... on est à peut près les derniers qui sont envenus par ici... hein y'n'a pas d'autre qui sont arrivés après nous autres?...

Henri: hummm... c'est pas mal difficile de dire... Y'en n'a qui sont arrivés, mais y sont pas restés...

Béatrice: Bin... vois-tu M. St-Martin cé arrivé avant nous autres ça.

Henri: oui.

Béatrice: M. Létourneau...

Henri: oui, ça...

Béatrice: Ensuite... M. St-Martin... M. Leclerc... M. Létourneau... y'a M. Vallé... ça c'est en'venue à peu près en même temps. M. Alari lui s'est en'venue deux ans avant nous autres, M. Thérien aussi. C'ta peu près, ch'pense c'ta peu près les derniers comme y'é t'arrivés ici... comme colons.

J: Mais les gens... ça a grossi depuis c'temps là Hallébourg, non?

Béatrice: Ah mon doux oui ça a grossi...

J: D'où y viennent les gens qui sont...

Béatrice: Ca vient en parti de... Dorchester pis d'la Beauce

J: ouin...

Béatrice: Parce que d'la région d'Montréal, là y'a M. Villeneuve... M. Alari, pis y'avait M. Thérien. [J: mmm...] C'ta peu près les seul, hein?

Henri: M. St-Martin.

Béatrice: Ah, M. St-Martin. Ceux-là venaient d'la région de Montréal...

Parce que M. Villeneuve lui, y vient d'La Plaine. M. Alari venait... pis M. Thérien, y vena de Saint Janvier...

J: ah oui, c'est vrai...

Comment est-ce que vous avez payés votre lot... quand vous êtes arrivés... est-ce que ça coutait ben cher...?

Béatrice: six cent piastres...

Henri: six cents?

Béatrice: Six cents.

Henri: M'en rappelle pas, moi...

J: Comment ça, disons comment vous pouviez... devenir propriétaire vous alliez vous l'agent des terres? ou comment, tsé comment qu'ça marchait?

Henri: Si y'a un colon qui voulait avoir un lot... y'était dix à en offrir (rires) [J: ah oui...] Ca fait que on sortait pas pis on avait des lots.

Béatrice: On n'avait on n'a achetés nous autres de M. Bégin. Ensuite pour avoir la patente là, fallait faire une certaine quantité de terre... chépas, c'est six acres j'me rapelle pas quelle quantité... fallais faire du [???] pi ensuite on n'avait notre patente, pis là bin le lot y nous appartenait.

J: Ouin... pis vous vous êtes en'v'nue aussi un p'tit peu avant la guerre, la guerre de '39...

Béatrice: ouin... on c'est'en'venu en '37...

J: Comme... vos garçon y'étaient tu bin grand dans c'temps-là?

Henri: Bin c'est ça qui m'a fait forcé moé les garçons s'en v'naient pis y grandissaient et pis... y vons s'enroller te'de bin... [Béatrice: Paul y'a 49...] y va êtr' forcé d'être enrollé, te'de bin qui s'enrollera pas d'lui même... (Béatrice parle en même temps: y'avait douze ans y'a eu treize an dans l'été... le plus vieux...) C'est pour ça... j'ai sauvé mes gars... on s'est sacrifiés.

J: Il y avait un exemption un exemption pour les gars comme les [Henri: oui mais...]oui mais... y y'a été lui Paul, y'a été pour quelques mois

Henri: ouin bin y'a fait le service militaire mais ensuite, y'était pas engagé... directement.

J: Et vous M. Pominville vous avez pas été d'mandé pour aller non plus pour la guerre...

Henri: pas à celle-là... l'autre avant

J,B: en 14...

Henri: en 14... oui

J: oui... pis...est-ce que vous y avez été?

Henri: quelle àge vous me donnez? (Henri a un bon rire qui dure quelques phrases...)

J: Bin ch'sais pas... vous avez l'air assez jeune (pendant qu'Henri rit encore)

Henri: j'ai... sur quatorze enfants, y'en reste pu inque deux... un garçon pis une fille... moi, pis ma soeur...

Béatrice: aie... m'est en pas plus... treize.

Henri: Quatorze.

Béatrice: Treize!

Henri: Oui, oui, oui...

Béatrice: (interrompant) Douze vivants pis une de morte avant treize.

Henri: Bon... ça fait quatorze enfants.

Et pis ma soeur à disà à ses filles a dit c'est curieux à dit moi y'me disent... j'ai pas des ch'veux gris... moi j'en ai, ca faque... bin j'ai dit des ch'veux gris ça pousse sur des têtes respectables,... pis elle est certain de jamain en avoir elle... (rires...)

J: C'est vrais vous avez pas beaucoup de cheveux gris

Henri: non. Pour mon âge... mais je ne l'dirai pas... (rire...)

J: Vous nous direz pas votre âge...

Henri: Vous allez... l'deviner

J: Bin... [Henri: vous êtes instruite] Si vous avez été d'mandé pour aller à guerre 19... 14 [Béatrice: y'é né en 99] ah! Ca s'tait pour être à peut près dix huit ans, à peu près, hein...

Henri: ouain... environ.

A ce point-ci, un "humm" apparaît dans l'enregistrement de l'entrevue. C'est plus difficile à comprendre. Ce "hummm" commence à 13:10 et est fort jusqu'à 13:40, pour ensuite être plus bas jusqu'à la fin de l'entrevue...

(C'est comme s'il manquait un bout de l'entrevue. Ca continue avec une conversation concernant le curé de la paroisse.)

Béatrice: ... on l'a déjà eu M. Payette .... sa part... ensuite [Henri: M. Payette, notre premier curé] M. Bissonnette M. Payette, M. Fanfort(?) ensuite M. Bissonnette M. d'Auteil, le père Décarie, y'a été résidant

J: ah... y'é v'nu ici l'père Décarie

Béatrice: oui... y'é parti d'icitte pour allé à Hearst

J: ah bon... au tout début quand vous êtes arrivés ici, c'tait quoi le moyen e transport le plus commun? le plus utilisé?

Henri: la voiture (rire)...

Béatrice: les chiens

Henri: les chiens l'hiver

J: les chiens?

Henri: ouin... les chiens

Béatrice: l'été les chevaux

J: pis, disons que...

Henri: les chevaux... y n'a un qu'y avait des boeufs

J: ouain?

Dison qu'y fallais qu'vous alliez à Hearst... vous preniez l'train? ou quoi?

Béatrice: Des fois on prenait l'train... y'avait l'train qui passait ...

Henri: Des fois y'a des gars qu'y avait des machines, qu'y y allait, y nous disait pis on y allait... ont les payaient

J: le train y passais-tu souvent?

Béatrice: le train?

J: oui.

Béatrice: Y n'avait un toué jour... y passait... le matin ... Y s'en allais-tu à là y s'en allait à , pis le soir y 'r'venait...

J: Y'avais-tu beaucoup d'monde là qui voyageaient dans c'temps-là par les trains?

Henri: non, pas beaucoup... pas beaucoup.

J: y'en avais-tu sué freight, des fois d'caché?

Béatrice: et pis y'en a qu'y embarquait là quand qui pouvait prendre le freight là des fois... ça nous accomodait, hein?

J: Ca coûtait moins cher à prendre le freight...

Béatrice: Ben oui, plutôt qu'à aller à Hearst, quand même... c'était pas si confortable

J: Comment ça coûtait un billet là d'ici à Hearst, pour le fun là... Dans c'temp-là... comment ça coûtait là partir d'Hallébourg à aller à Hearst?

Henri: C'est pas 25 cennes?

Béatrice: Bon ben, en toé cas là... à aller jusqu'à l'année passé là... on allais avec Michel Leclerc là... pis on payais 25 cennes pour l'aller 50 cennes l'aller retour. Mais là, ça doit être augmenté hein les tarifs c'est augmenté partout

J: pis umm... est-ce que... combien ça prenait de temps, en train, se rendre d'Hallébourg à Hearst?

Béatrice: Un quart d'heure... un quart d'heure vingt minutes... bin c'est pas absolument loin...

J: ouin... Bin c'est parce que dans l'bout d'Jogues ça prenait beaucoup d'temps... t'arrêtais tout'long du chemin là... y'avait plus de mileage... y'arraitait quasiment à toute les mileages, s'posé qui disait

J'veux dire... malgré toute les... le travail que vous aviez...vous que vous réussissiez quand même à vous organiser des veillées?

Henri: Y fallait, on été forcé (rire...) M. Bissonnette y'organisait ça sa prenait pas d'temps

J: Quel genre de chose qu'y'organisait?

Béatrice: Y'avait des soupers... en partie. Y faisait des soupers, pis ensuite le temps du curé de monsieurs..... Payette là... y'avait fait comme un "combo-là" (diner partage?) là, deux dimanches de suite. Et puis là maintenant toué hivers y'ons le carnaval là, y'ont un souper. Et puis à l'Halloween bin y font une veillée, la veillée de l'Halloween... et puis deux bingos... d'habitude le bingo au jambon... pour Pâques... pis un bingo à Noël... à d'inde.

J: Mais ça sa existait pas quand vous êtes arrivés?

Béatrice: non, non. Ca c'est rienque depuis... ché pas, ça fait... huit... dix ans.

Bin, dans l'temps d'M. Payette, ça sa, le "combo-là", là ça sa existait ça, mais à par de ça

J: Mais entre vous autres entre les voisins là est-ce que... vous organisiez des veillées pour.... quand vous êtes arrivés ici...

Henri: Bin, au jour de l'an la parenté v'naient

Béatrice: non, mais entre les voisins là qu'à parle

Y s'en organisa pas pour nous autes... Comme là... on a été quelques années on s'rassemblait avec des voisins quelques uns pis on jouaient au cartes...

J: oui?... C'ta quel jeux vous jouez

Béatrice: on jouent au Canesta.

J: oh oui... ça c'est...

Béatrice: connaissez-vous?

J: J'ai d'jà joué à ça mais...

Henri: ont n'a un livre de ça j'ai fait venir le livre. Bin, y n'a qui nous enseignait comment.. d'une manière... d'un autre manière... j'ai dit on va faire venir le livre, on a faite venir le livre et pis y jouent pas tout à faite comme le livre...

J: pis... est-ce que vous aviez des soirées de danse des fois dans des maisons privées où...?

Béatrice: Y n'a déjà eu... du temps des cur... de M. le curé Bissonnette... y organisait ça lui dans des familles là, et pis, lui-même là y venait!

J: oui?

Béatrice: oui oui oui. Ca fait qu'à certaines places dans quand la maison était grande un peu hein parcqu'on avait besoin d'la place surement... y'avait quelques veillées, y'organisait ça là pis ont danssaient.

J: Y'avait l'violon....

Béatrice: Y'avait d'la musique, oui... du violon ch qure bin...

J: C'est des gens d'la place qui jouaient?

Béatrice: C'est des gens d'la place, oui, des voisins des gens d'la paroisse...

Henri: d'lacordéon...

J: oui, musique à bouche...

Béatrice: oui...

Henri: musique à bouche

Béatrice: M. le curé Bissonnette lui... y'encourageait ça.

J: oui...

Béatrice: Bin, c'tait bien aussi! Bin y faut quelque chose hein, pour se distraire...

J: oui. Vous jouez pas d'instruments vous autres?

Béatrice: non

J: non?

Henri: non, on n'a pas...

J: Vous avez dansé...

Henri: Elle à joue du piano...

J: oui?

Béatrice: ah oui, mais juste... ça fait trop longtemps hein là j'ai bin d'trop

J: Vous avez danser... en... en masse?

Henri: ah oui, on n'a dansé

Béatrice: oui. C'té des cercles, c't'ai pas des danses d'aujourd comme des danses d'aujourd'hui

Henri: Y'aplait ça des cercles américains j'sais pas si c'est l'vrai mot

J: Vous faisiez des chaînes là...

Béatrice, Henri:: oui oui oui

J: Ah oui.... Pis là not' Noël là... comment c'était? C'était pas les Noël d'aujourd'hui? Bin disons, quand vous êtes arrivés au début là comment ça se passait Noël?

Béatrice: Ah bin y'avait des familles que ça se réunissaient [J: oui] des familles que se réunissaient, oui.

J: Mais vous autres vous avez pas d'autres parenté ici qu'cétait vos enfants?

Béatrice: non

Henri: non, moi chui tout seul, les enfants

Béatrice: Les enfants...

On n'a été quelques années, ont n'allaient chez Michel ???? ... ce jour de l'an, on n'allait là. Pis eux-autres ensuite y v'naient (les deux parles ensembles, inaudible) ... le frère à Maurice

Henri: Maurice Roger

J: pis, quand vous vous rencontriez, qu'est-ce que vous faisiez vous?... Danser un p'tit peu?...

Béatrice: Des fois...

Henri: Des fois sa dansait, mais sa jouait aux cartes en parti... prenait un repas pis...

J: est-ce que vous faisiez d'la boisson dans les maisons dans c'temps-là...?

Henri: non... ça à pas été...

J: Le moonshine là, qu'on avait...? non?

Henri: non. Y'en n'a qui en on faite mais pas nous autres, non...

J: non... Mais ici y'en avait à Hallébourg?...

Henri: Ont faisait du vin. (en même temps que la question de J:)

Béatrice: ah... mon doux!

Béatrice, Henri: ah oui, y'en avait...

Béatrice: quasiment partout, là...

Henri: y'en avait...

Béatrice: mais nous autre...

J: vous faisiez du vin? vous faisiez du vin vous même?

Henri: ah oui, on faisait du vin

Béatrice: bin... on n'a pas faite ici...

Henri: bin, tu faisait du vin dans maison.

Béatrice: Pas ici. En bas j'en ai fait.

J: à Oka?

Béatrice: à Oka.

Henri: T'en a faite elle, quand on était sua terre?

Béatrice: non, non, j'né jamais fait.

Henri: Tu l'achetait l'vin?

Béatrice: par ici, j'n'ai jamais faite de vin. En bas, j'en ai fait.

J: Quel sorte de vin de...

Béatrice: Du vin de... pissenlit

J: humm hu

Béatrice: Ca fait du bon vin ça vient quasiment la couleur du Brandy.

J: oui...

Béatrice: Y'é bon!

J: Un pissenlit du nord, ça doit être aussi bon pour faire du vin... le pissenlit vers le nord (rires...)

Béatrice: J'ai pu ma recette...

J: non... ah vous avez pu... C'est d'valeur. Vous pourriez vous en faire encore

Béatrice: mais l'sucre y'é cher...

Interruption de l'enregistrement....


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