Ancêtres Pominville




Une tragédie frappe la famille

Cette article traite sur un sujet très pertinent aujourdhui, en relation avec la courrante pendémie du COVID-19. Il se concentre sur la fin des années 1940, mais en le lisant, je suis convaincu que plusieurs personnes, surtout celle qui ont vécu pendant ces années, ou ont été affectées spécifiquement par le fléau que je mentionnerai, seront certainement en faire une directe corrélation.

Personellement ma famille, et celle de mon épouse, ont ont tous deux été affectées. Je mentionnerai plus bas de quelle façon.

Nous sommes au milieu dans les années 1940, plus précisément en été 1947. La terre de la famille Pominville est au moins en partie défrichée, sinon toute. La nouvelle maison est construite. Les animaux ont une grange. Les plus vieux, Paul, Réné et Jean ont 22, 21, et 20 ans. Donc à la force de l'âge, et contribuent à la situation financière de la famille.

C'est l'apogée de la pandémie de la poliomélite. Pendant les années 1940 et 1950, la polio paralise ou tue plus d'un demi million de personnes par année dans le monde entier. La majorité des cas sont dans les grandes villes.

Cette maladie a toujours existée. La page wiki sur l'histoire de la poliomélite (https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_polio) mentionne que les anciens égyptiens connaissait cette maladie. L'empereur romain Claudius en aurais été inflicté (spéculation), et serait la cause du fait qu'il boitait lorsqu'il marchait.

Mais elle est devenu plus répandu dans les années 1900, jusqu'à ce qu'à son appogé dans les années 1940 et 1950. Le premier cas documenté au Canada fut à Hamilton, en 1910. Les cas se déclaraient surtout pendant la saison estivale, allant en s'abaissant, puit remontaient l'été suivant. La poliomélite est propagée par le poliovirus (un virus); c'est une maladie contagieuse. L'éducation sur les procédures hygiènique aident à prévenir certains cas, mais la maladie continuait de se propager.

La mortalité de cette maladie est de 15-30% chez les adultes, contre 2-5% chez l'enfant (https://fr.wikipedia.org/wiki/Poliomyélite). La polio est maintenant éradiquée dans la plupart des pays. Seulement quelques pays ont encore des cas (spécifiquement le Pakistan, et l'Afganistan). Ceci est dû à l'hygiène en général, mais surtout à la vaccination.

La maladie frappe le système nerveux, et lentement paralise certaines parties du corps. Si la personne ne peut pas la combattre, elle en décède.

Vous avez peut-être entendu parlé des "poumons d'acier". Un des traitements était de mettre le malade dans un cylindre en acier, pous l'aider à respirer. Quelques photos de ces "poumons d'acier" sont entre ces lignes.

Au début des années 1950, une lueur d'espoir à l'horizon. D'après la page https://fr.wikipedia.org/wiki/Poliomyélite:

Le vaccin antipoliomyélitique injectable (VPI), à virus inactivé, a été développé en 1952 par l'équipe de Jonas Salk et officiellement annoncé le 12 avril 1955. Il a été élaboré à partir de poliovirus cultivés sur lignée cellulaire simienne, puis inactivés chimiquement par le formaldéhyde120. Il confère une immunité protectrice chez 90 % des sujets après deux injections et chez plus de 99 % des sujets après trois injections. Trivalent, il protège contre les trois souches de poliovirus (PV1, PV2 et PV3). Il peut être administré dès l'âge de six semaines.

Plusieurs d'entre vous se souviennent sûrement d'avoir reçu ce vaccin. Même 40, 50 ans plus tard, plusieurs d'entre nous en avons encore la marque sur notre bras, à la hauteur de notre épaule (combien regarderons??!).

Assez de parler de cette maladie en général. Vous vous demandez probablement où je veux en venir. Voici maintenant le point de cette longue introduction.

Pendant l'été de 1947, Jean, alors agé de 20 ans, est un jeune homme en santé. Pourtant, il commence à avoir certains symptomes, assez pour aller voir un médecin.

Il est diagnosé, en août 1947, de la poliomélite.

Nous avons quelques photos de Jean, à 18 et 19 ans. Il aidait sur la ferme, tout comme ses frères. Il travaillait et participait aux finances de la famille. Il était un gaillard assez grand et costeau; vous pouvez le voir dans les photos.

Il fait de l'hôpital. Un "poumon d'acier" est acheminé à Hearst, mais, comme la condition de Jean s'améliore, celui-ci ne sera pas utilisé.

Il revient à la maison, toujours affecté par cette maladie.

Ses jambes ne le supportent plus. Il ne peut plus marcher. Sa paralésie à gagnée ses jambes.

Il est maintenant en chaise roulante. Nous le voyons, dans sa chaise roulante, à l'âge de 22 ans, avec sa soeur Cécile. Celle-ci me disait, récemment, que Marthe, sa soeur, prenait beaucoup soin de Jean.

En juillet 1949, près de deux ans après son diagnostique, Jean participe au pèlerinage de la Ste-Anne d'Hallébourg (la photo n'est pas datée, mais probablement la bonne date, compte tenu de sa maladie et de la progression). Il fait partie de la bénédiction des malades.

A ce point-ci, il sait probablement que ses chances de survit sont relativement minces. Il a quand même 22 ans, et sa famille dépend de lui.

Pourtant, sa maladie se détériore à un tel point, qu'il se rend à Toronto pour des traitements (nous pouvons présumé qu'un "poumon d'acier" a été utilisé, mais nous ne savons pas avec certitude). On le voit sur la photo, transporté par ses frères Paul et André, à l'aéroport de Kapuskasing, début de son voyage en avion vers Toronto.

Ce sera la dernière fois que sa famille le verra vivant. Il avait 22 ans.

Les funérailles de Jean eurent lieu en octobre 1949, à Hallébourg.

Les conséquences de cette maladie chez la famille est considérable. A la fin des années 1940, nous n'avions pas de système universel de santé. Oubliez les assurances médicales - ça n'existait pratiquement pas. Les hôpitaux n'étaient pas gratuit; même chose avec les visites chez le médecin, ainsi que les traitements (malgré que, pour la polio, j'ai lu que certains traitement étaient subventionnés; je n'ai pas de détails concernant le cas de Jean Pominville).

Jean fut malade pendant 2 ans.

Les coûts associés à cette maladie n'incluaient pas seulement les coût médicaux, mais aussi l'aide sur la ferme, et le manque à gagner. La famille a dû faire des sacrifices. Ma mère n'en a jamais parlée, mais j'ai appris qu'André (frère de Jean) souhaitait aller dans la GRC... la maladie de Jean l'a plutôt dirigé vers l'industrie forestière, car la famille avait besoin d'argent...

Je vais vous compter un annecdote. Ma cousine May (Rose-Aimée) l'a mentionnée lorsque j'ai publié un article sur Jean dans le groupe Facebook/Hearstory (May a grandit en face de chez nous; elle avait 8 ans lors de décès de Jean. Un an plus tard, ma mère se mariait et venait demeurer au Lac). Cette annectode m'a fait "jouer" dans ma mémoire, et je crois qu'elle nous l'avait mentionnés aussi: voici tel que May l'a écrite dans Facebook/Hearstory ("Tante Marguerite" est ma mère; soeur de Jean): Tante Marguerite m’a souvent parlé de son frère Jean.

Cette triste histoire m’est resté collée à la mémoire.

Tante Margot me raconte ceci : Peu après les funérailles de Jean, les parents sont allés au presbytère payer le curé pour le service. Les enfants sont seuls à la maison. L’un des plus petits approche une chaise près du comptoir pour se prendre un verre d’eau. L’enfant regarde dehors par la fenêtre au- dessus du comptoir. Il s’écrit: Jean s’en vient! Un des plus vieux se lance sur la porte et la vérrouille, la barre.

Tante Marguerite est parmi ceux qui se lancent à la fenêtre. Elle voit Jean s’avancer vers la maison. Les enfants se mettent à genoux et récitent le chapelet. Jean ne frappe pas, n’entre pas.

J’ai souvent fait répéter cette histoire fascinante à tante Margot. Est-ce que d’autres l’ont entendue? Tante Margot n’a jamais dérogée de sa version. Je n’ai jamais doutée des paroles de tante Margot. Elle a cru, j’ai cru. Aujourd’hui je crois encore qu’elle a dit la vérité comme elle l’a conçue.

Aujourd'hui, grâce au vaccin, cette maladie est sous contrôle. Si vous regardez votre carnet de vaccination, ce petit dépliant jaune, vous remarquerez que vous l'avez surement reçu.

Béatrice et Henri aurait certainement souhaités la disponibilité de ce vaccin dans les années 1940 et 1950. Mais tel n'était pas le cas...

Personnelement, je fut affecté par la polio d'une deuxième façon: du côté de mon épouse - son père a contracté la polio au début des années 1930, alors qu'il était adolescent (14 ou 15 ans). Il a survécut, mais a été handicapé physiquement toute sa vie: il n'avait pratiquement pas de mollet dans une de ses jambes, et boitait considérablement. Le bras du même côté du corps était aussi affecté. Il était donc restraint dans ses activités et ses emplois.

J'ai donc perdu un oncle (que je n'ai jamais connu), et mon beau-père en était directement affecté.

Je ne sais pas combien de personnes de la région de Hearst ont été affecté par la poliomélite. Ceci est un cas très spécifique. Néanmoins, ceci fait quand-même parti de l'histoire de la région, et en vaut la peine d'être raconté.

Ceci nous rappel aussi un aspect de notre société dont nous prenons pour acquit: notre système médical. Nous nous plaignons de ce système. En réalité, oui, il pourrait être amélioré, mais il faut aussi être réaliste: notre système de santé contribue à notre qualité de vie. Ne l'oublions pas!

La prochaine section traîtera sur l'éducation des enfants Pominville, et des dernières années de Béatrice et Henri à la ferme.


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