Le Lac Ste-Thérèse -- troisième église

La troisième église

Bradlo

Bradlo était un village composé surtout d'immigrant Slovaques. A son apogé, la communauté de Bradlo avait environ 200 personnes, une école, une église, un bureau de poste. Mais la vie était dure, et la population diminua, de sorte que le bureau de poste ferma en 1944, suivit de l'école ferma au printemps 1949.

La troisième, et présente église fut déménagée de Bradlo en novembre 1948. A la fin de cette automne, l'église de Bradlo fut déménagée de Bradlo au Lac Ste-Thérèse.

Nous avons une photo de l'église, alors qu'elle était encore à Bradlo.

Nous vous présentons le lien d'un article sur Bradlo, écrit pas Rudy Bies, un des membres de la dernière famille à quitter Bradlo: http://www.slovak.com/bradlo/bradlo.html. Son frère, Ernie, est l'un des deux modérateurs du group privé Facebook/Hearstory. Rudy était une des personnes avec lesquels je fut en contact lorsque j'ai écrit cette article. Son frère, Ernie, est l'un des éditeurs du livre "Clayton's Kids - Pioneer Families of Hearst Public School", diponible à la Librarie Le Nord.

Ernie a aussi écrit plusieurs articles sur Hearst, Cochrane, et le nord de l'Ontario: http://ontariohistory.org/bies-ix.htm.

Pour ce site, Rudy m'a fait parvenir une liste d'institutrices à l'école de Bradlo, et le nombre d'étudiants (il était du nombre).

La dernière institutrice de l'école, Mary Sawrega (plus tard Bubnick) a prit une photo de l'église, lors de son déménagement, alors qu'elle passait près de l'école. Rudy Bies nous a fait parvenir cette photo.

Nous devons remerçier les gens de Bradlo pour leur contribution de cette église.

Tracteur à chenille D-7

Voici comment est impliquée la famille Cantin dans cette troisième église: Ernest Cantin (le plus jeune des garçons d'Alphonsine), avec le partenariat du curé Antoine Labelle, avait acheté un tracteur à chenille D-7.

Il n'y en avait pas de plus gros à Hearst. Le curé Labelle était un fervent de la colonisation; le tracteur d'Ernest Cantin était souvent utilisé pour ces fins. Pour l'aider, Ernest Cantin avait engagé un opérateur/conducteur, Jacques Guindon.

Note: certaines sources nous disent que c'était "le tracteur du curé Labelle". En réalité c'était un partenariat entre Ernest Cantin et le curé Labelle, qui a duré de 2 à 3 ans.

Les détails du partenariat... nous ne le saurons jamais avec certitude. Mon père nous disait que l'idée venait du curé Labelle, qu'il se cherchait un partenaire: le curé Labelle guarantissant le financement, Ernest en fit l'achat. En retour, le tracteur était utilisé pour certains "services à l'Eglise", décidé par le curé Labelle.

Par contre, nous savons qu'Ernest Cantin gérait le tracteur, et que c'est lui qui l'a vendu: il nous a toujours dit qu'avec les profits de la vente de son tracteur à chenille, il s'est acheté le tracteur de ferme ("Ferguson") avec lequel notre famille a grandi (nous avons tous appris à conduire un tracteur sur celui-ci), et quelques instruments aratoire.

Voici quelques photos de ce tracteur à chenille, l'un des deux utilisés pour déménager l'église. Nous avons aussi une photo du tracteur à ferme "Ferguson" que mon père avait acheté avec les profits de la vente du tracteur à chenille.

Le déménagement

Ce tracteur à chenille fut utilisé avec un autre tracteur (trois sources -- Michel, Omer et Pierre -- ont mentionnés que c'était celui de M. Vaillancourt) pour transporter l'église de Bradlo au Lac Ste-Thérèse. L'église fut installé sur des "runners", et partie de Bradlo en Novembre 1948.

Nous avons une photos d'un affiche qui explique le déménagement de l'église.

Je me souviens que mon père avait dit que deux jours avaient été nécessaire à déménager l'église. Mes sources me l'ont confirmés.

Pierre Cantin, dans son récit des écoles et des trois églises du Lac nous résume le trajet du déménagement de l'église:

  • Parti de Bradlo, Lot 25, 26 et 27 concession 3, canton de Kendall; Suivi la concession 3 vers l'ouest;
  • Route 583 Sud vers la route 583 Nord;
  • Concession 8 et 9 vert l'est (pont à traverser);
  • Vers le Nord sur le lot à Arthur Lecours ou Adolphe Provençal;
  • Route 11 vers l'ouest;
  • Traverse la ligne du chemin de fer, le télégraphe et la rivière Mattawishkwia;
  • Route 583 nord vers le nord;
  • Les ponts sur la route 583 nord
    • Pont à la "dump" ;
    • Pont du Pit (ruisseau Sainte-Thérèse);
    • Pont chez Ernest Cantin (ruisseau Sainte-Thérèse);
    • Pont chez Camille (ruisseau);
Environ au total 30 kilomètres (18.75 milles).

Un de mes frères me disait que, sur le deuxième pont traversant le ruisseau Ste-Thérèse, les "runners" sous l'église ont bloqué sur le pont, et les deux tracteurs ne pouvaient plus tirer l'église. L'un d'entre eux a dû faire un détour pour traverser le ruisseau plus haut, pour revenir à l'arrière de l'église; enfin la pousser pendant que le premier tirait - c'est alors qu'ils ont pu traverser ce pont (ce récit m'a été confirmé par Bruno Germain, qui, à ce moment avait 8 ans, et a vu passer l'église en face de chez lui, près de ce pont).

Rappellons nous qu'en 1948, la route était beaucoup plus basse qu'elle ne l'ai aujourd'hui. Près des ponts, le chemin était souvent plus bas que le dessus du pont; le printemps, l'eau passait souvent par dessus le chemin, avant ou après le pont. Le déménagement de l'église devait donc se faire lorsque la terre était gelée, et que le niveau de l'eau soit au plus bas possible. Il est aussi possible que la traverse des différents ponts ne se soient pas aussi faite tous de la même façon...

J'ai inclue quelques photos prises lors du déménagement. Nous savons que c'est pendant le déménagement, parce qu'il y a de la neige partout. La location exacte nous est inconue, mais certainement entre Bradlo et le Lac Ste-Thérèse!

La re-construction / aggrandissement de l'église

En novembre 1948, après deux jours de route, la troisième église est arrivée au site actuel.

Le printemps suivant le déménagement, l'église fut érigée sur des "cages". Après le déménagement, une cave a été creusée, et une fondation en ciment fut coulé, jusqu'à la hauteur de la terre. Le restant de la fondation fut construite en pierre des champs par Ernest Cantin (il était maçon). L'église fut ensuite déposée sur cette fondation.

Nous avons une série de photos, prises sous différent angles, et provenant de différentes sources.

Vous remarquerez que l'église a été démanagée avec son clocher intact. Il faut se souvenir que le déménagement s'est fait en novembre 1948. En 1948, il n'y avait pas d'électricité le long du parcour. Pas de téléphone non plus. Par contre, il y avait le télégraphe, et lors du passage de la rivière Mattawishkwia, les fils télégraphiques ont dûes êtres décrochés des poteaux et abaissés, de sorte que l'église est passé par dessus (ce travail fut fait par l'équipe qui maintenait le service télégraphique).

A pars cet endroit, il n'y avait aucun obstacle aérien pour empêcher le déménagement de l'église. Aujourd'hui, ce serait tout autre chose!

Autre fait à noter: l'église déménagée était la moitié la grandeur de la fondation construite (comptez les fenêtre... trois sur l'église originale versus six sur la "nouvelle"). Les transepts, parties que ressortent le long de l'église, la nef, le choeur, et la sacristie, à l'arrière de l'église, restaient à être construites. Ce fut fait après que l'église fut déposée sur sa nouvelle fondation. Ces ajouts fûrent construits pendant l'année 1949, pour être prêt en 1950. Jean-Marie Gratton nous raconte que la construction avait prit près d'un an, mais Pierre nous dit que les travaux ont pris plusieurs années.

Ce qui est probablement arrivé est que les travaux principaux, tel la rallonge la finition extérieur, s'est fait la première année. Ensuite, les travaux à l'intérieur de l'église, tel la construction du jubé, de la nef, du choeur, de la sacristie, se sont réparti sur "quelques" années... au moins jusqu'au milieu des années 1950, puisque Bruno me disait qu'il se souvenait y avoir travaillé avec un M. Saulnier, alors qu'il avait 14 ou 15 ans.

Ainsi est née la troisième génération d'église du Lac Ste-Thérèse, en partie grâce à Ernest Cantin, qui a utilisé son tracteur à chenille pour le déménagement, et qui a construit la fondation en pierre des champs pour y déposer l'église.

En réalité, c'était un effort communautaire. Toute la congrégation du Lac Ste-Thérèse y a travaillé fort non seulement pour la planification et le transport de cette église, mais aussi pour l'agrandissement, et la finition à l'intérieur. Lors de l'inauguration, l'église était plus de deux fois plus grande que lorsqu'elle était à Bradlo.

Salle de cinéma

Le sous-sol de l'église était utilisé comme salle communautaire, salle de cinéma. Vers la fin des années 1960, début 1970, je me souviens aller jouer du hockey balle dans ce sous-sol. Nous devions faire attention au poteaux!

Au milieu des années 1950, le dimanche, les salles de cinéma était fermées à Hearst -- ce n'était pas permit d'ouvrir. Donc, les dimanche soir, les gens de Hearst venaient au sous-sol de l'église du Lac Ste-Thérèse pour regarder des filmes.

Même si les photos du sous-sol ont été prises en 2022, nous pouvons voir par où les filmes étaient visionnées. Nous pouvons aussi imaginer que l'ouverture au côté droit de la photo donnerai sur la cuisine...

Nous avons une photo de l'église, en 1979. Le revêtement de cette photo était possiblement le même que celui de 1949 ou 1950.

Naturellement, tous les service religieux prenaient place à l'intérieur de cette église. Certains de ses services, tel la Communion Solennelle, ne se célèbrent plus en Amérique du Nord. Mais nous avons une photo (gracieuseté de Lucienne Levasseur), de Mgr. Lambert, avec Lucienne et Ange Aimée Levasseur, sur les marches de l'église, suivant la Communion Solennelle des soeurs Levasseur.

Eglise préservée

L'église d'aujourd'hui est une image de ce qu'elle était dans le milieu des années 1950. A part un nouveau revêtement extérieur et de la solidification de ses fondations, l'église n'a pas changé en plus de 65 ans...

Les photos suivantes, incluant les photos de l'intérieur, ont été prises en 2022. En 1999, l'église a été revêtue; le toit a été refait, et l'intérieur repeinturé. Des travaux pour solidifier et stabiliser sa fondation furent aussi faite.

Nous voyons le nouveau revêtement de l'église.

La maquette fut un présenté à l'abbé Fernand Villeneuve en cadeau. Faut dire que l'abbé Villeneuve a célébré sa permière messe dans cette église, en 1967; il fut ordonné prêtre à St-Pie X la journée précédente et voulait célébrer sa première messe avec sa famille, dans l'église où il a grandit.

Les marches de l'église sont originales. L'entrée n'a pas changée.

Dernièrement, pour commémorer le lien entre la communauté "perdue" de Bradlo, d'où vient l'église, et celle du Lac Ste-Thérèse, une plaque commémorant l'origine de cette église fut placée à la droite de la porte d'entrée de l'église. Sur la photo de gauche, la plaque est en partie bloquée par la porte qui est ouverte.

Naturellement l'intérieur de 2022 n'était pas exactement l'intérieur de 1949.

Par exemple, en 1949, comme mentionné ci-haut, l'église était la moitié de la grandeur de celle actuelle. Elle a été agrandie. Le plancher fut refait, ect.

Il n'y avait pas de jubé. D'après le récit de Pierre Cantin, Jean Baptiste Cantin et Maurice Bourgeois en ont été les architectes et les contructeurs du jubé.

De la photo du haut du jubé, vous remarquerez les tiges en métal qui vont d'un mur à l'autre. Ces tiges de métal sont attachées aux murs, pour les tenir solidement ensemble. C'était l'architecture du jour.

Au début, il n'y avait pas de bancs. On utilisait des chaises.

Les bancs sont arrivés quelques années plus tard (milieu des années 1950?).

Par contre, pour moi, depuis le milieu des années 1960, l'intérieur de l'église n'a pas changée. C'est essentiellement la même chose, exception changements mineures.

Un annecdote de Pierre Cantin concernant l'harmonium qui se trouvait jadis dans l'église: un des plus vieux des garçon Cantin, Thomas, était resté dans la région de Québec lorsque la famille a déménagée. Il était chez les Frères des Ecoles Chrétiennes à Ste-Foy, où il enseignait. Il connaisait bien la musique et plusieurs instruments.

Lors d'une visite au Lac Ste-Thérèse pour visiter la famille, lui et certains de ses frères sont allés voir deux harmoniums, désuaient, dans un vieux garage près de l'église. Ils ont conclus un marché avec le curé: s'ils pouvaient réparer les harmoniums, un irait dans l'église, et l'autre dans la maison des Cantin. Histoire courte: ils ont réparés les deux harmoniums. L'un d'entre eux est resté dans la maison de Pierre Cantin, au Lac Ste-Thérèse, pour plusieurs années.

Omer Cantin m'a envoyé ce récit de Pierre Cantin concernant les églises. Il en vaut la peine d'être lu.

Le restant des photos de l'intérieur de l'église sont les différentes statues exposées. Je les ai toujours vue dans l'église.

La dernière photo est celle d'un confessionat mobile. Donald Gratton, qui a grandit à deux pas de l'église, et qui est allé à l'école du village, me dit qu'il a vu ce confessionat à l'école; il était utilisé pour les confessions faites à l'école.

"Ma bébé fille"

Une autre annecdote. Cette fois personel, en se qui concerne ma famille, ma mère en particulier.

Quelques années après que l'église a été revêtue, le cimetière, laissé plus ou moins à lui-même pour plusieurs décénies, fut nettoyé. La plupart des tombes n'étaient plus démarquées. Le diocèse fut contacté, et la liste de personnes enterrées fut remise aux volontaires qui ont restaurés le cimetière. Plusieurs nouvelles croix furent plantées, commémorant les personnes enterrées.

J'ai deux soeurs enterrées dans ce cimetière. Et un cousin. Des mortalitées infantiles, relativement commun durant ces années: plusieurs des frères Cantin du Lac Ste-Thérèse en ont eu (Ernest: 2, Pierre: 1, François: 1).

Ma mère est décédée en août 2020, à quelques jours de ses 92 ans. Pendant ses dernières semaines à l'hôpital, elle était délirante. Une personne lui a donné un ourson, qui a fait ressortir des sentiments qu'elle gardait en elle pour près de 70 ans... Voici ce que j'ai écrit, sur Facebook, quelques semaines après son décès. Je le reproduit ici tel que je l'ai écrit, en septembre 2020 (en anglais):

The two sisters I never met.

I grew up 1.5 km from a small village. That village had a small church, which was brought there from a small abandoned Slovak Community 20 kms south (that was in 1950; my father was co-owner of the largest bulldozer around, a D7 Caterpillar. It was used to move that church to its current location).

That small church is now only used for two months a year (July and August), for the Sunday morning celebration. A few hundred meters away, there is a small cemetery.

That cemetery had been "neglected" until a few years ago (5?), when people started to mow the lawn, and added crosses (with dates, names) roughly where the people were buried. Old church records were used for information.

Some of the last people buried there are two sisters I have never met: one was born in 1951 and lived 10 days. The other died as she was born.

Mom never talked much about her two lost daughters. She would answer questions if we asked her. That was about it.

But last month, on her death bed, someone gave her a teddy bear. She called it "Carmen", the name of her first born. In the delusional state she was (she was under the influence of pain killers, including morphine), she would be confusing make-belief, reality, and hallucinations. But, as I was sitting with her at the hospital, even though she would not recognize me as who I was, she would hug that bear, call it her "baby daughter", and emotionally say that her baby daughter lived for three days, and that they both cried together for three days...

You see, although mom lost that daughter nearly 70 years ago, she was still enshrined in her memory. It was one of the last memories she shared with us (talking with my brothers and sister-in-laws, that was a common occurrence in the last couple of weeks of mom's life; even though she had "lost reality", her baby daughter was still with her...even though she might not recognize us).

They re-united last month...

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All this to say that if a mother loses a child at a very young age, even prematurely, the memory of that child will stay with the mother for the rest of her life. She might not talk about it much. It does not mean she forgot about it. In the case of mom, it seemed to be one of the last memories she had...

Suite à cet article, j'ai reçu quelques commentaires de cousins/cousines, qui se souviennent de cet évènement. Pour la plupart, étant très jeune, c'était leur première "expérience" avec la mort. Pour résumer certains des commentaires, surtout ceux d'Isidore, Rose-Aimée, et Thérèse:

  • mon père a fabriqué le cercueil lui-même, avec l'aide de sa soeur Marie (elle demeurait en face de chez lui). Isidore, trop jeune pour aller à l'école, s'en souvient bien. C'était dans la salle à diner. Il se souvient de voir ma soeur, dans une couchette, "dormir" (en réalité, elle était morte).
  • ma mère n'a pas assistée aux funérailles: elle était encore à l'hôpital.
  • ils m'ont tous dit que c'était très triste, et très touchant.

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Un merci spécial à Omer Cantin, Pierre Cantin, La Fondation Omer Cantin, Michel Papillon, Thérèse St-Jules, Bruno Germain, Ernie Bies, Rudy Bies, Donald Gratton, l'Ecomusée de Hearst, pour une grande partie de l'information et des photos pour cette article.


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